vendredi 22 décembre 2006

Refoulés de Suisse, menacés de mort au Kosovo, ils sont dans l’impasse


LIre l'article de Carole Pantet dans 24 heures
La coordination Asile Nord vaudois se bat pour la régularisation d’Abil, Lirje et leur fille Fiona. Elle fait signer des pétitions adressées au Conseil d’Etat.
« Pour nous la guerre dure encore. Nous ne sommes libres, ni ici, ni là-bas», sanglote Lirje Miftar dans son petit appartement yverdonnois. Fiona, 3 ans écarquille les yeux et regarde sa mère sans vraiment comprendre. Lirje s'excuse immédiatement pour ces larmes: «Je ne devrais pas, mais à chaque fois qu'on en parle, ça me stresse.»

Après avoir enduré les pires heures de la guerre repliés dans la montagne, Lirje et son époux Abil, tous deux albanais du Kosovo sont admis provisoirement en Suisse en 1999. Ils vivent quelque mois à Genève, où ils participent à une pièce de théâtre sur le thème de l'asile.

En avril 2000, lorsque la guerre se termine, ils retournent sans broncher dans leur village. Pour Abil, aucun doute, leur vie était là-bas. «J'y exerçais le métier de géomètre et nous avions une maison en construction», souligne-t-il avec fierté et dans un français bien maîtrisé. S'il retrouve rapidement du travail, les ennuis ne tardent pas à commencer.

Durant les combats, Abil avait caché un ami de la famille, un jeune Serbe déserteur. Ses compatriotes ne lui pardonneront pas cette solidarité «déplacée». Des insultes, puis des menaces de mort. La vie du couple devient impossible. Ils décident non sans déchirement de revenir en Suisse en 2002. Une procédure d'asile complète recommence. En vain. Ils seront déboutés.

Tout de même un soleil

Dans ce ciel obscur, un soleil. Après sept fausses couches et des années d'attente, Lirje donne naissance à Fiona. Mais la réalité les rattrape vite. Le premier plan de vol suit de peu l'heureux événement. Capturé par la police, Abil passera même une journée à la prison de Frambois avant d'être relâché. Depuis, il se cache, vivant le plus souvent loin de sa femme et de sa fille. «J'ai attendu si longtemps d'avoir un enfant et maintenant je dois vivre sans lui», regrette-t-il.

Le retour? «Impossible!» Ils sont catégoriques. Le Kosovo est petit, où qu'ils vivent la menace sera la même. Alors ils s'accrochent et veulent y croire encore. Pour les aider dans leur ultime démarche, la coordination Asile Nord vaudois fait signer ces jours à Yverdon une pétition adressée au Conseil d'Etat vaudois «pour que cette famille retrouve un minimum de dignité».
Des cas en suspens chez les «523»


Le combat acharné des différentes coordinations Asile vaudoises pour régulariser les «523» requérants déboutés semble désormais bien loin. Pourtant, tous les cas n'ont pas encore été réglés. La grande majorité des 146 dossiers déclarés «en attente» en juillet pour cause de recours n'ont pas encore reçu de réponse définitive. Les premières nouvelles semblent néanmoins plutôt bonnes. «C'est difficile d'articuler un chiffre précis, mais quatre permis F viendraient d'arriver», se réjouit Francine Sacco, de la Coordination Asile Nord vaudois. Mieux, parmi les protégés régionaux il ne reste désormais plus qu'une seule famille dans l'expectative.

Bien qu'épuisée, la coordination Asile n'a pas pour autant décidé de jeter l'éponge. Une quinzaine de membres défendent toujours une vingtaine de familles qui, bien que ne faisant par partie des «523», se trouvent dans des situations analogues. «Le combat est d'autant plus difficile que nous ne pouvons plus nous appuyer sur cet effet de groupe», conclut avec pessimisme Francine Sacco.

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