jeudi 21 décembre 2006

Méfiants, les députés précisent comment Vaud reconnaîtra ses dieux

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Rituelle ouverture des séances du Grand Conseil, l'appel à la bénédiction divine a rarement été aussi approprié qu'hier. On a même dû se bousculer au panthéon pour l'octroyer. Après les Eglises protestantes et catholiques, après le voisin israélite, les députés s'occupaient de toutes les autres religions. Enjeu: les conditions à remplir pour accéder au statut d'«intérêt public» que la Constitution leur ouvre.

Jusqu'où iront vos peurs?

Ce sera à peine moins dur qu'à un chameau de passer par le trou d'une aiguille. Suivant un Conseil d'Etat strict, la commission d'examen, présidée par le radical Christian Polin, s'est faite sévère. Droits de l'homme, libertés fondamentales, et en particulier interdiction de toute discrimination entre hommes et femmes devront être expressément reconnus par les requérants. «Jusqu'où iront vos peurs?» a interrogé le socialiste Pierre Zwahlen, musulman depuis onze ans, inquiet des «humiliations» préparées pour les autres croyances. En toute équité, il aurait aimé qu'on s'en tienne à exiger «le respect de l'ordre juridique et de la paix confessionnelle».

C'est que les vieilles croyances, celles qui ont temples, églises ou synagogues sur rues depuis longtemps, ne sont pas soumises à ces règles. De quoi choquer: «Comment exiger l'égalité quand les catholiques interdisent le mariage des prêtres et la prêtrise des femmes?» s'est étonné Olivier Forel (POP). «Les églises actuelles ne seraient pas reconnues, elles ne respectent pas les principes démocratiques», a noté la socialiste Michèle Gay-Valotton. «Ni l'armée, ni les entreprises ne sont démocratiques», a insisté Pierre Zwahlen.

Séparer l'ivraie

«Mais la constitution elle-même a voulu deux poids, deux mesures», a rappelé Jean-Claude Mermoud au nom du Conseil d'Etat. Et puis, séparer l'ivraie du bon grain a semblé essentiel à beaucoup: «Les minorités ne doivent pas pourrir la vie des majorités», a lancé l'UDC Jean-Marc Chollet, récusant tout «monopole de la crainte» en précisant: «Il n'y a pas que l'islam. Et les évangélistes, et les gourous, et les raëliens?» A supposer qu'ils veuillent un jour se prévaloir de «l'intérêt public», les voilà prévenus. Pour la présidente socialiste Josiane Aubert enfin, ces exigences «participent du combat féministe». Au vote, Pierre Zwahlen a été largement battu.

Les nouvelles religions auront quand même une liberté. Elles pourront dénigrer les agnostiques et autres mécréants. Laurent Baillif (soc) voulait l'empêcher, comme le sera la critique des autres religions. Il s'est fait rembarrer: «Pour toutes les églises, croire c'est distinguer entre les bons et les méchants», a lancé le libéral Jacques-André Haury.

Allons, même avec l'islam, une sainte alliance est possible.

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