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Un rapport dénonce le recours excessif à l’incarcération des Lex Blocher.
Trois mois et demi après l’acceptation des lois sur l’asile et les étrangers, le 24 septembre dernier, le Conseil fédéral a décidé hier de mettre le turbo. Dès janvier 2007, la durée maximale de la détention en vue d’expulsion passera d’un à deux ans pour les adultes, et à un an pour les mineurs (lire ci-contre).
Cette décision tombe au lendemain d’un rapport publié par la Commission de gestion du National concernant la protection de l’enfance et les mesures de contraintes. Selon ce document, 355 étrangers entre 15 et 17 ans ont été détenus en vue d’une expulsion, de 2002 à 2004. Dans la plupart des cas, il s’agit de demandeurs d’asile issus des Balkans ou de pays de l’Est. Près de la moitié des cas proviennent de Zurich. Une pratique en revanche interdite dans les cantons de Vaud et Genève.
Etonnés par l’ampleur de ce phénomène, les parlementaires s’inquiètent désormais des effets qu’aura le durcissement des mesures de contrainte sur ces mineurs.
Cantons pointés du doigt
Durée de détention trop longue, pas de séparation entre mineurs et adultes, assistance judiciaire mal garantie ou absence de mesures tutélaires pour mineurs non-accompagnés. Dans son rapport, la commission révèle de nombreux manquements à la Convention des droits de l’enfant, pourtant ratifiée par la Suisse. Pointés du doigt: les cantons. Ceux-ci sont en effet responsables de l’application des mesures de contrainte.
Et le coup d’accélérateur mis par le Conseil fédéral au durcissement des lois sur l’asile et les étrangers n’est pas pour rassurer. «Il est d’autant plus urgent que le gouvernement fasse pression sur les cantons pour qu’ils respectent enfin la Convention des droits de l’enfant», estime la conseillère saint-galloise Lucrezia Meier-Schatz (PDC/SG).
A l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), on accueille avec soulagement le rapport de la commission. Même s’il vient un peu tard. «Cela fait des années que nous tirons la sonnette d’alarme sur la question des mineurs détenus en vue d’expulsion, rapporte Yann Golay, porte-parole de l’organisation, l’expulsion de ces mineurs étant plus difficile, car nécessitant des mesures d’accompagnement, certains cantons préfèrent prolonger leur détention jusqu’à leur majorité. Leur renvoi devient alors plus facile»
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