Lire dans 24heures l'article de Vincent Bourquin
Le ministre de la Justice étudie la possibilité de porter plainte contre la TSR. Vives réactions dans le monde politique. Jusqu’à ses amis de l’UDC qui déplorent son manque d’humour.
Le chef du Département fédéral de justice et police étudie la possibilité de porter plainte contre la TSR. Vives réactions dans le monde politique.
Mix & Remix peut se réjouir. Même le Conseil fédéral parle de lui. Christoph Blocher a en effet informé hier ses collègues des caricatures diffusées durant l'émission Infrarouge de mardi soir ( 24 heures d'hier). Selon Oswald Sigg, le porte-parole du gouvernement, le chef du Département fédéral de justice et police (DFJP) réfléchit même au dépôt d'une plainte contre la Télévision suisse romande. Le Conseil suisse de la presse pourrait être saisi ou alors l'Autorité indépendante d'examen des plaintes en matière de radio-télévision. Mais selon Livio Zanolari, porte-parole du DFJP, aucune décision définitive n'a encore été prise.
Sous la Coupole fédérale, la colère de Christoph Blocher surprend. Même dans son propre camp. «Je suis étonné. D'habitude, il a le sens de l'humour et de l'autodérision. Cette réaction ne cadre pas avec la facilité qu'il a normalement à encaisser les coups», réagit le conseiller national UDC Oskar Freysinger qui ne cache d'ailleurs pas son admiration pour Mix & Remix: «C'est le meilleur caricaturiste de Suisse».
Coordinatrice romande de l'UDC, Gilberte Demont est une proche du conseiller fédéral. Elle aussi se dit surprise: «Moi je n'aurais pas réagi.» Et d'ajouter: «Notre parti prône la liberté d'expression.» Toutefois elle considère que la crédibilité d'un conseiller fédéral ne doit pas être attaquée. Et elle pense que si Silvia Blocher a réagi très vivement, c'est qu'elle n'a pas apprécié que son mari soit traité, par le biais des dessins de Mix & Remix de «raciste»: «Ce qu'il n'est absolument pas.».
«La Reine Silvia» est d'ailleurs au cœur de la polémique, puisque c'est elle qui a été la première à demander la non-diffusion de ces dessins. Selon un observateur averti de la scène fédérale, cette affaire prouverait que Christoph Blocher est un conseiller fédéral sous influence. «Il ne faut pas oublier que Silvia Blocher est au cœur de son dispositif depuis des années. C'est une dame de fer», affirme un élu démocrate-chrétien. Un radical se demande si Christoph Blocher ne tente pas simplement de jouer les victimes. Vice-président des radicaux suisses, Léonard Bender insiste: «Je suis un adversaire acharné de la censure.» Et de lancer tout sourire: «Touche pas mon pote.» Mix & Remix est en effet un de ses copains d'étude. Le président du PDC, Christophe Darbellay, réaffirme, lui, l'attachement de sa formation à la liberté d'expression.
«Blocher est un danger pour la démocratie»
Très sévère, le socialiste Christian Levrat: «Il ne faut pas sous-estimer cet incident. Je suis très inquiet de la dérive que prend notre culture démocratique.» Et selon le conseiller national fribourgeois, c'est la troisième fois que Christoph Blocher dérape dans cette campagne sur l'asile et les étrangers: «Il a voulu utiliser le viol commis à Rhäzüns en insistant sur l'origine des auteurs. Par ailleurs, il a sans cesse insisté sur le fait que Rolf Bloch (n.d.l.r.: l'industriel est membre du comité bourgeois pour le deux fois non) était juif. Et maintenant il y a cet épisode de la censure. Pascal Couchepin avait raison: Christoph Blocher est un danger pour la démocratie».
Le porte-parole du Département fédéral de justice et police, Livio Zanolari, rejette toutes ces attaques. Il considère que cet incident n'a rien à voir avec une volonté de censure ou un refus de la critique: «Il y a un problème de fond. Est-ce correct de diffuser des images ou des caricatures pendant qu'une personne parle sans que celle-ci ne les voie?» Pour lui, certains dessins de Mix & Remix avaient carrément une connotation raciste. «Les deux autres fois où Monsieur Blocher avait participé à cette émission, ces caricatures étaient de l'ironie fine. Mais pas cette fois.», affirme encore son porte-parole.
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