vendredi 25 août 2006

Réflexion de Mazyar Yosefi dans 24 heures

Dans sa rubrique "Réflexions", 24 Heures nous proposent celles de Mazyar Yosefi, sous le titre: "Pourquoi je participe à la Caravane " 2×NON "

Plus l’échéance des vota­tions sur les lois contre l’asile et les étrangers s’approche, plus le débat prend une tournure émotionnelle. Les réactions suscitées par l’étape à Vallorbe de la Caravane2×Non en témoignent. Ces émotions ne doivent pas obscurcir le débat de fond. Les partisans de ces deux lois nous promettent une Suisse «plus sûre», avec moins de requérants et d’étrangers. Quelles sont les réalités actuel­les, avant même que ces lois soient adoptées ou rejetées?Environ 1,5 million d’étran­gers vivent en Suisse, soit 20% de la population. Fin 2004, sur 1 495 008 étrangers, 57,9% pro­viennent des pays de l’Union européenne et 42,1% des pays du reste du monde. En 2005, on compte en Suisse 23 687 réfu­giés et une baisse de 29,4% du nombre de demandeurs d’asile par rapport à l’année précé­dente.Etant d’origine persane, je suis arrivé en Suisse à 18 ans pour y rejoindre mes parents qui y vivaient depuis plus de trois ans. La nouvelle loi contre les étrangers m’aurait probable­ment été appliquée, si elle avait été déjà en vigueur ilya12ans, dès lors que le regroupement familial n’est en principe plus possible pour les enfants âgés de plus de 12 ans. Les partisans de ces lois prétendent qu’il faut faire venir les enfants jeunes, pour faciliter leur intégration, sinon ils rencontreraient des dif­ficultés plus tard. Je vis ici depuis l’âge de 18 ans et peux parler d’expérience: c’est totalement faux! Les risques en­courus du fait d’arriver en Suisse à 18 ans sont bien moindres que ceux liés à l’absence des parents durant l’adolescence. Les plaies provoquées par la séparation dans une telle période ne se cicatrisent pas facilement et les blessures liées à l’éloignement restent ouvertes des années plus tard, tant pour les enfants que pour les parents. Dans la loi sur l’acquisition de la nationalité suisse, le temps passé en Suisse entre 10 et 20 ans compte dou­ble pour la naturalisation, préci­sément parce que, jusqu’à 20 ans, l’intégration se fait plus facilement à travers la scolarité, la formation, les relations ami­cales et affectives. Rendre im­possible le regroupement fami­lial pour des enfants à partir de 12 ans est en contradiction fla­grante avec ce constat. Un en­fant de 13 ans ne peut pas vivre sans ses parents et être consi­déré comme un adulte!L’exercice du droit de vote et d’éligibilité pour les étrangers sur le plan communal démontre que l’intégration passe par la reconnaissance de l’égalité des droits, contrairement à ces deux lois.La peur de l’étranger est très souvent liée à une méconnais­sance de l’autre. Une fois le pre­mier contact établi, le regard sur l’autre change radicalement: l’étranger devient un ami, un voisin sympathique, un collègue de travail solidaire. A l’inverse, ces deux lois iniques nourrissent fortement les préjugés et renfor­cent les peurs.Un autre aspect de la loi est l’intervention de la police chez les requérants, rendue possible à tout moment sans besoin de mandat du juge; la Suisse, dépositaire des conventions de Genève, des droits de l’Homme peut­elle accepter un tel abus dans ses propres lois?Enfin, ces deux lois contri­buent à fabriquer des sans-pa­piers. Ils sont déjà plus de 100 000 en Suisse. Ils sont ici et travaillent souvent très dur dans des secteurs de services. En ren­dant impossible l’obtention d’une autorisation de séjour pour ces travailleurs sans statut légal, parce que non ressortis­sants d’un pays de l’Union euro­péenne, ces deux lois ne tien­nent absolument pas compte des réalités économiques!Dire 2 × non le 24 septembre, une nécessité pour construire tous, ensemble, une société res­pectueuse des droits de chacun!

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