vendredi 28 juillet 2006

Solongo contre Stanley Van Tha. Qui va gagner le 24 septembre?

Lire l'article de Vincent Bourquin dans 24 Heures

Les deux camps mettent en avant des cas individuels pour gagner lors des votations de cet automne.
Solongo. Ce prénom a défrayé la chronique en Suisse alémanique. Défenseurs et adversaires de la révision de la loi sur l’asile se sont affrontés. Tout comme deux des journaux phares outre Sarine: le Sonn­tagsBlick et la Weltwoche.
L’histoire? Elle débute le 4 juin. Un journaliste du SonntagsBlick raconte l’aventure d’une jeune Mon­gole de 17 ans, Solongo Chin­bat. Orpheline, elle est em­prisonnée à Coire en vue d’être renvoyée chez elle. In­formée, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) demande la reconsidération de ce cas: «Les autorités l’ont toujours considérée comme une mineure non-accompa­gnée. Mais elles n’avaient pas effectué de recherches pour voir qui pouvait s’occuper d’elle une fois rentrée en Mongolie. C’est une violation claire de la jurisprudence de la CRA (n.d.l.r.: commission de recours en matière d’asile)», affirme Jürg Scher­tenleib, porte-parole de l’OSAR. Mais l’histoire de l’orpheline s’est soudain ef­fondrée. Il s’est avéré qu’elle avait menti sur son âge, sur sa situation familiale et com­mis des délits. Jürg Scherten­leib le reconnaît: cette jeune femme a voulu abuser de la situation. Une fois la vérité connue, les adeptes d’un dur­cissement de l’asile se sont, à leur tour, emparés de l’his­toire. Dont l’UDC et son re­lais la Weltwoche. Dans le service de presse du parti, le porte-parole Roman Jäggi «récupère» cette affaire: «Aujourd’hui, alors que toute la Suisse sait que So­longo n’est qu’une menteuse, elle est le symbole des mil­liers de personnes qui vio­lent chaque année la législa­tion suisse sur l’asile en ten­tant d’abuser grossièrement de la tradition humanitaire de notre pays». Des argu­ments qui seront repris tout au long de la campagne de l’UDC.

Birman expulsé
En dépit de cette affaire, le porte-parole de l’OSAR per­siste et signe: malgré les ris­ques de dérapage, il est im­portant de personnaliser l’asile: «Dès que la popula­tion connaît un requérant, elle est beaucoup plus sensi­ble à cette question.» D’ailleurs, du côté des ad­versaires de la loi, un person­nage sera au centre de la campagne: Stanley Van Tha (Lire 24 heures du 27 fé­vrier). Expulsé de Suisse en avril 2004, il a été condamné à 19 ans de prison par la junte militaire de Rangoon. «Nous recourons aux cas in­dividuels pour montrer les erreurs commises par les autorités suisses. Des erreurs qui vont se multiplier si la nouvelle loi est acceptée, car les dossiers ne seront plus étudiés en profondeur», dé­clare Denise Graf, responsa­ble des questions asile auprès de la Section suisse d’Amnesty International. Mais n’y a-t-il pas un risque de revivre l’épisode Solongo? «Stanley van Tha a été arrêté dès son retour et condamné pour son engagement politi­que. La situation est donc parfaitement claire. D’ailleurs Christoph Blocher, lui-même, a reconnu que son renvoi était une erreur», in­siste Denise Graf.

«Ne pas caricaturer»
Co-président du comité ra­dical pour un double oui aux lois sur l’asile et les étran­gers, Léonard Bender refuse «de manger de ce pain-là». Il dénonce ces pratiques de personnalisation: «On ne doit pas caricaturer le débat. Certes l’arbitraire et les abus existent, mais la campagne ne doit pas se limiter à cela.»

VINCENT BOURQUIN
BERNE

A ce propos, il est possible de lire le communiqué de presse de l'OSAR (en allemand), concernant Solongo Chinbat et de revenir sur l'histoire de Stanley Van Tha en lisant les articles qui lui sont consacrés dans ce blog:
-Expulsé! l'incroyable histoire de Stanley Van Tha: un article sur le film documentaire éponyme, qui revient sur la plus grosse bavure de l'ODM et qu'il est possible de commander par mail auprès d'Amnesty International.

2 commentaires:

Jack a dit…

La plus grosse bavure ? Y en a-t-il eu d'autres qui pourraient être citées en exemple ?

Anonyme a dit…

Cette bavure a été médiatisée, mais n'y en a-t-il aucune qu'on ignore? Je doute.