Pour nous rappeler que le Liban n'est décidément pas si loin, il est bon de lire dans 24 Heures le témoignage de Nida, un Lausannois parti à Beyrouth rechercher ses parents.
Nida, aime le cinéma.
Insomniaque, il occupe ses longues nuits à regarder des documentaires. Mais là, depuis le début des bombardements sur Beyrouth, ses veilles sont de toute autre nature. Ce Lausannois d’adoption s’inquiète pour ses parents qui résident dans un vénérable immeuble d’Achrafieh, le quartier chrétien de Beyrouth. Il avait été mis à l’abri en Suisse par son père en 1975. Aujourd’hui, c’est lui qui sort sa famille de Beyrouth bombardée.
«J’étais à Bâle, quand j’ai compris que c’était reparti pour une guerre au Liban, raconte Nida, sur le pont du Iera Petra qui le conduit de Larnaca dans sa ville natale.
J’ai pris un train pour Paris et lorsque je suis arrivé à l’aéroport, tout était fermé.
Même le McDo. J’étais épuisé, sans valise et j’avais faim. J’ai raconté mon histoire à une nettoyeuse black qui a convaincu un employé de me donner un cheeseburger. Et là tout s’est enchaîné. J’ai pris un avion du Club Med pour Chypre. Mon aventure les a touchés et j’ai eu un billet facile.» Arrivé à Larnaca, Nida erre sur le port. Sans avoir dormi une minute, il cherche un moyen d’embarquer à bord d’un bateau. Avec ses airs de petit garçon quémandant des bonbons, il finit par amadouer un officier français. Une solution est enfin trouvée. On lui dégote une place à bord du ferry grec assurant la liaison humanitaire. Epuisé, il se laisse tomber sur le lit douteux d’un hôtel du port chypriote où la misère des femmes de l’Est se découvre derrière de lourds rideaux rouges sales. Nida est écoeuré, toujours sensible aux malheurs du monde. Mais il n’a peur de rien, il fonce, étranger à l’inconfort et à la fatigue.
«Lorsque j’étais enfant, mes parents m’ont sorti de la guerre à Beyrouth, raconte Nida en remontant les escaliers de Gemmazyeh, le vieux quartier du port de la capitale libanaise. Ils m’ont conduit à Lausanne, avec mes frères. Nous sommes descendus à l’Hôtel de la Paix. Le lendemain, papa nous a conduit aux Jouets Weber et il nous a dit: prenez tout ce que vous voulez! Aujourd’hui, c’est à mon tour de les sortir de la guerre.» Etonnant Nida, si fier et amoureux de son épouse qui vient de lui donner un fils dont il montre la photo à tous ses amis retrouvés de Beyrouth. Nida, dont l’ouïe fut abîmée par de fréquents retours dans son Liban où tonnait le canon. Là, à 19 ans, il crut à la lutte par les armes. Un combat vite abandonné au nom d’un bel humanisme que cet homme cultive dans tous ses gestes, dans toutes ses paroles.
Hier matin, à huit heures précises, Nida, son frère qui souffre de problèmes de santé, et ses parents sont montés dans le taxi. Il y avait le problème du chat. «Ils n’en veulent pas sur le bateau. Mais j’ai trouvé une solution. On ne l’abandonnera pas ici.» Nida n’a toujours pas dormi.
Il transpire dans sa chemise blanche ouverte. Mais il a le sourire de celui qui «a fait tout juste». Il dormira à Lausanne. «Quand je saurai les miens à l’abri.»
N. V.
Nida, aime le cinéma.
Insomniaque, il occupe ses longues nuits à regarder des documentaires. Mais là, depuis le début des bombardements sur Beyrouth, ses veilles sont de toute autre nature. Ce Lausannois d’adoption s’inquiète pour ses parents qui résident dans un vénérable immeuble d’Achrafieh, le quartier chrétien de Beyrouth. Il avait été mis à l’abri en Suisse par son père en 1975. Aujourd’hui, c’est lui qui sort sa famille de Beyrouth bombardée.
«J’étais à Bâle, quand j’ai compris que c’était reparti pour une guerre au Liban, raconte Nida, sur le pont du Iera Petra qui le conduit de Larnaca dans sa ville natale.
J’ai pris un train pour Paris et lorsque je suis arrivé à l’aéroport, tout était fermé.
Même le McDo. J’étais épuisé, sans valise et j’avais faim. J’ai raconté mon histoire à une nettoyeuse black qui a convaincu un employé de me donner un cheeseburger. Et là tout s’est enchaîné. J’ai pris un avion du Club Med pour Chypre. Mon aventure les a touchés et j’ai eu un billet facile.» Arrivé à Larnaca, Nida erre sur le port. Sans avoir dormi une minute, il cherche un moyen d’embarquer à bord d’un bateau. Avec ses airs de petit garçon quémandant des bonbons, il finit par amadouer un officier français. Une solution est enfin trouvée. On lui dégote une place à bord du ferry grec assurant la liaison humanitaire. Epuisé, il se laisse tomber sur le lit douteux d’un hôtel du port chypriote où la misère des femmes de l’Est se découvre derrière de lourds rideaux rouges sales. Nida est écoeuré, toujours sensible aux malheurs du monde. Mais il n’a peur de rien, il fonce, étranger à l’inconfort et à la fatigue.
«Lorsque j’étais enfant, mes parents m’ont sorti de la guerre à Beyrouth, raconte Nida en remontant les escaliers de Gemmazyeh, le vieux quartier du port de la capitale libanaise. Ils m’ont conduit à Lausanne, avec mes frères. Nous sommes descendus à l’Hôtel de la Paix. Le lendemain, papa nous a conduit aux Jouets Weber et il nous a dit: prenez tout ce que vous voulez! Aujourd’hui, c’est à mon tour de les sortir de la guerre.» Etonnant Nida, si fier et amoureux de son épouse qui vient de lui donner un fils dont il montre la photo à tous ses amis retrouvés de Beyrouth. Nida, dont l’ouïe fut abîmée par de fréquents retours dans son Liban où tonnait le canon. Là, à 19 ans, il crut à la lutte par les armes. Un combat vite abandonné au nom d’un bel humanisme que cet homme cultive dans tous ses gestes, dans toutes ses paroles.
Hier matin, à huit heures précises, Nida, son frère qui souffre de problèmes de santé, et ses parents sont montés dans le taxi. Il y avait le problème du chat. «Ils n’en veulent pas sur le bateau. Mais j’ai trouvé une solution. On ne l’abandonnera pas ici.» Nida n’a toujours pas dormi.
Il transpire dans sa chemise blanche ouverte. Mais il a le sourire de celui qui «a fait tout juste». Il dormira à Lausanne. «Quand je saurai les miens à l’abri.»
N. V.
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