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Pour Jean-Claude Mermoud, le canton est sorti de la crise des «523» parce qu’il a retrouvé sa crédibilité en restant ferme. La réalité est plus complexe.
L’ histoire retiendra qu’un magistrat UDC a convaincu un conseiller fédéral UDC de mettre un terme au dossier des «523». Et l’image de Jean-Claude Mermoud aux yeux de l’opinion publique sera celle d’un conseiller d’Etat à la rigueur gagnante. Mais derrière le magistrat se cache un homme plus tiraillé qu’il a bien voulu le laisser paraître.
«Plus ouvert qu’on ne pouvait le croire»
Tous ceux qui l’ont côtoyé dans ces deux ans de crise le disent, même ses détracteurs. Jean-Claude Mermoud a tenu une ligne, celle de son parti tant qu’il a pu, martelant que le canton n’avait aucun moyen d’infléchir les décisions de Berne. Mais il a aussi pris acte de la situation politique et du drame que vivaient les familles. «C’est quelqu’un qui se préoccupe des gens et qui a toujours été conscient des difficultés des personnes concernées», dit Antoine Reymond, porte-parole du Conseil synodal de l’Eglise évangélique réformée vaudoise. Le député socialiste Roger Saugy partage le même sentiment et parle «d’un homme plus ouvert qu’on ne pouvait le croire, pas le grand méchant loup décrit».
Reste que cet homme tiraillé a mis du temps pour admettre que sa ligne initiale ne permettrait pas de sortir de la crise. Reprenant le dossier de Pierre Chiffelle et attendu au virage en raison de son étiquette UDC, Jean-Claude Mermoud a dans un premier temps été «obligé de faire une rupture politique», dit Antoine Reymond. Pendant plusieurs mois, il s’est enfermé dans cette position. «Jean Claude Mermoud a tendance à n’en faire qu’à sa tête», note la radicale Doris Cohen-Dumani. Ce n’est que sous la forte pression de l’opinion publique, et surtout du Parlement, que de premières ouvertures ont été constatées. Quand il a vu que les partis de droite commençaient à infléchir leur position cet hiver, il a changé de ligne, même si le discours tenu publiquement restait empreint de fermeté. Fermeté dans le discours, souplesse dans les faits? Vice-présidente des socialistes, Cesla Amarelle regrette cette double face, estimant «qu’il s’est beaucoup contredit». «La méthode Mermoud, c’est beaucoup d’effets d’annonce et de perte de temps», remarque la socialiste qui va jusqu’à dire que ce n’est pas lui qui a joué le rôle décisif pour résoudre le problème. «Sur le plan juridique, techniquement, c’est Anne-Catherine Lyon qui a pris ses responsabilités. Politiquement, l’ouverture est venue de Pascal Broulis, conscient qu’il fallait tenter quelque chose après l’adoption par le Parlement du décret Melly».
«Soulagement»
Isolé, lâché par plusieurs radicaux et libéraux, Jean-Claude Mermoud a compris qu’il n’avait pas d’autres solutions que de rediscuter avec Berne. Le magistrat ne l’a cependant pas fait à contrecoeur, cela lui est d’ailleurs crédité. «On a senti un très grand soulagement chez lui quand il a vu qu’il y avait un large consensus pour aller renégocier », note Antoine Reymond. Son changement d’attitude a été très perceptible, une fois dissipée la colère d’avoir été battu au Parlement. «Il est clair qu’il était très important pour lui d’obtenir un succès», juge Denis Graf, d’Amnesty International.
Même Claude Ruey, dont les divergences de fond sur l’asile avec Jean-Claude Mermoud sont connues, dit avoir admiré «qu’il soit resté calme durant toute la crise, qu’il n’ait pas dérapé, malgré la pression terrible sur ses épaules». Compliment formulé autrement par Roger Saugy qui évoque «un homme solide dans ses bottes, plus clair que certains autres conseillers d’Etat».
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