samedi 8 juillet 2006

Jean-Claude Mermoud un homme tiraillé

Lire l'article de Michel Pont dans 24heures:
Pour Jean-Claude Mermoud, le canton est sorti de la crise des «523» parce qu’il a retrouvé sa crédibilité en restant ferme. La réalité est plus complexe.
L’
histoire retiendra qu’un magistrat UDC a con­vaincu un conseiller fé­déral UDC de mettre un terme au dossier des «523». Et l’image de Jean-Claude Mermoud aux yeux de l’opinion publique sera celle d’un conseiller d’Etat à la rigueur gagnante. Mais derrière le magistrat se cache un homme plus tiraillé qu’il a bien voulu le laisser paraître.
«Plus ouvert qu’on ne pouvait le croire»

Tous ceux qui l’ont côtoyé dans ces deux ans de crise le disent, même ses détracteurs. Jean-Claude Mermoud a tenu une ligne, celle de son parti tant qu’il a pu, martelant que le canton n’avait aucun moyen d’infléchir les décisions de Berne. Mais il a aussi pris acte de la situation politique et du drame que vivaient les familles. «C’est quelqu’un qui se préoc­cupe des gens et qui a toujours été conscient des difficultés des
personnes concernées», dit An­toine Reymond, porte-parole du Conseil synodal de l’Eglise évangélique réformée vaudoise. Le député socialiste Roger Saugy partage le même senti­ment et parle «d’un homme plus ouvert qu’on ne pouvait le croire, pas le grand méchant loup décrit».
Reste que cet homme tiraillé a mis du temps pour admettre que sa ligne initiale ne permet­trait
pas de sortir de la crise. Reprenant le dossier de Pierre Chiffelle et attendu au virage en raison de son étiquette UDC, Jean-Claude Mermoud a dans un premier temps été «obligé de faire une rupture politique», dit Antoine Reymond. Pendant plusieurs mois, il s’est enfermé dans cette position. «Jean­ Claude Mermoud a tendance à n’en faire qu’à sa tête», note la radicale Doris Cohen-Dumani. Ce n’est que sous la forte pres­sion de l’opinion publique, et surtout du Parlement, que de premières ouvertures ont été constatées. Quand il a vu que les partis de droite commen­çaient à infléchir leur position cet hiver, il a changé de ligne, même si le discours tenu publi­quement restait empreint de fermeté. Fermeté dans le dis­cours, souplesse dans les faits? Vice-présidente des socialistes, Cesla Amarelle regrette cette double face, estimant «qu’il s’est beaucoup contredit». «La méthode Mermoud, c’est beau­coup d’effets d’annonce et de perte de temps», remarque la socialiste qui va jusqu’à dire que ce n’est pas lui qui a joué le rôle décisif pour résoudre le problème. «Sur le plan juridi­que, techniquement, c’est Anne-Catherine Lyon qui a pris ses responsabilités. Politique­ment, l’ouverture est venue de Pascal Broulis, conscient qu’il fallait tenter quelque chose après l’adoption par le Parle­ment du décret Melly».
«Soulagement»

Isolé, lâché par plusieurs radi­caux et libéraux, Jean-Claude Mermoud a compris qu’il n’avait pas d’autres solutions que de rediscuter avec Berne. Le magis­trat ne l’a cependant pas fait à contrecoeur, cela lui est d’ailleurs crédité. «On a senti un très grand soulagement chez lui quand il a vu qu’il y avait un large consensus pour aller rené­gocier », note Antoine Reymond. Son changement d’attitude a été très perceptible, une fois dissipée la colère d’avoir été battu au Parlement. «Il est clair qu’il était très important pour lui d’obtenir un succès», juge Denis Graf, d’Amnesty Interna­tional.
Même Claude Ruey, dont les divergences de fond sur l’asile avec Jean-Claude Mermoud sont connues, dit avoir admiré «qu’il soit resté calme durant toute la crise, qu’il n’ait pas dérapé, malgré la pression terri­ble sur ses épaules». Compli­ment formulé autrement par Roger Saugy qui évoque «un homme solide dans ses bottes, plus clair que certains autres conseillers d’Etat».

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