lundi 30 janvier 2006

Rita Verdonk la ministre qui dépeuple les Pays-Bas



Nous en avions déjà parlé à plusieurs reprise dans ce blog et ce matin, c'est dans 24heures que Rita Verdonk (dont la politique inspire notre propre Blocher) a l'honneur de la presse. Voici l'article de Sabine Cessou:

Rita Verdonk, la ministre néerlandaise de l’Intégration, a proposé un code de conduite qui demande aux étrangers de parler néerlandais dans les lieux publics. Ce faisant, elle a renforcé un malaise qui pousse de plus en plus d’immigrés — et de Néerlandais modérés — à quitter le pays.

Jamais, depuis 1954, les Pays-Bas n’avaient été un pays de si forte émigration. En 2005, 110 250 résidents ont quitté le pays des polders, alors que 91 000 nouveaux immigrants s’y sont installés. Signe particu­lier de cette nouvelle vague mi­gratoire: la moitié des candidats au départ ne sont pas des Néer­landais. Selon les statistiques offi­cielles, 4000 Turcs, 4000 Antillais et 2600 Marocains sont repartis dans leur pays d’origine en 2004. «Partir, c’est la grande discus­sion du moment, confirme Abou Menebhi, à la tête d’Emcemo, l’une des principales associations marocaines d’Amsterdam. Même les jeunes qui sont nés ici et qui ont de bons diplômes n’ont plus que cette idée en tête.» Le chô­mage, qui frappe 27% des actifs dans la communauté marocaine contre une moyenne nationale de 6,3%, n’explique pas tout. «Dans la vie quotidienne, à la télévision, le climat s’est dégradé, poursuit Abou Menebhi. De nouvelles me­sures sont sans cesse annoncées par Rita Verdonk, la ministre de l’Intégration, explicitement diri­gées contre les étrangers.» Depuis sa nomination, en 2003 dans l’actuel gouvernement de centre-droit, Rita Verdonk, 50 ans, a multiplié les tours de vis. Après avoir annoncé l’expulsion de 26 000 déboutés du droit d’asile, cette ancienne directrice de prison, membre du Parti libé­ral (VVD), s’est employée à frei­ner l’immigration.
A partir du 1er mars, les de­mandeurs de visas à longue du­rée pour les Pays-Bas devront ainsi passer un test payant de langue et de culture néerlandaise dans leur pays d’origine. Tous les étrangers arrivés après 1975 aux Pays-Bas devront se plier, eux aussi, à des examens de «citoyen­neté ». Les personnes naturali­sées, elles, devront prêter un «serment de solidarité» à leur nouvelle patrie, à partir du 1er octobre 2006, au cours d’une cérémonie officielle de remise de leur passeport. Dernier projet an­noncé: un code de conduite à destination des étrangers, leur demandant entre autres de par­ler néerlandais dans les lieux pu­blics.

«Rita de fer»

Toutes ces mesures ont nourri un sentiment d’exclusion. Un profond ressentiment antimaro­cain s’est manifesté après le meurtre du cinéaste Théo van Gogh par un jeune islamiste néerlando-marocain, le 2 no­vembre 2004. Le rejet, cepen­dant, paraît plus durement res­senti dans les communautés noi­res. Selon une étude publiée en août dernier par le bureau d’étu­des Intelligence Group, de plus en plus d’Antillais (78%) et de Surinamais (53%) âgés de 15 à 35 ans estiment appartenir à la catégorie des «étrangers» plutôt qu’à celle des «Néerlandais».
De son côté, Rita Verdonk a vu sa politique payer: sa cote de popularité n’a fait qu’augmenter, atteignant 57% d’opinions positi­ves dans les sondages. Surnom­mée «Rita de fer», la ministre de l’Intégration incarne le glisse­ment à droite qui s’est produit aux Pays-Bas après les attentats du 11 septembre 2001. La minis­tre a d’ailleurs admis avoir em­prunté à la droite populiste, qui gère la ville de Rotterdam, sa nouvelle idée d’un code de con­duite pour les étrangers.

Rita Verdonk a admis avoir emprunté à la droite populiste, qui gère Rotterdam, son idée d’un code de conduite pour les étrangers.
Code de conduite pour les étrangers
Rita Verdonk voudrait, autant que possible, ne plus entendre parler que le néerlandais dans les rues de son pays. En annonçant son projet d’imposer un code de conduite aux étrangers, elle a précisé vouloir «clarifier» ce qui est attendu des autochtones: qu’ils parlent la langue nationale et qu’ils respectent des valeurs «de base» de la société néerlandaise, telles que l’égalité homme-femme et le principe de non-discrimination.
A la radio, la ministre s’est expliquée: «J’entends souvent les autochtones dire: «Si vous vous êtes installés aux Pays-Bas, vous devez parler néerlandais, point final.» Une idée qu’elle a qualifiée de «libérale», dans la mesure où son parti veut que les Néerlandais se sentent «en sécurité». «Les gens se sentent unheimisch (n.d.r.l.: «ne se sentent pas chez eux» en allemand) quand ils entendent une langue étrangère dans la rue», a-t-elle poursuivi, quitte à se voir reprocher par le quotidien De Volkskrant de ne pas avoir trouvé de mot néerlandais pour décrire cette angoisse… Avec son projet, Rita Verdonk a provoqué un tollé. Jugée «ridicule» par les Verts, son idée a été contestée jusque dans les rangs de son propre parti. Mais Rita Verdonk n’en démord pas.
Des experts vont plancher sur ce projet, a-t-elle annoncé.

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