Lu dans le Courrier des lecteurs du Temps
L'Office fédéral des migrations (ODM) triomphe. Le nombre de demandes d'asile déposées en Suisse en 2005 a diminué de 29,4% par rapport à 2004 (Le Temps du 20 janvier). Il s'établit à 10061, chiffre le plus bas depuis 1986. Un recul plus marqué que dans la plupart des autres pays européens. Grâce, nous dit l'ODM, à «la suppression de l'aide sociale pour les personnes frappées d'une décision de non entrée en matière, à l'accélération de la procédure et à une politique résolue de renvoi des requérants déboutés».
L'an dernier, la Suisse se vantait de figurer parmi les pays ayant récolté le plus de dons, par habitant, en faveur des victimes du tsunami. On passe du triomphe de la générosité à celui de la dureté de cœur et de la pingrerie. Quel triomphe!
L'Office des migrations apparaît comme soulagé. Face à cette calamité que représentent, aux yeux des autorités et d'une partie de l'opinion, les requérants d'asile, la dissuasion fonctionne. Que cette politique entraîne d'énormes souffrances, peu nous chaut!
On soulignera que les fluctuations du nombre de demandes d'asile sont provoquées par divers facteurs (entre autres l'intensité des conflits et leur localisation) et non seulement par les crocs acérés de l'Office des migrations. Celui-ci se félicite encore de la hausse du taux d'octroi de l'asile (de 9,2% en 2004 à 13,6% en 2005). Selon lui, cette progression «montre que les personnes persécutées [...] peuvent toujours compter sur la protection de la Suisse». Si le taux s'élève, c'est parce que les «faux réfugiés» n'osent plus se présenter, nous est-il ainsi dit implicitement. [...]
Le taux d'acceptation dépend beaucoup du regard avec lequel les demandes sont examinées. Il pourrait s'élever encore bien davantage si ce regard était moins impitoyable.
Michel Bavarel (Meyrin)
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