samedi 24 décembre 2005

Hélène Küng, l'aumônière des requérants


Dans 24heures du 24 décembre, se trouve cette présentation d'Hélène Küng, l'aumônière de la CERA à Vallorbe.
Elle est sur tous les fronts quand il s’agit de défendre le droit d’asile. Sur son vélo chargé d’une caisse de banderoles, la pasteure Küng pédale dans les rues lau­sannoises, d’une assemblée à une manifestation.
Mardi dernier, elle jouait un Roi mage au sein d’une crèche vivante mise sur pied à la Ri­ponne avec la Coordination Asile. Il s’agissait, une fois en­core, de sensibiliser les élus et la population au sort des requé­rants déboutés. «Ce qui choque pour Marie et Joseph choque aussi pour les requérants», disent les pancartes. Hélène Küng re­garde les députés droit dans les yeux. L’air doux, mais pas dupe, avec un sens aigu de la repartie.
S’engager aux côtés des réfu­giés est une évidence pour cette pasteure qui a vécu six ans au Rwanda, puis s’est mobilisée pour les femmes bosniaques et les demandeurs d’asile pendant la guerre en ex-Yougoslavie.
«Chrétienne de gauche.» C’est sous cette bannière qu’Hélène Küng, 48 ans, allie foi et engage­ment militant. «Quand j’étais étudiante, je fréquentais déjà beaucoup les milieux de gauche, des Magasins du Monde à Am­nesty International. J’étais plus souvent avec les militants qu’à l’église!» rit-elle. Aujourd’hui, elle occupe un poste à mi-temps d’aumônière au Centre fédéral d’enregistrement pour requé­rants d’asile à Vallorbe et multi­plie les activités bénévoles. «Même si la religion ne peut se réduire à un courant politique, Dieu est plutôt avec les faibles que du côté des puissants. Le message de l’Evangile est claire­ment antidiscriminatoire.»
Sa famille, son moteur
Malgré les lettres anonymes qui lui reprochent d’en faire trop pour les étrangers, Hélène Küng, pourtant émotive, n’en démord pas. Son mari — lui aussi pasteur — et ses quatre enfants (adoles­cents et adultes) sont des mo­teurs. «On se croise à certains repas, et on refait le monde à des heures tardives. Il n’y a pas de reproches, plutôt des taquine­ries », sourit-elle.
Etre femme pasteur? «Je n’ai pas reçu beaucoup de remarques machistes. Il faut dire que nous étions déjà un quart d’étudiantes en Faculté de théologie. Mais je me considère féministe. Trop de mes soeurs sont victimes de dis­criminations dans l’Eglise, la po- litique ou ailleurs.» L’arme paci­fique d’Hélène Küng, c’est le verbe et la mise en scène. «J’aime prêcher, et le faire de façon originale. Ça fait partie de notre métier de troubadour. Les pasteurs, nous sommes des pas­seurs de parole, entre l’artiste de foire et le poète. Le but est d’intéresser les gens et de les déculpabiliser!» En cette fin d’année, Hélène Küng ressent la fatigue de longs mois de mobilisation pour l’asile. «Je dois mettre un coup de frein. Je vais essayer de faire moins de choses, mais mieux.» L’hyperac­tive a même trouvé le temps de publier Un jour à ne pas man­quer et autres contes de Noël.
Inspirées de la Bible et nourries par l’actualité, ses histoires mon­trent, avec humour parfois, que Noël peut s’écrire dans des cli­mats de violence. Que c’est une fête de l’espoir. «Noël, ce n’est pas qu’une histoire de flocons, de cannelle et de petits rennes!» lâche la pasteure dans un clin d’oeil, enfourchant son vélo en route vers une nouvelle bataille solidaire.

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