Voici l'éditorial de Raymond Gremaud dans le Journal du Jura.
Vente d'enfants pour le travail forcé ou les réseaux pédophiles, prostitution, prélèvement d'organes sur les humains, migrants victimes de passeurs, la traite des êtres humains, c'est tout cela et pire encore. Phénomènes des plus préoccupants sur la planète, ces trafics illégaux génèrent des chiffres d'affaires gigantesques. Ainsi, et pour ne prendre qu'un seul exemple, l'Organisation internationale pour les migrants chiffre-t-elle à quelque 9 milliards d'euros par année celui du trafic des migrants. Selon l'Université de Neuchâtel, les 174 requérants d'asile interrogés dans le cadre de son enquête sur les migrations ont tous bénéficié des services de passeurs. Cela laisse supposer des trafics de migrants monumentaux. Et le paysage est tout aussi inquiétant s'agissant de la traite des femmes. Dans son message concernant la Convention de l'ONU contre la criminalité transnationale organisée, le Conseil fédéral évalue entre 120 000 et 200 000 le nombre de femmes d'Europe de l'Est victimes chaque année de réseaux de traite des femmes. Pour ces deux types de trafic, la Suisse est concernée directement, et indirectement dans une plus large mesure, à cause de sa place financière qui attire les blanchisseurs d'argent. Selon le Conseil fédéral entre 1500 et 3000 victimes de la traite d'êtres humains arrivent chaque année en Suisse. Il s'agit le plus souvent de femmes recrutées par des groupements en contact avec les familles des victimes et en relation avec des parents ou des compatriotes établis dans notre pays. Entre 1998 et 2000, un couple italo-letton vivant au Tessin a ainsi fait entrer dans ce canton pas moins de 70 femmes de l'Est vouées à la prostitution. Selon le Conseil fédéral, si certaines n'ignore pas leur destinée, elles sont trompées sur les gains potentiels et les conditions de travail. Traumatisées et en situation illégale, les victimes se définissent rarement comme telles en présence de la police. Lors d'une première Conférence nationale dédiée à la traite d'êtres humains, les autorités et des ONG spécialisées dans l'aide aux victimes ont mis au point des stratégies de collaboration. Une preuve que la Suisse est prête à réunir les bonnes volontés pour intensifier la lutte.
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