samedi 19 novembre 2005

Les parrains vaudois se révoltent

Après plusieurs mois de travail, les personnalités engagées dans les parrainages Eglise/Etat autour des réfugiés déboutés se rebiffent. Le Courrier et La Liberté en rendent compte ci-dessous


Après plusieurs mois de bons offices, les parrains des requérants d'asile déboutés se révoltent. Plusieurs d'entre eux se sont indignés hier des pressions exercées sur leurs protégés pour qu'ils partent. Soixante-trois parrainages ont été conclus depuis l'été, a indiqué devant la presse Brigitte Zilocchi, médiatrice Eglises- réfugiés pour l'Eglise réformée vaudoise (EERV). Chaque partenariat est cosigné par au moins deux parrains: un représentant des Eglises protestante, catholique ou de la communauté israélite et un élu du canton.
«Les déboutés sont placés dans une situation de vie impossible pour les pousser au départ. C'est inadmissible», a notamment témoigné un des parrains. Privées de travail et en plein désarroi, ces familles sont soumises à une grande pression pour souscrire à une aide au retour, ont dénoncé ces «témoins de la procédure».

Sur place, le chaos
Quant aux personnes retournées dans les pays de l'ex-Yougoslavie, leur situation est extrêmement difficile, à en croire les témoignages présentés. Les sommes touchées à titre d'aide au retour sont très vite dépensées. Les familles se retrouvent sans travail, sans argent, sans soins médicaux, parfois même sans logement digne de ce nom. L'une d'entre elles, rentrée en Bosnie, habite «dans une maison inachevée», relate Danielle Mamin, marraine et membre de la Coordination asile Riviera. «Ils n'ont ni porte, ni fenêtre, ni électricité, ni eau courante, ni cuisine, ni salle de bains.»
Pour Philippe de Vargas, ancien directeur de collège et parrain d'une famille de déboutés, la Suisse ne respecte pas le principe de non-refoulement, qui exclut le renvoi de personnes courant un risque dans leur pays d'origine. «En tant qu'autorité d'exécution, le canton doit aussi examiner cette question», ajoute-t-il. Philippe de Vargas craint pour la sécurité de ses protégés en cas de retour: le père, albanophone ayant vécu en Serbie, s'exposerait à des règlements de comptes. «Je ne comprends pas comment on peut avoir, dans un Etat de droit, une administration aussi sourde et aveugle», s'est-il insurgé.

Rôle plus large
Malgré leurs critiques, les parrains se défendent d'être opposés à tout retour. Mais ils refusent aussi d'être considérés comme des auxiliaires au retour, comme semble le concevoir le Conseil d'Etat. La Charte du partenariat solidaire, avalisée au printemps dernier par le gouvernement, ne réduit pas le rôle des parrains à l'accompagnement au retour des déboutés. Elle l'étend également à la perspective d'une «prolongation de leur séjour en Suisse».
Selon les parrains, les partenariats ont cependant pour vertu d'apporter un important soutien psychologique aux personnes concernées. Les Eglises espèrent augmenter encore le nombre de parrainages dans les semaines à venir. Cette action ne se limite pas au groupe dit «des 523». Elle concerne aussi les 175 Erythréens et Ethiopiens également menacés de renvoi. ATS/MR
Manifestation de requérants d'asile déboutés devant les escaliers du palais de Rumine le 1er novembre.

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