vendredi 9 septembre 2005

Amnesty au secours des 175


Ce matin, plusieurs dizaines de courriers partiront à l’attention des gouvernements cantonaux du pays. Amnesty International les appelle à faire pression sur l’Office fédéral des migrations pour régler les conditions de séjour des requérants éthiopiens et érythréens. Sur Vaud, 175 personnes sont concernées.

Voici l'article de Martine Clerc paru dans 24heures

Amnesty International (AI) redonne de la voix dans la crise de l’asile. L’ONG — qui avait participé au groupe de travail mixte ayant abouti à des régularisations — vole au secours des requérants éthiopiens et érythréens déboutés, brandissant son rapport dénonçant de vastes violations des droits humains. Ce matin, AI envoie sa prise de position à tous les gouvernements cantonaux ainsi qu’à leurs offices en charge du dossier. Le courrier a déjà été expédié à l’Office fédéral des migrations (ODM) et à la Commission de recours en matière d’asile.
Arrestations arbitraires, tortures, incarcérations sans procédure judiciaire, le rapport d’AI compte parmi les victimes opposants politiques, journalistes, membres d’ONG ou certains groupes ethniques. «Nous demandons à l’ODM de tenir compte de la situation qui s’est encore aggravée en Ethiopie depuis les élections de juin», explique Denise Graf, coordinatrice à AI pour les réfugiés. Les efforts d’intégration de ces personnes, souvent en Suisse depuis plus de six ans, devraient également être pris en considération. L’ONG dénonce aussi les inégalités de traitement: la situation de ces requérants n’a jamais été considérée sous l’angle de la circulaire Metzler (durée de séjour, intégration, autonomie financière, casier judiciaire vierge), les autorités ayant estimé que ces personnes ne coopéraient pas à leur retour. «Certains ont réellement essayé, en vain, d’obtenir des documents de voyage», dément Denise Graf. Leurs gouvernements — en situation précaire d’après-guerre et désireux de recevoir des devises étrangères — n’émettaient en effet que des laissez-passer au compte-gouttes, rendant les renvois forcés impossibles, en l’absence d’accord de réadmission signé avec la Suisse. AI invite ainsi les offices cantonaux à demander une admission provisoire pour les requérants n’ayant pas pu se procurer un titre de voyage au bout d’un an.
Vers des renvois forcés?
La prise de position d’AI intervient alors que les interdictions de travailler font monter la pression. Depuis le début de l’été, un autre élément fait souffler un vent de panique parmi les Ethiopiens et Erythréens: les renvois forcés ne seraient plus impossibles. Une quinzaine d’Ethiopiens, opposés à leur retour, auraient été reconnus par leur gouvernement, rendant possible leur retour. «Cela peut inciter les personnes à faire les démarches pour bénéficier des programmes d’aide au retour, se réjouit Christophe Boillat, porteparole de l’ODM. Mais nous ne sommes pas à l’aube de renvois massifs.»

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