Plus de 11 600 signatures contre le port de la burqa et du niqab. Mais le texte déposé hier à Bellinzone évite d’évoquer ces termes.
Entourés d’une femme couverte d’un voile intégral et d’un homme au visage caché par un passe-montagne «pour donner un signal fort», les initiants affichaient hier un large sourire. Plus de 11 600 signatures, alors que 10 000 sont nécessaires: le pari est réussi. Les promoteurs de l’initiative contre le port de la burqa ont déposé les paraphes en matinée à Bellinzone, avec six jours d’avance sur l’échéance impartie par la loi. Ils estiment d’ores et déjà que leur initiative populaire a abouti et qu’elle conduira les citoyens tessinois aux urnes. Une première en Suisse.
Le texte défendu par le comité évite toute référence directe à la burqa ou au niqab. Il se contente d’évoquer une simple interdiction de se couvrir le visage dans les lieux publics. Une interdiction qui concernerait, le cas échéant, aussi bien des hooligans ou des manifestants dont les traits seraient volontairement dissimulés, entre autres exemples.
Mais les promoteurs de l’initiative ne s’en cachent pas, leur but est de contrer la montée de l’islam «à titre préventif». C’est aussi ce qu’ils rétorquent à leurs détracteurs, qui les accusent de se focaliser sur «un problème inexistant au Tessin», puisqu’il est rarissime de voir des femmes voilées dans les espaces publics au sud des Alpes.
«Un signal fort»
Les neufs membres du comité d’initiative, encouragés par le pas franchi par la France le mois dernier, ne voient pas les choses sous le même angle. Pour eux, il s’agit de donner un «signal fort», notamment aux autres cantons, dont ils espèrent qu’ils suivront l’exemple tessinois. Les promoteurs soulignent en passant que s’ils avaient disposé des ressources nécessaires, ils auraient lancé «une initiative populaire fédérale». Le groupe réunit à la fois des personnalités de gauche, de l’UDC, de la Lega et même l’ancienne «dame de fer» du Tessin, la libérale luganaise Marina Masoni, ex-ministre des Finances et de l’économie, qui marque ainsi son retour en politique après son éviction du gouvernement en 2007.
Le Parlement tessinois dispose de deux ans pour valider, rejeter ou opposer un contre-projet à l’initiative, puisque celle-ci entraînerait une modification de la Constitution cantonale. En cas d’approbation du texte par les citoyens tessinois, ce sera au tour des Chambres fédérales de se prononcer sur la compatibilité de la loi tessinoise avec la Constitution fédérale.
Nicole della Pietra dans le Courrier et la Liberté
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