Un rapport met en cause le laxisme du directeur de l’Office des migrations.
Le «pornogate» zurichois est fatal au directeur de l’Office des migrations. Mis sur la sellette depuis plusieurs mois, Adrian Baumann quitte son poste après six ans. Selon un rapport externe commandé par le conseiller d’Etat Hans Hollenstein (PDC), en charge de la Sécurité, «la direction de l’office souffre d’un déficit de structure et d’organisation».
Le scandale a éclaté au printemps dernier. Des employés de l’office s’adressent à un avocat. Ils déplorent le comportement de certains supérieurs hiérarchiques qu’ils soupçonnent de ne pas respecter les heures de travail, d’apprécier particulièrement les séances sur Facebook ou de diffuser des images pornographiques. Adrian Baumann n’aurait rien entrepris pour endiguer le phénomène, subodorent certains.
Or la personnalité du directeur a déjà fait couler beaucoup d’encre. Peu apprécié de la gauche, il a été critiqué pour sa politique de migration proche de la ligne de l’UDC. On insiste notamment sur le nombre restreint de cas de rigueur communiqué à Berne par Zurich. De plus, l’Office des migrations est décrié pour la lenteur de son administration et des plaintes affluent chez le médiateur.
Hier, le responsable du rapport, l’avocat saint-gallois Peter Schorer, a parlé d’un nombre limité de collaborateurs mis en cause, soit entre «une et quatre personnes». Les problèmes liés aux images de pornographie remonteraient à trois ans et seraient à «relativiser». Toujours selon ce rapport, les soupçons concernant des hausses de salaires ou des vacances injustifiées seraient infondés.
Par contre, la qualité du travail de l’office est bel et bien critiquée. Le rapport souligne le traitement «lent» des dossiers de requérants d’asile en comparaison avec ce qui se fait dans d’autres cantons. De plus certains de ces dossiers auraient été considérés de façon arbitraire, voire abandonnés. Des mesures administratives vont être envisagées à l’égard de certains cadres.
Un ministre en difficulté
Face à ce constat, Adrian Baumann quitte son poste «pour permettre un nouveau départ» à son office. Il se chargera à l’avenir de tâches administratives au sein de l’Office de la circulation. De son côté, Hans Hollenstein a promis une analyse du mode de fonctionnement du bureau des migrations, qu’il désire plus efficace et davantage orienté vers le client. «La grande majorité des quelque 150 collaborateurs travaillent de manière tout à fait satisfaisante dans un service exigeant», a-t-il tenu à ajouter.
N’empêche, cette affaire a porté ombrage au ministre, surtout à moins d’une année des élections cantonales. L’UDC estime qu’Adrian Baumann est un «pion» du gouvernement qui n’a pas été d’une grande aide pour l’Office des migrations. De son côté, le parti socialiste reproche au démocrate-chrétien d’avoir sous-estimé la portée de l’affaire et déplore l’absence de mesures convaincantes.
Anne Fournier dans Le Temps
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