L’ex-policier chinois fait recours contre son renvoi de Suisse. Nijiati Abudureyimu bénéficie depuis le début du mois des services de l’avocat genevois Philippe Currat, spécialiste des droits de l’homme et de droit international public.
L’homme de loi, qui se refuse à tout commentaire, a contacté l’Office fédéral des migrations (ODM) et contesté la décision du Tribunal administratif fédéral, qui avait rejeté en juin dernier le recours de son client contre la décision de non-entrée en matière de l’ODM concernant sa demande d’asile.
L’ex-policier chinois qui dénonce un trafic d’organes à grande échelle prélevés sur les condamnés à mort dans sa province d’origine, le Xinjiang (nord-ouest du pays, lire LT du 28 juillet), avait évité in extremis un renvoi de Suisse suite à son refus de se rendre en Italie. L’ODM compte solliciter Rome pour discuter d’un nouveau délai de transfert selon les accords de Dublin qui régissent la gestion des réfugiés dans l’espace Shengen.
«Déportation en chaîne»
Berne estime que Nijiati Abudureyimu doit retourner en Italie, son premier port d’entrée en Europe. L’homme, qui se dit menacé par des espions chinois, a pourtant déposé sa première demande d’asile en Norvège. Il risque ainsi d’être expédié d’un pays à l’autre dans une logique de «déportation en chaîne», selon les termes du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) qui dénonce ce travers du système Dublin. Le sort du requérant dépendra en définitive de la volonté politique -ou non- de le protéger.
«Je sais que je dois déranger, que les relations avec la Chine sont importantes, explique Nijiati Abudureyimu de retour dans un centre d’accueil de réfugiés du canton de Neuchâtel. Mais si on me fait taire, il y aura encore plus de morts demain à cause de ce trafic. Le jour où le parti communiste disparaîtra, il ne faudrait pas que l’on découvre que la Suisse à aider la Chine.» L’ancien policier d’Urumqi -qui menait les condamnés à mort aux champs d’exécution- estime que le secrétaire du parti communiste du Xinjiang durant ces seize dernières années, Wang Lequan (qui vient d’être muté à Pékin), devrait être jugé pour crimes contre l’humanité.
Frédéric Koller dans le Temps
En marge de cet article, lire également Appel à clarifier les prélèvements d’organes sur des prisonniers en Chine, article et édito de Frédéric Koller toujours dans le Temps
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire