lundi 1 mars 2010

Ce lundi, c’est “journée sans immigrés”

Le collectif "24 heures sans nous" convie "immigrés, enfants d'immigrés et citoyens conscients de l'apport de l'immigration" à cesser de consommer et/ou travailler.

Pas de 
papiers, mais tout de même des feuilles d'impôts. Une situation 
qualifiée de "racket" par les associations (AFP)

Pas de papiers, mais tout de même des feuilles d'impôts. Une situation qualifiée de "racket" par les associations (AFP)

Le collectif "24 heures sans nous" appelle à faire du lundi 1er mars une "journée sans immigrés" afin de démontrer leur place dans l'économie du pays d'accueil. Il s'agit d'une initiative nouvelle avec des ramifications dans plusieurs pays européens. Le collectif, qui se présente comme un "mouvement citoyen", convie "les immigrés, enfants d'immigrés et les citoyens conscients de l'apport de l'immigration en France" à cesser de "consommer et/ou travailler" ce jour-là, à arborer un ruban jaune en signe de solidarité et à participer à des rassemblements entre 12h et 14h. L'idée de ce boycott symbolique de l'économie est née d'un "ras-le-bol de la stigmatisation" des immigrés qui s'est cristallisé après la petite phrase de Brice Hortefeux à propos d'un jeune militant maghrébin à l'université d'été de l'UMP : "il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes".

"Logique de stigmatisation"


Une des initiatrices de "la journée sans immigrés", Nadia Lamarkbi, explique que le collectif s'est inspiré du mouvement de protestation mené par les Latinos-Américains aux Etats-Unis en 2006 contre la politique d'immigration. La date du 1er mars marque le cinquième anniversaire de l'entrée en vigueur du Code de l'Entrée et du Séjour des Etrangers et du Droit d'Asile (CESEDA), qui instaurait une immigration "choisie" sur des critères économiques. Rapidement, le mouvement a pris forme à partir du site internet du collectif et de Facebook. Il sera suivi également en Espagne, en Grèce et en Italie, et selon les organisateurs, des collectifs semblables sont "en train de se former" en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas et en Suisse. Le collectif évoque une "logique de stigmatisation en marche dans plusieurs pays", de sorte qu'il envisage de "mettre en place une structure pour se faire entendre au niveau européen". A Paris, un rassemblement est prévu sur le parvis de l'hôtel de Ville, de même qu'à Reims, Amiens, Lyon.

"L'immigration, c'est une chance"


En Italie, des manifestations sont notamment prévues à Milan, Rome et Naples. Egalement, une rencontre à Rosarno (Calabre), qui fut en janvier le théâtre d'affrontements violents entre habitants et saisonniers africains. En Grèce, le collectif est né il y a seulement cinq semaines. Il n'appelle cependant pas à faire grève "parce que les grévistes perdraient automatiquement leur emploi". Il incite toutefois à ne "rien dépenser" ce jour-là.
La Cimade, France Terre d'Asile, Réseau Education sans Frontières, ou encore l'association des travailleurs portugais en France, ont apporté leur soutien au collectif "24 heures sans nous". A l'instar de quelques syndicats comme la CFDT et la FSU. Il dit ne pas avoir pris contact avec des mouvements trop politisés, tenant à son rôle de "mouvement citoyen", apolitique, militant pour la "reconnaissance de la dignité de chacun, avec ou sans -papiers". Il faut faire prendre conscience, insiste Nadia Lamarkbi, que "l'immigration n'est pas un problème en france, c'est une chance".

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