Les filles ont le droit de porter un foulard en classe. Hier, le Grand Conseil zurichois a rejeté une motion visant à bannir ce signe religieux de l’école. En Suisse romande, le débat ne fait que commencer. Un article de 24 Heures, signé Nadine Haltiner, Zürich.
© KEYSTONE | Le gouvernement et la plupart des partis ont rejeté le projet de l’UDC visant à bannir le foulard des classes.
Après les minarets, le voile. Depuis fin novembre, plusieurs projets de loi visant à interdire le port du voile à l’école fleurissent dans les parlements romands. Vaud, Fribourg et Neuchâtel débattront de la question cette année. De l’autre côté de la Sarine, Zurich est un des premiers cantons à avoir pris position. Hier, le Grand Conseil a rejeté par 104 voix contre 65 une motion de l’UDC visant à bannir le foulard des classes. Une décision qui pourrait faire ricochet en Suisse romande.
Le texte discuté hier dormait depuis 2007 dans un tiroir du parlement. Rejeté par le gouvernement et la plupart des partis, le projet – qui voulait aussi obliger les musulmanes à participer aux leçons de gymnastique pendant le Ramadan – semblait condamné d’avance. «De telles règles rendraient plus difficile l’intégration des enfants concernés et iraient à l’encontre de la liberté de croyance», a plusieurs fois dénoncé le Conseil d’Etat.
«Du coup, il n’y a pas vraiment eu de débat hier, regrette Barbara Steinemann, auteure du projet. Après le vote contre les minarets, les partis ont préféré s’en tenir au politiquement correct. C’est dommage. Même la Turquie bannit le port du voile à l’école. J’ai hâte de voir ce que feront les Romands!»
Ces derniers ne devraient pas se prononcer avant avril. Mais, pour les opposants au foulard, le vote zurichois est un mauvais présage. «Je suis déçue, note Erika Schnyder, députée au Grand Conseil fribourgeois. Le texte a été rejeté haut la main. Cela signifie que la liberté de croyance est plus importante que la liberté de l’individu. C’est inadmissible.» Syndique de Villars-sur-Glâne, la socialiste s’est basée sur un cas concret pour rédiger sa motion.
Fillette de 8 ans voilée
En septembre, une fillette de 8 ans s’est présentée en classe voilée. Pour la politicienne, qui défend ardemment l’égalité entre hommes et femmes, c’en était trop. «Je n’attaque pas la religion musulmane, précise-t-elle. Mais l’école doit être un endroit neutre. Mon texte vise donc aussi à bannir de l’école les signes ostentatoires d’autres religions.»
Voile, kippa, crucifix, même combat. Une motion élargie qui a été reprise telle quelle par l’UDC vaudoise. «En visant toutes les religions, notre projet met les enfants sur un pied d’égalité, note Pierre-Yves Rappaz, député au Grand Conseil vaudois. Il a aussi plus de chances de passer la rampe parlementaire. Les Jeunes Socialistes pourraient nous suivre.» Reste que c’est bien le voile qui pose «le plus de problèmes». «Je ne connais pas de cas concret sur Vaud, admet-il. Mais il existe une lacune dans la loi. Si un parent veut envoyer sa fille voilée à l’école, malgré un préavis négatif du canton, il en a le droit. Or, c’est le fait de porter un foulard qui marginalise l’enfant, pas notre projet de loi.»
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