ROSARNO, Italie (Reuters) - Des immigrés ont incendié des voitures, brisé des vitrines et mis le feu à des poubelles dans une petite ville du sud de l'Italie pour protester contre l'attaque d'ouvriers agricoles africains par une bande de jeunes Calabrais, rapporte la police. Un article de Ilario Filippone dans le Nouvel Observateur.
Travailleurs migrants à Rosarno. Photo AFP
Les passagers d'une voiture attaquée de la sorte ont été blessés dans la localité de Rosarno dans la nuit de jeudi à vendredi lors de ces émeutes à caractère racial qui sont parmi les plus graves de ces dernières années dans la Péninsule.
Les migrants, qui ont en outre bloqué un axe routier, se sont heurtés aux policiers en tenue anti-émeute. Une quinzaine d'étrangers ont été interpellés. Le nombre de blessés dans leurs rangs s'élève à 20. Certains émeutiers scandaient "Nous ne sommes pas des animaux !" et brandissaient des pancartes affirmant "Les Italiens ici sont racistes !".
Les incidents ont éclaté après que de jeunes Calabrais circulant en voiture eurent tiré à la carabine sur un groupe de migrants africains revenant des champs. Deux de ces étrangers ont été blessés.
Vendredi matin, quelque 2.000 migrants ont manifesté devant l'hôtel de ville de Rosarno pour protester contre le comportement, à leurs yeux raciste, de certains habitants de la région à leur égard.
Des actes de vandalisme isolés se sont poursuivis en ville, où des vitrines de magasins ont été brisées. Les écoles sont restées fermées dans la localité, où la tension reste vive. Selon des informations émanant des médias, un habitant a tiré à balle réelle en l'air d'une terrasse.
Polémique
Le ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, a ordonné l'envoi de renforts de police dans la région et mis en place une cellule de crise pour traiter des racines de ces violences.
Le ministre, qui est issu de la Ligue du Nord, parti d'extrême droite xénophobe membre du gouvernement de coalition de Silvio Berlusconi, a provoqué une polémique en déclarant que l'une des causes de la violence résidait dans le fait que l'immigration clandestine avait été tolérée pendant de trop nombreuses années.
Le chef de l'opposition de centre-gauche, Pierlugi Bersani, a répliqué en l'accusant de jeter de l'huile sur le feu. "Maroni est en train de faire porter le chapeau (à d'autres) (...) il faut aller au coeur du problème, à savoir la mafia, l'exploitation, la xénophobie et le racisme", a-t-il expliqué.
Pour sa part, le gouverneur de Calabre, Agazio Loiero, a déclaré que si les violences déclenchées par les immigrés étaient à ses yeux entièrement injustifiées, il y avait eu "une forte provocation".
Dans la région de Rosarno, les immigrés sont employés comme journaliers pour la récolte des fruits et des légumes. Ils sont environ 1.500 à vivre dans des usines désaffectées, sans eau courante ni électricité. Des mouvements des droits de l'homme disent qu'ils sont exploités par le crime organisé.
L'Italie a, ces dernières années, durci sa position contre l'immigration clandestine. Certains bateaux d'immigrants venus d'Afrique ont été refoulés en haute mer.
Version française Nicole Dupont et Jean-Loup Fiévet
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