Le 4 mai 2009 le tribunal d'Agrigento va prononcer le jugement des
7 pêcheurs tunisiens sous procès depuis 2007 pour avoir sauvé 44
migrants au large de Lampedusa. Et le 6 mai 2009 il y aura peut
être la dernière audience du procès de la Cap Anamur. Sur Fortress
Europe, vous trouvez mon reportage sur les pêcheurs siciliens. De
véritables héros. Qui depuis des années sauvent - chaque semaine -
de centaines de migrants dans le Canal de Sicile.
Capitaines courageux. La parole aux pêcheurs siciliens
http://fortresseurope.blogspot.com/2006/01/capitaines-courageux-la-parole-aux.html
MAZARA DE VALLO - «Nous sommes au milieu. C'est notre zone de pêche, et
leur zone de transit". Presque chaque jour, les pêcheurs siciliens
croisent les embarcations des émigrants au large de Lampedusa. Et de
plus en plus remplacent les Garde Côtes et la Marine Militaire dans des
difficiles sauvetages. Le dernier fut le 28 novembre 2008. La mer en
tempête, cinq équipage siciliens sauvèrent courageusement 650 personnes.
Pour les rencontrer je suis allé à Mazara del Vallo, premier district de
pêche en Sicile. Et là j'ai découvert que ce n'était pas la première
fois. Ces dernières années, les pêcheurs de Mazara ont sauvé de
centaines d'hommes et de femmes. Leurs histoires sont incroyables. Des
histoires héroïques de marins qui se jettent dans la mer, en plein nuit,
pour sauver des gens. Mais aussi cruels, indicible, de cadavres trouvés
dans les filet, mangés par les poissons. En tout cas ces sont des
histoires d'une profonde humanité. Des héros anonymes qui ne se sont pas
tournés de l'autre coté. Car "quand tu vois un enfant âgé de trois mois
en mer, tu ne pense plus à l'argent et au temps perdus. Tu pense
seulement à lui sauver la vie."
Elle était une petite fille de quelques mois, la première à monter à
bord du Ghibli, l'après-midi du 28 Novembre 2008 à Lampedusa. "Elle
était protégée par une couverture. Quand je l'ai vue, je lui faisait des
grimaces. Elle riait." Elle avait passé trois jours en mer, comme sa
mère, et les autres 350 passagers, entassés sur un vieux bateau en bois
de dix mètres, bloqués dans la mer en tempête, à 10 miles au sud-est de
l'île. Le capitaine Pietro Russo ne va pas oublier facilement son
visage. Il avait été le commandant des Garde Côtes à lui demander
d'intervenir: leur bateaux n'étaient pas assez grand pour défier ces
vagues et il n'y avait pas de navires de la Marine militaire dans la
zone. Seulement les grands bateaux de pêche de 35 mètres de Mazara
pouvaient intervenir. Quand Russo entendit qu'à bord il y avaient des
femmes et des enfants, il ne put pas se tourner de l'autre coté. Et il
prise le risque. De la même façons qu'il avait fait, la nuit auparavant,
le commandant du Twenty Two, Salvatore Cancemi, qui n'hésita pas à
sortir en mer force 7 pour sauver 300 personne en danger.
Les informations donnaient l'embarcation à 15 miles à l'ouest de l'île,
près du rocher de Lampione. Cinq embarcations de la flotte de Mazara
partirent la chercher, en dépit des conditions maritime. "Il y avait de
vagues de huit mètres de hauteur et des rafales de vent à 70 km par
heur" – il raconte Cancemi. "La mer était trop agitée pour un abordage -
dit-il -, mais aussi pour les remorquer, le câble pouvait se rompre. Il
y avait trop de vagues. Nous avons donc décidé de les escorter. On
naviguait à leur côté, en faisant mur contre le vent." Ils cherchèrent
refuge sous les rocher de la Cozzo Ponente. Il mouillèrent l'ancre juste
à quelque mètres de la côte, en plein nuit. Et puis, petit à petit,
transbordèrent tous les passagers. Cela fut le moment le plus difficile,
dit le pêcheur. Un faux pas et le bateau allait immédiatement se
renverser dans l'eau. Et il n'aurait pas été la première fois.
Nicola Asaro, classe 1953, est le capitaine du Monastir. La nuit du 17
Juillet 2007 ils étaient en train de pêcher des crevettes rouges au
large des côtes libyennes, quand ils furent approché par une petite
embarcation avec 26 personnes à bord. "Ils étaient sans carburant. Ils
voulaient de l'essence, mais nous utilisons le gasoil, nous ne pouvions
pas les aider." En tout cas Asaro ordonna d'abaisser une échelle et de
les laisser monter. La mer était plate. Il fut un moment. Quelqu'un se
leva par derrière, et commença à pousser les autres. Dans un instant le
bateau chavira. "Nous lançâmes immédiatement dans la mer des gilets de
sauvetage et des cordes. Ils ne savaient pas nager. Ils se tiraient l'un
l'autre au dessous de l'eau." Finalement les marins de Asaro en
sauvèrent 14 et récupérèrent un mort. "Les autres 11, je les ai vus
couler avec mes propres yeux."
La même chose s'est passé encore, il y a quelques mois, en Juin 2008, au
capitaine de l'Ariete, Gaspare Marrone. Ils étaient en train de
remorquer une cage de thons. Le bateau, avec 30 personnes à bord,
chavira à deux mètres de l'Ariete, pendant les secours. Les membre de
l'équipage réussirent à récupérer 22 personnes de la mer et les cinq qui
s'étaient accrochés à la cage. Mais trois personnes, dont une femme,
disparurent entre les vagues. Un an plus tôt, en septembre 2007, Marrone
avait sauvé 10 hommes en haute mer, accrochés à la quille d'un zodiac
coulé, un tube de 20 cm de largeur et 4 mètres de longueur. Ils étaient
là depuis plus de deux heures, nu. Les 30 autres passagers étaient tous
noyés. "Depuis loin ils me semblaient des bouées, quand j'ai compris
qu'ils étaient des hommes, je ne voulait pas croire à mes yeux. Nous lui
lançâmes des ceinture de sauvetage. Un des marins sauta en mer pour les
aider, ils n'avaient plus de force ".
Et il n'avait plus de force même le jeune mauritanien trouvé tout seul
en haute mer, à 70 miles de Lampedusa, par le bateau de pêche Ofelia, le
23 août 2007. "C'était l'aube - dit le capitaine Antonio Cittadino -. Je
l'ai vu par hasard, par la fenêtre de la cabine. Au début, je me suis
dit que c'était un bidon. Ensuite, j'ai vu quelque chose bouger. Il
avait soulevé la main. Il était un homme." Il était le seul survivant
d'un naufrage ayant coûté la vie à 47 personnes. Depuis 48 heures il
restait assis sur trois planches de bois de la coque du bateau coulé.
"Dès que nous l'avons tiré à bord de poids, il s'est effondré sur le
sol. Il ne parlait pas. La peau était devenu blanche à cause de l'eau
salée. Quand il s'est repris, le lendemain, il m'appelait l'ami de Dieu. "
Russo, Asaro, Cancemi, Marrone, Cittadino et tous les autres capitaines
courageux font honneur à l'Italie. Pour reconnaître leur engagement,
l'Haut Commissariat de Nations Unies pour le Réfugiés a institué en 2007
le prix «Per Mare». Un prix qui réaffirme publiquement la valeur des
sauvetages en mer, alors que dans le tribunaux la solidarité semble être
devenu un crime.
C'est le cas du capitaine Zenzeri et de six marins tunisiens. Depuis
deux ans ils sont sous procès à Agrigento, en Sicile. Quand il vit les
deux enfants et la femme enceinte parmi les 44 passagers du zodiac à
moitié coulé, il n'hésita un instant pour le secourir. C'était le 8 août
2007. Aujourd'hui le ministère public demande deux ans et demi
d'emprisonnement pour les sept marins plus une amende de 440.000 euros.
L'accusation est d'aide à l'immigration clandestine. Le jugement est
attendu pour le 4 Mai 2009. Lorsque j'ai rencontré Zenzeri en Tunisie,
il me disait que s'il pouvait revenir en arrière, il fairait le même.
C'est la loi de la mer. La solidarité n'est jamais un crime. Il en est
convaincu. Et ils en sont convaincus les avocats de la défense -
Leonardo Marino et Giacomo La Russa - qui en cas de condamnation,
promettent bataille, jusqu'à la Cour européenne.
posted by gabriele del grande
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