mercredi 1 juillet 2009

Les sans-papiers du boulevard du Temple dans l'impasse


Les sans-papiers du boulevard du Temple dans l'impasse


Une semaine après leur expulsion de la Bourse du travail, rue Charlot à Paris, la situation des sans-papiers qui campent boulevard du Temple semble bloquée. Les responsables associatifs et politiques qui suivent le dossier ne se font pas beaucoup d'illusions sur un mouvement qui semble "dans l'impasse".

"Nous sommes toujours dans la rue. On n'a pas de nouvelles de la préfecture et on restera là tant que nos demandes ne sont pas entendues"
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explique Djibril Diaby, un des porte-parole de la CSP75 et des sans-papiers qui campent depuis le 24 juin boulevard du Temple, à deux pas des restaurants de la place de la République. Ils sont au moins deux cents à dormir là tous les soirs, protégés par de simple bâches, et bien plus à venir passer un moment de la journée sur ce bout de trottoir. "Les conditions d'hygiène sont difficiles", reconnaît Djibril Daby. La mairie du 3e arrondissement de Paris a ouvert une fontaine pour leur offrir un accès à de l'eau potable, des associations leur apportent des bouteilles d'eau, mais ils n'ont toujours accès qu'à un simple WC public en guise de toilettes.

"On est effectivement dans une impasse", juge Pierre Aidenbaum, maire du 3e arrondissement, qui a suivi le dossier depuis un an et le début de l'occupation des locaux CGT de la Bourse du travail. Aujourd'hui, "la situation n'est plus tenable", estime l'élu. La principale demande des sans-papiers reste la régularisation, mais depuis leur expulsion par le service d'ordre de la CGT, ils demandent également l'accès à un local qui puisse accueillir l'ensemble des membres du mouvement. Une revendication qui paraît pour le moment difficile à satisfaire, de l'avis de plusieurs responsables associatifs. La mairie a fait savoir qu'elle ne disposait pas d'un tel local. "De toute manière ça ne résoudrait pas le principal problème, qui est la demande de régularisation", estime Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l'homme. Selon lui, la concentration d'autant de personnes sur un trottoir de la capitale ne manquera pas de causer des problèmes. Il dit craindre une expulsion à la faveur de l'été si aucune solution ne se présente d'ici là.

RISQUE DE NOUVELLE EXPULSION

Nombre d'entre eux disposent d'un endroit où loger. Mais refusent de se disperser et de voir leurs dossiers traités au cas par cas, car ils se sentent ainsi isolés et pensent "ne pas faire le poids" face à l'administration. Les attentes sont très grandes, nourries par 14 mois de revendications et de manifestations hebdomadaires. La plupart attendent une régularisation groupée, ce qui a peu de chance de se produire puisque le gouvernement privilégie la gestion des dossiers au cas par cas. Gestion qui a d'ailleurs permis la régularisation d'une centaine des premiers occupants de la Bourse du travail. Il resterait au moins 200 dossiers sur les bureaux de la préfecture, dont seulement 33 seraient en cours d'examen.

"Comment peut-on laisser tous ces gens sur le trottoir ?" s'interroge Violaine Carrère, membre du Gisti, qui a suivi ce dossier. "Depuis le début de l'occupation, on sentait que la situation était difficile et on craignait une expulsion, explique-t-elle. Aujourd'hui ils sont encore plus soumis au risque d'interpellations et d'une nouvelle expulsion." D'autres responsables associatifs avouent à mot couvert leur impuissance face à la situation. "On tente de recoller les morceaux, mais il ne faut pas oublier que le principal responsable de l'impasse, c'est le gouvernement qui refuse de régulariser", explique de son côté Richard Moyon, membre du Réseau éducation sans frontières.

Une réunion rassemblant de nombreuses associations doit avoir lieu mercredi 1er juillet sous l'égide de RESF (Réseau éducation sans frontières). La question d'un éventuel local devrait être abordée, même si elle ne suffira qu'à mettre les sans-papiers à l'abri et pas à satisfaire leurs revendications. Pierre Aidenbaum a décidé de porter l'affaire devant devant le Conseil de Paris, lundi 6 juillet, et dit appeler à "un geste de la part de la préfecture de police de Paris ou du ministère de l'immigration".

Antonin Sabot

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