Gabriela Amarelle, déléguée à l'intégration de la ville de Lausanne, est l'invitée de la rubrique Réflexion de 24 Heures
Sensibiliser les enfants et les jeunes constitue le leitmotiv de la Semaine d’actions contre le racisme 2009, qui commence aujourd’hui dans la capitale vaudoise. Si «Lausannes avec couleurs» se décline au pluriel, c’est évidemment pour mettre en relief la pluralité de ses habitants et leur diversité.
La multiculturalité, les jeunes la vivent tout naturellement, entend-on souvent, inutile de parler au négatif. Alors, pourquoi cette démarche?
Si l’on examine les chiffres, la répartition de la population juvénile montre bien que la Suisse est devenue un pays d’immigration: un tiers des jeunes ont fait l’expérience de l’immigration, et un quart des moins de 25 ans n’ont pas de passeport suisse.
Le fait que, dans pratiquement un couple sur deux, l’un des partenaires est étranger renforce la croyance qu’il est naturel que la cohabitation se passe sans conflit. Les enfants et les jeunes vivent, bien sûr, cette réalité sociale comme une évidence. Mais elle comporte néanmoins un fort potentiel de conflit, que ce soit dans leurs activités scolaires ou extrascolaires.
Les chiffres sont aussi têtus. Des études démontrent que, dans notre pays, près de 40% des jeunes issus de l’immigration disent avoir été dans le passé victimes d’attitudes hostiles ou d’injustices.
Qu’ils en soient auteurs, victimes ou témoins, les jeunes n’échappent guère aujourd’hui aux problèmes du racisme. Et ces rôles ne sont évidemment pas figés: un jeune, qu’il soit Albanais ou Africain, peut s’être vu refuser l’entrée à une discothèque un soir, et proférer des propos racistes à l’égard de ses camarades de classe suisses le lendemain. Tous les cas de figure sont évidemment possibles, car le manichéisme n’est pas de mise dans cette problématique complexe.
Si le thème du racisme est difficile à aborder avec un jeune public, il est essentiel d’oser franchir les premiers obstacles pour aider les participants à s’interroger sur leurs propres préjugés, sans angélisme et en osant déconstruire les clichés bien-pensants.
Par le biais des jeunes, il est aussi possible de toucher les professionnels de l’enfance et de la jeunesse, qu’ils soient animateurs socioculturels ou enseignants, ainsi que les parents et le grand public.
Reconnaître que la peur de l’autre est un sentiment tout simplement humain, aborder sans tabous toutes les questions pour que cette peur ne devienne pas du racisme et se donner les outils pour agir: tels sont les objectifs de la vingtaine d’événements inscrits au programme de la Semaine d’actions contre le racisme.
Les enfants et les jeunes ont été amenés à construire certains de ces événements de manière participative. Si on les écoute, ils racontent très justement les conséquences de la discrimination au quotidien: blessures intimes, dévalorisation de soi et violence.
Par les faits concrets, les enfants et les jeunes expriment pourquoi le racisme est contraire à la dignité humaine.
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