Stars du football ou politiciens, ils ne craignent plus d’exprimer leur sympathie pour le Duce. L’exemple vient de haut. Un article de Dominique Dunglas dans 24 Heures.
Christian Abbiati n’a pas gardé les buts du Milan AC, hier soir, lors du match retour de la Coupe de l’UEFA contre Zurich. «Un tour de repos normal dans la gestion de l’équipe», a fait savoir le staff technique du Milan AC. Mais davantage qu’économiser les forces de leur gardien titulaire, les responsables du club milanais ont surtout voulu lui éviter les contestations à la suite de son «coming-out» de militant fasciste.
«Je partage certains idéaux du fascisme: la patrie et les valeurs de la religion catholique, a déclaré Abbiati à la Gazetta dello Sport. Je récuse les lois raciales et l’alliance avec Hitler, mais j’admire la capacité à assurer l’ordre social et garantir la sécurité des citoyens.»
Les bustes du Duce
Et le gardien de but de préciser qu’il possède chez lui un buste de Mussolini et que la sonnerie de son portable reprend le refrain de Facetta nera, ritournelle raciste et colonialiste des années 30. Déjà déroutant s’il ne concernait qu’Abbiati, l’épisode révèle un état d’esprit de plus en plus présent dans l’élite du calcio transalpin.
Ainsi, Gianluigi Buffon, gardien de l’équipe nationale, a été surpris avec un T-shirt arborant le chiffre 88 qui signifie «Heil Hitler» dans la symbolique des nostalgiques du nazisme (deux fois la 8e lettre de l’alphabet). Et il a célébré la victoire italienne dans la Coupe du monde avec un drapeau tricolore orné d’une croix celtique.
Fabio Cannavaro, qui en tant que capitaine de la Squadra azzurra devrait surveiller ses déclarations, fit l’éloge des «camps Evita Péron», les colonies de vacances organisées par l’extrême droite. Daniele De Rossi, colonne portante du milieu de terrain de la Roma et de l’équipe d’Italie, est un sympathisant de Forza Nuova, le mouvement de la jeunesse fasciste. Alberto Aquilani, son compagnon de club et d’équipe nationale, collectionne… les bustes de Mussolini. Et de Paolo Di Canio à Fabio Tacconi, la liste des footballeurs fascisants pourrait en outre s’allonger si on remonte dans le temps.
Sans complexes
La nouveauté réside toutefois dans le fait qu’ils expriment désormais sans complexes une opinion politique autrefois considérée comme intolérable. Ils auraient tort de s’en priver, puisque l’exemple vient du sommet des institutions. Elu maire de Rome en avril dernier, Gianni Alemanno a lui aussi repris récemment le thème d’un fascisme à double visage, positif avant l’adoption des lois raciales en 1938 et négatif ensuite. Ministre des Armées, Ignazio La Russa a rendu hommage aux soldats de la République sociale «qui ont combattu pour la patrie et méritent le respect». Deux déclarations qui ont obligé le président de la République, Giorgio Napolitano, à sortir de sa réserve institutionnelle pour rappeler que la constitution italienne était basée sur les valeurs de l’antifascisme.
En mai dernier, dans un sondage IPSOS, 19% des Italiens affirmaient trouver normal qu’un candidat ouvertement fasciste soit présent sur une liste électorale. C’était déjà beaucoup. Aujourd’hui, ils seraient certainement encore plus nombreux.
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