vendredi 3 octobre 2008

Les fascistes s'affichent

Stars du football ou politiciens, ils ne craignent plus d’exprimer leur sympathie pour le Duce. L’exemple vient de haut. Un article de Dominique Dunglas dans 24 Heures.

IDOLE Collectionner des bustes du Duce semble devenir la marotte de certains footballeurs Christian Abbiati n’a pas gardé les buts du Milan AC, hier soir, lors du match retour de la Coupe de l’UEFA contre Zurich. «Un tour de repos normal dans la gestion de l’équipe», a fait savoir le staff technique du Milan AC. Mais davantage qu’économiser les forces de leur gardien titu­laire, les responsables du club milanais ont surtout voulu lui éviter les contestations à la suite de son «coming-out» de militant fasciste.
«Je partage certains idéaux du fascisme: la patrie et les valeurs de la religion catholi­que, a déclaré Abbiati à la Ga­zetta dello Sport. Je récuse les lois raciales et l’alliance avec Hitler, mais j’admire la capacité à assurer l’ordre social et ga­rantir la sécurité des citoyens.»
Les bustes du Duce

Et le gardien de but de préci­ser qu’il possède chez lui un buste de Mussolini et que la sonnerie de son portable re­prend le refrain de Facetta nera, ritournelle raciste et colo­nialiste des années 30. Déjà déroutant s’il ne concernait qu’Abbiati, l’épisode révèle un état d’esprit de plus en plus présent dans l’élite du calcio transalpin.
Ainsi, Gianluigi Buffon, gar­dien de l’équipe nationale, a été surpris avec un T-shirt arborant le chiffre 88 qui signifie «Heil Hitler» dans la symbolique des nostalgiques du nazisme (deux fois la 8e lettre de l’alphabet). Et il a célébré la victoire ita­lienne dans la Coupe du monde avec un drapeau tricolore orné d’une croix celtique.
Fabio Cannavaro, qui en tant que capitaine de la Squadra azzurra devrait surveiller ses déclarations, fit l’éloge des «camps Evita Péron», les colo­nies de vacances organisées par l’extrême droite. Daniele De Rossi, colonne portante du mi­lieu de terrain de la Roma et de l’équipe d’Italie, est un sympa­thisant de Forza Nuova, le mou­vement de la jeunesse fasciste. Alberto Aquilani, son compa­gnon de club et d’équipe natio­nale, collectionne… les bustes de Mussolini. Et de Paolo Di Canio à Fabio Tacconi, la liste des footballeurs fascisants pourrait en outre s’allonger si on remonte dans le temps.
Sans complexes

La nouveauté réside toute­fois dans le fait qu’ils expri­ment désormais sans com­plexes une opinion politique autrefois considérée comme in­tolérable. Ils auraient tort de s’en priver, puisque l’exemple vient du sommet des institu­tions. Elu maire de Rome en avril dernier, Gianni Alemanno a lui aussi repris récemment le thème d’un fascisme à double visage, positif avant l’adoption des lois raciales en 1938 et négatif ensuite. Ministre des Armées, Ignazio La Russa a rendu hommage aux soldats de la République sociale «qui ont combattu pour la patrie et mé­ritent le respect». Deux décla­rations qui ont obligé le prési­dent de la République, Giorgio Napolitano, à sortir de sa ré­serve institutionnelle pour rap­peler que la constitution ita­lienne était basée sur les va­leurs de l’antifascisme.
En mai dernier, dans un son­dage IPSOS, 19% des Italiens affirmaient trouver normal qu’un candidat ouvertement fasciste soit présent sur une liste électorale. C’était déjà beaucoup. Aujourd’hui, ils se­raient certainement encore plus nombreux.

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