DROGUE | Au centre pour requérants d’asile déboutés de Vennes, la police a mis la main sur 650 grammes. Ils étaient dissimulés en grande partie dans des cylindres de plastique extraits d’œufs Kinder.
JÉRÔME DUCRET | 29.11.2008 | 00:04
La descente a eu lieu jeudi à l’aube, à Valmont, dans le centre d’accueil pour requérants d’asile déboutés de l’EVAM (Etablissement vaudois d’accueil des migrants). Pas moins de 25 policiers, accompagnés par un chien, ont fouillé systématiquement quatre chambres-dortoirs de ce centre lausannois. La perquisition leur a permis de trouver environ 50 grammes de cocaïne et l’équivalent en Euros de près de 20 000 francs suisses. Ils ont aussi saisi une vingtaine de téléphones portables et du matériel pour conditionner la drogue.
Quatre personnes ont été interpellées lors de cette opération. L’une d’entre elles a simplement été dénoncée, et trois autres placées en détention préventive. La descente fait suite à une autre saisie, dans le même centre, effectuée le 14 septembre dernier.
Des «œufs» bien cachés
Cette dernière a pu avoir lieu grâce à un litige entre locataires dans un immeuble du centre-ville lausannois. Leur dispute avait alors conduit à l‘intervention de la police. Objet de soupçons conséquents de la part des policiers, l’un des acteurs de l’altercation s’est avéré être porteur de deux cylindres de plastique contenant au total 10 grammes de cocaïne. Les policiers les ont découverts après une analyse au CHUV; ils étaient cachés dans son anus.
Une perquisition au domicile du suspect, dans le centre EVAM de Valmont, a permis de découvrir 56 de ces cylindres, qui sont en fait les contenants utilisés dans les œufs Kinder Surprise. En tout, dans le cadre de cette première affaire, les agents ont saisi 600 grammes de drogue.
«Dans la rue, cela représente une valeur marchande d’environ 70 000 francs, détaille Olivier Gouaux, chef de la brigade lausannoise des stupéfiants. On est ici dans des quantités intermédiaires, entre les simples boulettes vendues dans la rue et les fournitures en gros.» Originaire d’Afrique de l’Ouest, le détenteur de la cocaïne est toujours en détention préventive.
Trafic place Chauderon
A la suite de cette première saisie, les inspecteurs en civil du groupe lausannois Celtus, spécialisé dans le trafic de rue, ont procédé à des surveillances régulières. Qui les ont menés vers d’autres requérants déboutés, rattachés au centre EVAM de Valmont. C’est dans ce cadre que s’est effectuée la descente de jeudi dernier. «Il y a bien sûr un lien entre ces deux saisies et l’activité de trafic de drogue observée récemment à la place Chauderon», ajoute Olivier Gouaux.
Selon l’EVAM, le centre de Valmont, appelé centre d’aide d’urgence de Vennes, n’héberge que des personnes célibataires, dont la demande d’asile a été refusée. «Il y a environ 90 lits occupés, sur une centaine, précise Pierre Imhof, directeur de l’EVAM. Ce sont des personnes qui, à court ou moyen terme, n’ont plus aucun espoir de pouvoir demeurer légalement en Suisse. Elles ont été déboutées ou leur dossier s’est tout de suite soldé par une non entrée en matière.»
Elles n’ont donc droit qu’à une aide d’urgence, à savoir, principalement, un lit et trois repas. Elles ne reçoivent pas d’argent et ne peuvent pas travailler. En principe, elles doivent être renvoyées dans leur pays d’origine, ou dans celui où elles ont déposé leur première demande d’asile en Europe. «Mais dans bien des cas, il est très difficile de les renvoyer chez eux, explique Pierre Imhof. Il faut cependant savoir que seule une minorité de ces gens se livre au trafic de drogue.»
Le directeur de l’EVAM ajoute que son établissement collabore régulièrement avec la police. «Nous n’avons que peu de moyens techniques et légaux d’investigation, mais lorsque nous constatons des comportements manifestement suspects, ou la présence d’objets pouvant faire penser à la drogue, nous le signalons aussitôt à la police, comme ce fut le cas à Bex récemment.»
Le canton veut plus de contrôles
Le communiqué vient des deux départements des ministres vaudois Jacqueline de Quattro et Philippe Leuba, en charge respectivement de la sécurité et de l’intérieur. Mais le contenu est partagé par le municipal lausannois de la police. Philippe Leuba et Jacqueline de Quattro demandent expressément à l’EVAM et aux services cantonaux concernés d’agir plutôt que de réagir face au trafic de drogue dans certains centres. Ils parlent de plus de contrôles et de fouilles effectués de manière préventive. Selon Denis Pittet, chargé de communication du département de Philippe Leuba, ces actions doivent être menées par la police, qu’elle soit lausannoise ou cantonale.
L’EVAM n’a pas la possibilité légale d’effectuer des fouilles de chambres ou corporelles. Selon son directeur, elle va continuer à signaler les cas suspects aux autorités.
J. DU.
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