lundi 20 octobre 2008

La compagne d'un sans-papiers s'immole par le feu

SANS-PAPIERS
Immolation : décès de la compagne d'un clandestin

NOUVELOBS.COM | 19.10.2008 | 12:08


La femme qui s'est immolée samedi matin devant la prison du Mans pour empêcher l'expulsion de son compagnon arménien est décédée dimanche matin des suites de ses blessures.


Son geste désespéré lui a coûté la vie. Samedi matin, Josiane Nardi s'est immolée devant des journalistes interloqués qu'elle avait convoqués pour protester contre l'expulsion de son compagnon arménien. Elle s'est aspergée d'essence puis s'est mis le feu. Transférée à l'hôpital car très gravement atteinte, elle n'a pas survécu, indique le centre hospitalier de Tours, dimanche 19 octobre. Brûlée au troisième degré sur la quasi-totalité du corps, elle avait d'abord été emmenée à l'hôpital du Mans avant d'être transférée dans "un état très grave" au service des grands brûlés de l'hôpital de Tours, rapporte la préfecture. 

La femme de 60 ans entendait faire un geste fort pour dénoncer la situation des sans-papiers en France, et attirer l'attention sur le cas de son compagnon, un Arménien qui était détenu à la maison d'arrêt du Mans pour avoir refusé à 18 reprises de monter à bord de l'avion qui devait l'expulser. Samedi matin, il devait être transféré vers le Centre de Rétention Administrative avant son expulsion définitive vers l'Arménie.

Les défenseurs montent au créneau

Le président du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), Mouloud Aounit, a fait part dimanche de son "effroi" et appelé "à un urgent sursaut des consciences". "Ce geste de désespoir absolu, qui malheureusement en appellera d'autres, est un insoutenable révélateur des ravages de cette brutale, cruelle et inefficace politique du chiffre" en matière d'immigration, a-t-il estimé dans un communiqué. "Ce drame doit non seulement nous interpeller mais appeler à un urgent sursaut des consciences devant cette politique de criminalisation de l'immigration". Il a par ailleurs rendu "coupable et comptable l'ensemble du gouvernement des dégâts de cette politique".

Julien Dray, porte-parole du Parti socialiste, a estimé dimanche que "l'inhumanité commence à se banaliser et à s'installer comme quelque chose de régulier. Cela suffit : on ne peut plus continuer comme ça ". "Avec la politique actuellement menée par le gouvernement à ce sujet, les drames n'empêchent pas que d'autres drames se produisent", a-t-il déclaré dans un communiqué dimanche.

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