Régularisations: "Il y a urgence" selon le FAM
Le Forum asile et migrations (FAM), une plate-forme de 120 organisations luttant pour une autre politique d'asile et de migrations, a appelé mercredi le gouvernement à sortir rapidement une circulaire sur la régularisation des sans-papiers."Attendre, c'est provoquer plus de chaos", dit Frédérique Mawet, porte-parole du FAM. Elle cite ainsi les intervenants sur le terrain qui sont confrontés à la détresse grandissante des sans-papiers face aux hésitations du gouvernement. Pour le Forum asile et migration, la circulaire doit aussi pouvoir permettre la régularisation de personnes qui n'ont jamais eu aucune existence légale en Belgique mais qui y ont des attaches durables. "Si aucune ouverture n'était faite pour ces personnes, ce serait une mesure qui passe à côté de son objectif", estime Mme Mawet.
Le FAM estime qu'une seule régularisation par le travail pour ces personnes qui n'ont jamais eu d'existence légale en Belgique n'est qu'un "miroir aux alouettes" car elles ne concerneraient que ceux qui travaillent pour des patrons "corrects" qui rémunèrent aux barèmes du secteur. Selon lui, ne changera rien au travail clandestin qui existe en Belgique. "Tout le monde n'en peut plus d'attendre. Le gouvernement doit décider", dit Mme Mawet. "Tergiverser comme il le fait depuis deux ans provoque le fameux 'appel d'air' qu'il redoute tellement et les actions désespérées", dit-elle.
A l'invitation du Forum, des acteurs de l'enseignement, de la santé, du social, des structures d'accueil pour demandeurs d'asile, du barreau et du monde du travail ont témoigné des difficultés qu'engendre l'absence de décision en matière de régularisation.
"Ces personnes sont de plus en plus tentées par des actions qui peuvent les mettre en danger", indique Pascale De Ridder, une psychologue qui accompagne des sans-papiers. "Leur désespoir a des conséquences. Le père ne peut plus exercer sa protection. La famille de ces personnes devient dysfonctionelle", renchérit Francine Dal, psychologue au Centre d'aide rapproché pour demandeurs d'asile.
"En tant que travailleur social, on ne peut que les accompagner dans leur attente, faire du caritatif via une aide alimentaire car, sans-papiers, ils n'ont pas de droits", souligne Betty Nicaise (Fédération des associations sociales de santé). Mieke Van Hecke, directrice générale du Secrétariat flamand de l'enseignement catholique, souligne que de plus en plus d'enseignants signalent le cas d'enfants en désarroi complet à la suite de la peur d'être arrêtés. Pour Me Pascal Chevalier, administrateur de l'Ordre des barreaux francophones et germanophone, cette absence de décision du gouvernement confine à la négation de l'Etat de droit.
"Le report successif de la circulaire suscite l'incompréhension, la colère, des tensions avec le personnel des centre fermés. Le sentiment qui domine est l'injustice", dit Eric Wynants, visiteur au centre fermé de Vottem. Le Dr Michel Roland, qui a accompagné des grévistes de la faim, a mis en avant l'impuissance des médecins face à la détresse de ces gens. Ces médecins ont d'ailleurs décidé d'arrêter leur travail, notamment par manque de moyens. "Nous pensons que ces actions vont se multiplier", prédit-il.
Des syndicats, membres de la plate-forme, soutiennent les revendications du Forum. "Nous ne sommes pas contre la migration économique. Mais nous ne sommes pas d'accord que l'on s'en prenne à des étrangers qui sont ici et intégrés", dit Jan Renders, président de l'ACW (équivalent flamand du MOC, Mouvement ouvrier chrétien). De son côté, la FGTB estime essentielle l'adoption de la circulaire Turtelboom dans une perspective strictement humanitaire, fondant la régularisation sur le critère d'ancrage local durable. (belga/7sur7)
10/09/08 13h54
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