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Denise Efionayi-Mader, directrice adjointe du Forum suisse pour l'étude des migrations de l'Université de Neuchâtel, commente les résultats de l'étude concernant la Suisse.
Ci-dessous l'article sur le même sujet provenant du Courrier
MIGRANTS - Une étude menée au niveau européen relègue la Suisse en fin de classement des politiques de lutte contre les discriminations à l'égard des migrants.
«Une loi antidiscrimination forte manque à la Suisse.» C'est une analyse comparative de la politique d'intégration des Etats de l'Union européenne à l'égard des immigrés des pays tiers1 qui le révèle. Cette étude menée par le British Council et le Migration Policy Group place la Confédération à la 25e place des pays ayant mis en place une politique de lutte contre les discriminations à l'égard des étrangers sur une liste de 28 – les 25 membres de l'ancienne UE, la Norvège et le Canada. Juste avant la Tchéquie et l'Estonie. A l'heure de l'affiche sur les moutons noirs et de l'initiative contre les minarets, ce résultat n'est pas anodin. Les chercheurs remarquent que si la lutte contre la discrimination intègre bien le respect des croyances religieuses et des différences ethniques, elle ignore totalement les discriminations liées à la nationalité. «Seul un nombre limité de personnes peuvent être poursuivies. La majorité des cas ne sont pas couverts par la loi», note l'étude. En Suède – reconnu comme le bon élève européen –, la loi protège à la fois les victimes de discrimination directe et indirecte, dans des lieux publics ou des milieux privés. Contrairement à la Suisse, elle punit indifféremment les discriminations liées à la religion, à l'origine ou à la nationalité. Par ailleurs, le pays scandinave a mis sur pied une série d'agences spécialisées chargées d'assister les victimes et de mener des procédures judiciaires en leur nom.
Résultats médiocres
Dans les autres domaines analysés, si la Suisse ne s'affiche pas au bas du classement, elle ne brille pas non plus par ses qualités intégratives. Ainsi, les chercheurs notent que le regroupement familial est généralement soumis au bon vouloir des autorités et doit remplir de nombreuses conditions astreignantes. Avec la nouvelle loi sur les étrangers, un migrant qui souhaiterait faire venir son enfant de plus de 12 ans a une année pour accomplir les démarches nécessaires, autrement il perd ce droit.
En terme de participation politique, la Suisse se distingue – comme 21 autres pays analysés – par le respect des libertés politiques des migrants. Par contre, l'étude note que les étrangers ne peuvent que très rarement exercer leurs droits civiques. De même, l'accès à la nationalité est jugé particulièrement difficile en Suisse. Les migrants doivent attendre douze ans avant de se porter candidats à une naturalisation et les «tests» qu'ils doivent passer varient d'un canton à l'autre. Les conditions à remplir peuvent être aussi arbitraires que le fait d'avoir un «bon caractère». Par contre – mais jusqu'à quand? –, la naturalisation est un acte quasi définitif. Les cas de retrait de nationalité sont rares et n'ont lieu que lorsque cette dernière a été obtenue frauduleusement ou quand la personne constitue une menace grave pour l'ordre public.
Bon accès au travail
Seule lumière au tableau, l'étude estime que l'accès des migrants au marché du travail suisse est facilité. Dans ce domaine, l'Helvétie se situerait à la deuxième place du classement général, juste derrière la Suède. «Les migrants bénéficiant d'un permis ont les mêmes chances d'accès aux emplois salariés et indépendants que les Européens.» Le rapport remarque également que si les migrants peuvent facilement participer à des cours de langue ou des formations, la reconnaissance des diplômes laisse encore à désirer. A noter également que l'étude ne tient compte ni de la situation des travailleurs sans statut légal ni de celle des requérants d'asile. I
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