lundi 16 juillet 2007

Les défis africains qui attendent Berne

Quelle place y a-t-il pour la Suisse en Afrique à l’heure de la redistribution des cartes? Alors que Micheline Calmy-Rey poursuit sa tournée, l’analyse des experts.



VISITE Micheline Calmy-Rey à l’île de Gorée.
«Diplomatiquement et dans des conflits comme le Darfour,
la Suisse, de par son image et sa neutralité, peut jouer un rôle pacificateur»
estime un analyste
ÎLE DE GORÉE, LE 13 JUILLET 2007 AP

Quelle présence pour la Suisse en Afrique? C’est le thème central du voyage de Micheline Calmy-Rey dans sept pays africains, à l’heure où les ONG demandent plus d’ar­gent pour enrayer la pauvreté qui frappe ce continent.
Longtemps délaissée, l’Afrique se retrouve aujourd’hui au coeur d’une redistribution des cartes géostratégiques. «Actuellement, la Suisse est libre de réfléchir à toute sa politique dans ce continent, estime Jean-Pierre Gontard, direc­teur adjoint de l’Institut universi­taire d’études du développement. Car, contrairement à la France, le pays n’a pas de passé colonial et ne se retrouve pas en première ligne en matière de pression migra­toire. » D’autre part, poursuit-t-il, la Suisse y jouit d’une grande
crédibilité. «Sa seule contrainte, c’est que les fonds consacrés par Berne au développement sont ridi­culement bas», note Jean-Pierre Gontard. Selon lequel la carte à jouer du pays réside dans sa tradi­tion de neutralité et la promotion et le maintien de la paix.
Un point de vue partagé par le journaliste économique suisse Di­dier Planche, directeur, au Came­roun, du mensuel
FinancEco en Afrique centrale. «Diplomatique­ment et dans des conflits comme le Darfour, la Suisse, de par son image et sa neutralité, peut jouer un rôle pacificateur. Mais sur le plan de la coopération économi­que bilatérale, c’est très limité», estime-t-il. Car Berne a placé des exigences de gouvernance élevée. Autrement dit, elle s’investit là où ilyalemoins de corruption.
Chine et USA très présents

Les intérêts de la Suisse, résume Didier Planche, ne sont pas les mêmes que ceux des autres pays occidentaux: «Elle est en terre in­connue en Afrique subsaharienne, sauf en Afrique du Sud, où elle a longtemps eu un rôle de bailleur de fonds.» Selon l’expert, si ce continent représente un nouvel en­jeu de développement économi­que,
c’est surtout pour des raisons de ressources pétrolières. «La Chine et les Etats-Unis y sont très présents. La Suisse, elle, ne peut pas tellement tirer son épingle du jeu. A part dans certains secteurs comme l’alimentaire, les engrais, les médicaments, les transports ou le contrôle, les entreprises helvéti­ques n’ont pas beaucoup d’intérêt à s’implanter en Afrique.» De son côté, Jean-Pierre Gon­tard relève: «Certes, la Suisse ne peut pas régater économiquement avec certains pays, et l’absence de cadre légal freine les investisse­ments helvétiques. Mais les entre­prises suisses ont tort de ne pas s’intéresser davantage à l’Afrique.» Selon lui, les possibilités de bénéfi­ces mutuels existent en nombre, notamment avec le développe­ment de l’urbanisation et des be­soins à satisfaire au niveau de l’assainissement de l’eau, de l’élec­tricité ou des transports urbains. «La Suisse à y gagner. Et l’Afrique aussi.»

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