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Face à la multiplication des naufrages tragiques en Méditerranée, les 27 vont renforcer les patrouilles dans la zone mais ils ne sont pas prêts à se partager le "fardeau" de l'accueil des immigrants secourus, comme le souhaite Malte
"Nous ne pouvons accepter que des vies humaines soient perdues et nous n'abandonnerons pas Malte à son triste sort", a assuré le ministre allemand Wolfgang Schaüble, dont le pays préside l'UE, à l'issue d'une réunion mardi avec les ministres européens à Luxembourg.Dans leurs conclusions, les ministres sont tombés d'accord pour discuter "d'un système de partage des responsabilités" sur la "situation spécifique difficile" de Malte, mais dans leur esprit il n'est pas question d'une répartition des immigrants secourus comme le demande la petite île.
"Cela me parait très difficile, on ne peut pas faire deux poids, deux mesures uniquement sur les immigrés venus de la Méditerranée", a commenté le nouveau ministre français de l'Immigration Brice Hortefeux.
Depuis la mi-mai, plusieurs naufrages dramatiques d'embarcations surchargées ont été signalés entre la Libye, d'où partent les clandestins africains, et Malte.
"Chaque année, il y a 600 immigrants qui meurent - et c'est une estimation basse - aux portes de l'Europe. Ce chiffre pourrait encore augmenter cette année", a prévenu le ministre maltais de l'Intérieur Tonio Borg.
Des photos d'immigrants accrochés à des cages d'élevage de thon ont fait le tour du monde et Malte a été accusée, à tort selon elle, d'avoir manqué à ses obligations en refusant l'entrée à un chalutier espagnol qui avait recueilli des clandestins, sous prétexte que le sauvetage avait eu lieu dans les eaux libyennes.
Face à cette situation, M. Borg a proposé que les immigrants qui sont sauvés dans la zone de secours de la Libye - et que Tripoli refuse de reprendre car elle conteste la taille de sa zone - soient accueillis à tour de rôle par les 27.
Chaque pays devrait "s'engager à recevoir tour à tour ces immigrants en proportion de sa population", a-t-il estimé.
Malte a sauvé 7.000 personnes depuis cinq ans, alors que la petite île ne compte que 400.000 habitants, a-t-il affirmé.
"C'est évidemment le navire le plus proche du point de détresse qui doit secourir. Le problème, c'est qui accepte les immigrants ensuite", a-t-il expliqué.
Les immigrants sauvés seraient débarqués dans l'Etat le plus proche, c'est-à-dire à Malte ou l'île italienne de Lampedusa, puis répartis dans les différents pays qui examineraient une demande d'asile ou les rapatrieraient.
Seule l'Espagne a apporté son soutien à cette idée, le ministre Alfredo Pérez Rubalcaba estimant qu'il fallait aussi l'appliquer aux mineurs non accompagnés (ne pouvant pas être expulsés) qui arrivent aux îles Canaries dans l'Atlantique, l'autre grande voie d'immigration maritime.
Ces arrivées aux Canaries sont sensiblement moins nombreuses depuis la mise en place d'opérations de patrouilles coordonnées par l'agence aux frontières de l'UE Frontex, en collaboration avec les pays d'Afrique de l'Ouest.
Le commissaire en charge de l'immigration Franco Frattini a aussi lancé un appel aux ministres pour qu'ils mettent effectivement à disposition de Frontex les moyens navires ou hélicoptères promis.
Une opération "Nautilus" est prévue à partir du 25 juin en Méditerranée avec Malte, la Grèce, l'Allemagne, la France et l'Italie jusqu'en octobre.
M. Frattini a cependant pointé du doigt une nouvelle fois le manque de collaboration avec la Libye, qu'il aurait voulu associer à ses patrouilles maritimes conjointes pour davantage d'efficacité.
"Dans le passé ils nous ont fait beaucoup de promesses mais jusqu'ici nous n'avons pas vu de résultats concrets", a regretté M. Frattini.
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