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Au nom de quoi peut-on justifier le renvoi d'un requérant d'asile qui a vécu presque toute sa vie en Suisse, pays dans lequel il a effectué sa scolarité, où il souhaite vivre et travailler? C'est la question que soulève le cas de Manuel, un Biennois de 21 ans qui a été embastillé dans l'attente de son expulsion. Privé dès l'enfance des privilèges dont bénéficiaient ses camarades de classe, le jeune Angolais s'est ensuite heurté à un marché du travail peu enclin à lui donner sa chance. Sans situation stable, impossible de trouver une place d'apprentissage. Sans formation, difficile de se faire engager. C'est le serpent qui se mord la queue. En Suisse, le degré d'intégration est prioritairement mesuré à l'aune de la situation professionnelle. Le parcours de Manuel, empreint de larmes et de désillusions, n'a pas bien pesé lourd dans la balance. Après 15 années passées dans un pays à tradition humanitaire, il n'a plus droit à rien. A part croupir en prison. Les révélations de Manuel témoignent également de conditions de détention à la limite du supportable endurées pas certains requérants. A ce jour, l'antenne suisse d'Amnesty International a enregistré plusieurs plaintes émanant de demandeurs déboutés. Menaces, coups et acharnement psychologique constitueraient le lot quotidien de ces sans-droits. Des méthodes de tortionnaire tout simplement scandaleuses. L'objectif premier de l'asile - venir en aide à des besogneux - n'est plus qu'un vague souvenir. Un vœu pieu d'une partie de la population suisse, qui semble avoir confondu vigilance et chasse aux sorcières. Le respect des Droits de l'homme n'est pas synonyme de naïveté ou d'angélisme. La dignité ne saurait être refusée à personne, même aux requérants qui abusent de l'hospitalité helvétique. Objectivement, Manuel ne fait pas partie de cette catégorie. Lui accordera-t-on une chance de le prouver?
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