Lire dans le Quotidien La Côte
Je suis un étranger que les gens veulent voir rester, pas un «fantôme» qui fait du trafic de drogue en Suisse! Ibrahima, dit Pape Diop, un Sénégalais arrivé en Suisse suite à son mariage avec une Suissesse, aurait dû quitter son pays d’adoption avant hier. Un arrêt du Tribunal fédéral du 5 septembre 2006 indiquait en effet que M. Diop, consécutivement à la séparation d’avec sa femme, voyait son droit d’asile s’éteindre étant donné que le regroupement familial à la base de sa venue n’avait plus raison d’être.
Expulsé, mais toujours en Suisse!
Hier, alors que la date butoire fixée par le tribunal pour son retour au Sénégal était dépassée d’un jour, ce Nyonnais travaillant à Genève était toujours là et déposait à la chancellerie du Grand Conseil une pétition signée par quelque 500 personnes, dont des politiciens et, même sa propre femme, afin de demander qu’il puisse rester en Suisse. Il me restait cinq mois jusqu’à l’obtention de mon permis C, mais je ne voulais pas faire du cinéma et faire semblant d’être à nouveau avec ma femme, qui n’a pas été correcte avec moi. Elle m’a fait venir, et maintenant, je me trouve dans une situation catastrophique!, confie Ibrahima Diop, stupéfait face aux mesures prises à son égard. Des propos que son épouse réfute en bloc, elle qui confie avoir fait des sacrifices pendant 6 ans pour un homme que j’aime toujours, mais qui ne m’a jamais rendu mon amour en retour, refusant de vivre sous le même toit que moi.
D’eau de rose en eau de boudin
La romance à l’eau de rose d’Ibrahima Diop, débutée le 28 juillet 2001 lorsque son amie l’a fait venir en Suisse pour la célébration de leur mariage le 2 août, s’est vite transformée en eau de boudin! Elle tourne même au cauchemar pour ce Sénégalais, désormais âgé de 40 ans, qui entraîne actuellement avec succès deux équipes du club de football de Prangins. Tantôt séparés, tantôt ensemble, les deux époux peinent à trouver un équilibre au sein de leur couple.
En 2005, son épouse le met une nouvelle fois à la porte et contacte la police afin de signifier leur séparation, position qu’elle maintient et réitère le 3 avril 2006. Depuis, ce cas a fait l’objet de plusieurs jugements, dont cette ultime décision de renvoi du Tribunal fédéral. Je ne comprends pas que les autorités ne m’aient même pas contacté, s’offusque Ibrahima Diop, qui se bat pour lui, mais aussi les autres étrangers qui pourraient être un jour dans ma situation…
Mais selon Henri Rothen, chef du service de la population, il ne voit pas quelle autorité pourrait remettre en cause ce jugement. M.Diop a épuisé les procédures cantonales et fédérales, et le fait de dire que l’on est bien intégré et entraîneur d’un club de football ont un poids léger. Maintenant, il convient de respecter les procédures. Et puisqu’il ne tient pas compte du délai de départ, M. Diop s’expose aux mesures de contraintes, à savoir la détention administrative à des fins de renvoi.
«Cet activisme est déplacé»
Henri Rothen, chef du service de la population du canton de Vaud, est excédé par l’affaire de M. Diop: Depuis une semaine, ce dernier multiplie les interventions dans la presse et au sein du monde politique, alors que son dossier est parfaitement clair sur le plan juridique. Même s’il essaie d’activer son réseau, un jugement du Tribunal fédéral a été prononcé. Je refuse donc de m’expliquer davantage dans la presse, et recevrai un certain nombre de personnes qui m’ont sollicité, même si je trouve cet activisme totalement déplacé et inadmissible!
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