mercredi 1 novembre 2006

Courrier des lecteurs de 24heures

Ne pas minimiser la traite atlantique!
En réponse à la lettre de M. Dominique Vanthier intitulée «Quelques vérités sur l’esclavage» ( 24 heures du 25 octobre 2006):

Il est bien curieux que M. Vanthier commence par le XVIIIe siècle quand il évoque la traite des Noirs. Procédant par amalgame, il nous aligne des roitelets indigènes, Jules César, des pirates et j’en passe. Mélangeant ainsi les époques et les événements pour relativiser la souffrance des Africains. Ils ne sont que des Noirs!
Je crois à la fraternité, mais face à l’arrogance, il faut rester ferme. Je ne connais pas une seule société qui n’ait pas connu l’esclavage comme institution sociale. Mais si dire cela équivaut à engager la responsabilité des Africains pour dégager celle des Européens dans la traite des Noirs, alors nous pataugeons dans le négationnisme.
La traite atlantique a ses traits propres: le caractère massif de la déportation d’un continent à un autre, sans aucune déclaration de guerre. Sa durée (quatre siècles!).
Son aspect commercial et financier ainsi que sa philosophie. 25 millions de déportés africains constitue le crime contre l’humanité le plus lourd que l’Europe refuse d’assumer. Car on sait que pour un seul Noir arrivant en Amérique cinq à sept Noirs mouraient en route.
Un auteur a dit que la mémoire des acteurs est toujours plus courte, alors que les souvenirs des victimes durent longtemps.
On ne peut parler de la prospérité de l’Europe, sans parler de la traite négrière, de l’esclavage négrier aux Amériques et de l’esclavage à domicile qu’on appelle aussi la colonisation. La seule mauvaise foi ne suffit pas à effacer un génocide qui mérite à être connu et assumé
Roger Puati,
pasteur, Lausanne

La paranoïa de l’Occident
M. Blocher parle de l’aide de la Suisse à l’Afrique et constate, avec justesse, que cette aide n’atteint pas les objectifs visés. Aussitôt on dit qu’il a traité les Africains de paresseux et d’incapables. Il parle de la liberté d’expression au sujet du génocide arménien et se voit traité de négationniste. A l’étranger, un théâtre allemand doit annuler un opéra de Mozart dont la mise en scène aurait pu choquer la communauté islamique (mais pas les Chrétiens). Quelques caricatures créent un tollé général chez nos frères musulmans. Et quelques paroles anodines, du pape ont failli mettre le feu à la planète.
Quelle est donc cette paranoïa qui saisit le monde occidental? Ces réactions me font penser au traité de Munich où les mêmes Occidentaux ont courbé l’échine devant un dictateur de triste mémoire. Un pur terrorisme intellectuel envahit peu à peu l’esprit des Occidentaux et les rend au plus haut point timorés.
Pourquoi ne crie-t-on pas sur les toits aux génocides que les Blancs ont perpétré et perpètrent encore en Afrique, depuis la traite des esclaves, le massacre des Boshimans, la tragédie du Rwanda et à la guerre terroriste faite par la France à la Côte d’Ivoire pour continuer à s’approprier ses richesses? Pourquoi ne dit-on rien du génocide actuel du peuple irakien et de la destruction de sa culture, vieille de plusieurs millénaires? Il n’est pas politiquement correct d’en parler tant ilyad’intérêts économiques et financiers en jeu. Sans parler du massacre des Indiens d’Amérique pour des besoins mercantiles… Quant à la Shoah – un des événements les plus terribles du XXe siècle – il est dommage pour la paix des âmes de ceux qui y ont laissé leur vie, que certains milieux juifs en fassent leur fond de commerce
Denis Mottet,
Lausanne

Les conditions d’un vraie aide
A propos des réactions aux «débordements» blochériens»: fustiger systématiquement un personnage politique sans essayer de comprendre ce qu’il veut dire est aussi du racisme. Il se trouve que «ceux qu’on n’aime pas au gouvernement» ont parfois – même exagérées – des paroles sensées. Il serait donc plus honnête de reconnaître que dans certains cas M. Blocher ou d’autres, n’ont pas forcément tort.
Ilyaceredoutable effet d’aimant de l’Europe qui amène des étrangers à immigrer massivement, y compris au risque de leur vie. C’est un échec cuisant pour les dirigeants de leurs pays d’origine qui avouent ainsi leur inaptitude au développement local.
Le problème récurrent de l’aide au tiers-monde a trouvé définitivement sa réponse: «On ne peut aider personne si cette personne ne fait pas la moitié du chemin» (ce qu’entendait M. Blocher en disant «les Africains sont paresseux»).
C’est aux gouvernements d’entreprendre des réformes dans leur pays et à nous de cesser notre partenariat si favorable à l’apparition de mafias ou à ces familles dirigeantes bien loties en comptes dans les paradis fiscaux. Quant à la Suisse, suffisamment affaiblie par ses options récentes d’économie globalisée, elle doit bien combattre sa propre pauvreté avant d’accueillir quiconque.
Lorsque nous aurons rééquilibré le système, nous serons aptes à accepter les étrangers. Mais aujourd’hui, hélas, «charité bien ordonnée commence par soi-même», comme le peuple vient de le confirmer. C’est sans doute cela que M. Blocher exprimait avec maladresse et quelques relents de xénophobie, mais qui ne rend pas ses propos stupides pour autant
Yorick Delaunay,
La Croix-sur-Lutry

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