Trois femmes se battant pour l’asile encaissent le résultat des votations et repartent sur le terrain, plus fortes que jamais.
Qu'ont-elles en commun? Elles sont nées dans la première moitié du siècle dernier: historique. Leur prénom commence par un j: anecdotique. Elles sont toutes les trois Lausannoises: emblématique. Ces trois militantes soutiennent et accompagnent au jour le jour des étrangers en danger d'expulsion dans le canton de Vaud: éthique.
Militantes de la base par excellence , Julia Ogay-Zosso, Jeanne-Marie Perrin et Josefina Posse-Murgui sont connues comme des louves blanches des autorités et des étrangers. Depuis plus de cinq ans, sur le trottoir devant le Service de la population (SPOP), en visite au Centre de détention à Frambois (GE), au refuge de Bellevaux en 2001 ou encore dans les assemblées, elles battent la semelle pour la cause qu'elles jugent juste. Le double oui aux lois sur l'asile et les étrangers ne les a pas laissées pantoises; elles s'y attendaient.
«Fière d'être Lausannoise»
«Il y avait en face de nous un rouleau compresseur avec écrit «Patrie» qui prétendait lutter contre des envahisseurs malfaisants: Alors pas de surprise. Blocher avait la peur pour fonds de commerce», explique Josefina. «Catastrophée», Jeanne-Marie a appris la nouvelle en voyage confessionnel en Arménie. «Et puis je me suis dit que j'étais fière d'être Lausannoise, de vivre dans une ville qui a refusé ces deux lois.» Même son de cloche chez les deux autres femmes. «Quand je croise un voisin, constate Josefina, je me dis que je suis mieux accompagnée qu'à Glaris.»
Un quart de chrétiens
Veuve de pasteur, Jeanne-Marie a une pensée particulière pour les représentants des catholiques, israélites et protestants. «Cette votation c'est une claque pour les pasteurs.» A quoi cela sert-il de monter en chaire pour faire passer un message chrétien? «A voir les résultats, Il ne doit y avoir qu'un quart de chrétiens en Suisse», ironise Julia.
Balayé le passé, voilà les trois militantes mises devant une loi accomplie . Elle que nombre de Kosovars appellent grand-mère, tante ou marraine, Julia continuera à se battre par tous les moyens possibles pour venir en aide aux requérants de tous pays déboutés, en danger. Les moyens légaux et les autres: «La clandestinité, cela s'est fait, se fait et se fera. Les nouvelles lois n'y changeront rien», déclare la Lausannoise entrée en militance en 1998 au sein de «Kosovë Urgences» maintenant membre de la Coordination Asile, sans oublier «en 4 ans on prend racine».
Jusqu'où désobéir?
Josefina, une cheville ouvrière du petit groupe «Non aux expulsions», n'en pense pas moins. «Le durcissement est inéluctable. Nous sommes déjà à la frontière de l'illégalité et cela n'a pas suffi. Alors on va continuer.» Jeanne-Marie, elle, «en veut aux Suisses si généreux quand il y a une catastrophe à l'étranger mais qui aujourd'hui n'ouvrent plus leur porte». Et la conseillère paroissiale de se demander: «Demain, jusqu'où désobéir?»
La vie, la rue, la désobéissance
A. W.
Fort d'un réseau cantonal (200 membres), Coordination Asile-Vaud va accentuer ses actions. Pour Nanda Ingrosso et Me Christophe Taffelmacher, des animateurs de l'association, trois actions sont envisagées. Parler aux Suisses afin qu'ils comprennent l'incidence des lois sur les familles d'étrangers menacées, avoir recours si nécessaire à une attitude contraire à la loi et manifester dans la rue car ce n'est pas parce qu'une majorité vote une loi que la loi est juste. D'ailleurs une première manifestation organisée par la coordination-Asile et le collectif de soutien aux sans-papiers est organisée samedi prochain à 14 h Place de la Riponne à Lausanne.
Joker pour la coordination: «que vont faire, se demande Christophe Taffelmacher, tous les fonctionnaires qui devront appliquer ces lois?»
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