samedi 30 septembre 2006
Gare à la xénophobie!
Un triste fait divers s’est produit récemment: deux enfants ont violé une petite fille. La presse s’est soigneusement abstenue de faire mention de la nationalité des deux enfants coupables. A juste titre: un certain consensus existe parmi les journalistes en ce sens que les «faits divers», si atroces soient-ils, ne justifient pas l’indication de nationalités, sauf exceptions (personnalités connues, criminels franchissant la frontière, etc.).
Or M. Blocher, ministre de la Justice, a cru, lui, devoir immédiatement souligner la nationalité étrangère de l’un des enfants. Pour l’autre, qui était Suisse, il s’est aussitôt rabattu sur…. son origine étrangère. Cela est scandaleux.
Même et surtout avant une votation sensible, on ne saurait chercher à attiser la xénophobie de cette façon-là. D’autant moins que les spécialistes de ces problèmes (criminologues, assistants sociaux etc.) sont unanimes: de tels actes n’ont rien à voir avec une question de nationalité ou d’origine.
Une fois de plus, il faut rappeler que le fait de stigmatiser telle nationalité ou telle origine est un acte de xénophobie. Et que le fait de constamment mettre en évidence la nationalité étrangère, tout comme d’ailleurs l’aspect ethnique, finit par graver dans les esprits l’équation simpliste «étranger = criminel».
Hélas, la xénophobie n’est pas encore prohibée par le Code pénal. Il n’est jamais trop tard.
Face à de telles dérives, ce serait le moment de la pénaliser, comme cela a été fait, en bonne partie grâce à l’action de la LICRA, contre le racisme et l’antisémitisme
Philippe Nordmann,
président de la commission juridique de la LICRA, Lausanne
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