mercredi 21 juin 2006

La loi sur l'asile soutenue à reculons

Les partis bourgeois font face à des divisions internes.
Pratiquement pas un jour ne passe sans que la gauche, les Eglises ou quelque ONG ne pu­blient une nouvelle prise de posi­tion contre le durcissement des lois sur l’asile et sur les étran­gers. La manifestation nationale de samedi dernier à Berne a montré un camp référendaire en front uni dans la campagne pour les votations du 24 septembre. En revanche, le camp adverse ne s’est toujours pas jeté dans la bataille.
Depuis le dépôt des référen­dums, début avril, on a peu en­tendu les ténors des partis bour­geois, qui ont fait passer les lois au Parlement. Christoph Blocher lui-même se fait assez discret. Le conseiller fédéral a annulé un débat prévu avec l’évêque de Coire Amédée Grab, et a finale­ment refusé – après avoir dans un premier temps accepté – des face-à-face dans les médias avec l’ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss, présidente du double comité référendaire. Offi­ciellement, le tribun zurichois affirme qu’un conseiller fédéral n’a pas à s’immiscer dans une campagne de votations. Peut­être pressent-il aussi qu’être trop clairement marquées du label blochérien pourrait desservir ces deux lois?
Pas de comité interpartis
D’autre part, alors que certai­nes voix illustres, ainsi que cer­taines sections cantonales, font sécession au sein des partis radi­cal, libéral et démocrate-chré­tien, les membres de ces forma­tions refusent les débats «fratri­cides » dans les médias. «Nous allons surtout faire campagne à l’interne», admet Reto Nause, se­crétaire général du PDC. «Beau­coup de sections cantonales n’ont pas encore pris position. Pour l’instant, seules les sections genevoises et vaudoises sont op­posées aux lois.» Pour Léonard Bender, vice­président du Parti radical suisse, les rares avis divergents n’y chan­gent rien: «Une campagne n’est pas une course où tout le monde doit partir au même moment», note-t-il. Les radicaux démarre­ront donc la leur début juillet, seuls. En effet, il n’y aura pas de comité interpartis à droite. Pas question pour les radicaux de faire campagne commune avec l’UDC. Les deux partis soutien­nent les révisions, mais pas pour les mêmes raisons.
De son côté, l’UDC attend seu­lement pour se lancer que son matériel de campagne soit prêt. Notamment la «traduction» de son argumentaire pour les «welsches». «Nous n’avons pas le même discours qu’en Suisse alémanique», explique le vice­président Yvan Perrin. De toute façon, le parti agrarien n’a pas trop de soucis à se faire: aucun référendum sur l’asile n’est ja­mais sorti vainqueur des urnes.
Enfin, tant les démocrates­chrétiens que les radicaux avouent avoir peu d’argent à dis­position pour cette campagne. Ils réservent leurs moyens pour l’initiative COSA (Bénéfices de la Banque nationale pour l’AVS), un sujet apparemment plus impor­tant à leurs yeux.

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