lundi 16 juin 2008

Portes ouvertes au Centre d'enregistrement de Vallorbe

24 HEURES
CHRISTIAN AEBI | 16 Juin 2008 | 00h37

«Ne nous décevez pas, Madame Widmer-Schlumpf»

ASILE La conseillère fédérale est venue remonter le moral du canton et des habitants de Vallorbe, lors des portes ouvertes du centre d'enregistrement des requérants. Ni promesse ni déclaration, mais une présence appréciée.

© Crédit photo | LA CONSEILLÈRE FÉDÉRALE: Eveline Widmer-Schlumpf, à côté du conseiller d'Etat Philippe Leuba (au centre) et du syndic de Vallorbe Laurent Francfort. Le centre d'enregistrement des requérants d'asile est source de tensions pour les Vallorbiers, Les attentes sont fortes. VALLORBE, LE 14 JUIN 2008. | MICHEL DUPERREX




Elle n'a eu qu'à jeter un oeil par la fenêtre de sa Mercedes. En passant devant la gare de Vallorbe, samedi matin, Eveline Widmer-Schlumpf comprend en un éclair le problème des Vallorbiers. Regards sombres, visages noirs, mains dans les poches: une quinzaine d'hommes sont assis sur les marches de la station. Un peu moins, sont en face, sur une barrière métallique. D'autres se disséminent en ville. Scène de la vie ordinaire à Vallorbe. Une première pour la conseillère fédérale, qui assistait à la journée portes ouvertes organisée au centre d'enregistrement et de procédure (CEP) de Vallorbe. L'occasion pour le conseiller d'Etat Philippe Leuba et le syndic Laurent Francfort d'appeler à l'aide la ministre de la Justice. «C'est un appel: ne nous décevez pas!», lui a lancé Laurent Francfort. «Donnez-nous des moyens. Les Vallorbiers se sentent victimes d'une inégalité. Nous accueillons 280 requérants, c'est plus de 8% de la population du billage, trente fois plus qu'à Bâle!». «Je comprends, je comprends», soufflera plus tard la conseillère fédérale en visitant les locaux. Porte fermée à clé. Vitrage de sécurité. L'ancienne caserne reconvertie n'a rien d'un hôtel. En ce moment, 160 requérants y logent. Peu sont présents. Samedi, on leur avait pourtant demandé de ne pas trop se montrer à l'extérieur. Depuis des années, la présence des requérants à la gare ou en ville échaude les esprits. Rien de bien méchant à reprocher aux quelque 46 000 personnes qui ont déjà défilé ici depuis l'ouverture du centre en l'an 2000. Quelques vols à l'étalage, de rares bagarres. «C'est surtout un choc culturel permanent», estime Philippe Hengy, directeur du centre.

Activités et visites

Canton et commune ont trouvé une parade: diminuer le nombre moyen de requérants (180 au lieu de 250) et les occuper pendant la journée (24 heures du 13 juin). Visites de sites touristiques ou culturels, travaux d'intérêt général et pratique du sport seront introduits dès l'automne. «Pour cela, l'Office fédéral des migrations (ODM) doit accorder deux ou trois postes en plus pour l'encadrement et acheter un véhicule», explique Philippe Leuba. Eveline Widmer-Schlumpf a promis de plancher sur cette solution concrète «dès la semaine prochaine». «Sans l'aide de la Confédération, nous irons vers un blocage. Nous devrons prendre des mesures...» dit le syndic Francfort. Toutefois, ni le canton, ni la commune n'évoquent, pour l'heure, la fermeture du centre.

Local déplacé

Ce qui sera fermé dans un premier temps, c'est le local à la gare - de l'Aravoh. L'association humanitaire et bénévole au service des requérants sera en effet déplacée. Histoire d'apaiser les esprits. L'espace attire de nombreux requérants à la gare. Les pouvoirs publics vont allouer 15 000 francs par an à l'Aravoh pour déménager. «On a accepté de déménager pour calmer le climat, dit une bénévole. Mais ce ne sera pas très utile. Il paraît qu'on va nous mettre dans des containers, juste à côté... de la gare.

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