Des personnes seront à la rue ce soir. Non point encore les migrantes et les migrants formant les nouvelles catégories d'exclu-e-s que pourraient bientôt fabriquer les lois sur l'asile et les étrangers sur lesquelles on vote ce week-end. Mais toutes celles et ceux qui ont décidé de se mobiliser une dernière fois en consacrant la nuit précédant le scrutin à une veille[1]. Au Courrier aussi, même si tout semble avoir déjà été dit sur l'inhumanité et l'absurdité de ces deux lois, nous avons décidé de mobiliser une dernière fois nos colonnes. Pour rappeler l'importance de la votation de demain dans l'histoire politique de ce pays. La Suisse est en effet sur le point de manquer une occasion unique. Pour la première fois, elle s'est lancée dans l'examen simultané de sa politique d'asile et de sa politique migratoire. Le résultat est affligeant: une loi sur les étrangers qui ferme les portes a toute personne ayant eu l'outrecuidance de naître ailleurs qu'en Europe. Et qui contraint donc les migrants économiques à tenter leur chance via la filière de l'asile. Mais la seconde loi veille au grain, en multipliant les chausse-trappes. Quitte à éliminer aussi, dans la foulée, les «vrais réfugiés». En bref: la Suisse, refusant d'admettre que son histoire comme son destin sont faits de migrations, continue à se réfugier dans le déni. Les deux textes dont ont accouché les Chambres, avec Christoph Blocher au forceps, sont non seulement une insulte aux droits humains les plus élémentaires. Ils sont également une négation des besoins économiques et sociaux de ce pays. La société civile ne s'y est d'ailleurs pas trompée, examinant avec une grande méfiance la marchandise que les parlementaires ont gobée tout rond. Qui aurait tablé, en début d'année, alors que le double référendum venait d'être lancé, sur la formidable mobilisation qu'il a permise? Sur la richesse des milieux qui, transcendant souvent les clivages politiques habituels, ont tiré la sonnette d'alarme? Sur le courage de femmes et d'hommes qui, bravant leur hiérarchie ou les mots d'ordre de leur parti, n'ont pas hésité à monter au front? Bien sûr, la bataille est loin d'être gagnée... Les derniers sondages laissent d'ailleurs planer peu d'espoir quant au résultat des votations de demain. Mais au-delà du verdict du Souverain, le taux de refus des deux lois a une importance déterminante dans la suite du combat pour les droits des migrants. Leur possible acceptation dans quelques cantons pourrait même établir un rapport de force donnant légitimité à la désobéissance civile que devront peut-être bien soutenir certaines autorités locales, suivant la voie tracée par les pionniers vaudois. Alors, pour celles et ceux qui auraient omis de remplir leur bulletin, ou de convaincre leurs proches de le faire, ce rappel: même s'il n'est plus temps d'aller à La Poste, les bureaux de vote sont ouverts dimanche matin! Note : [1]«Veillée de la loi» animée de diverses activités culturelles, ce samedi dès 18 heures sur la place de l'Ile à Genève. | |
samedi 23 septembre 2006
Veillée d'armes
Lire l'édito de Didier Estoppey
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