jeudi 29 juin 2006

Bex: "il n'est pas question de fermer le centre pour l'instant"


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La situation est prise très au sérieux. A tel point que l'émeute qui a impliqué une vingtaine d'Africains lundi soir, à Bex, au bar Le Grotto suite à une altercation entre le patron et un requérant Guinéen aura non seulement des conséquences sur les personnes impliquées, mais aussi sur les requérants de la région.

Preuve de l'ambiance particulièrement tendue qui règne actuellement dans la commune du Chablais: les autorités municipales refusent désormais de dialoguer avec la Fareas. Seul Jean-Claude Mermoud trouve grâce aux yeux du syndic Michel Flückiger. Le socialiste exige, sinon la fermeture provisoire du centre, du moins une diminution drastique du nombre de résidents.

Conscient de la nécessité de renouer le dialogue, le conseiller d'Etat a d'ores et déjà constitué un groupe de travail chargé de «trouver des solutions». Composé de représentants de la police cantonale, du Service de la population et de la Fareas, il rencontrera en début de semaine prochaine une délégation communale pour lui présenter une série de mesures.

«Face à ces comportements, il faut une rigueur implacable, martèle, le chef du Département des institutions et des relations extérieures. Nous allons notamment renforcer les patrouilles de police et nous assurer que ceux qui n'ont rien à faire au centre - les NEM - soient interdits d'entrée.»

Mais ce n'est pas tout. Les renvois seront également intensifiés. La possibilité d'une assignation à territoire pour les requérants frappés de non-entrée en matière qui ont participé à l'émeute ou qui causent des troubles est aussi étudiée. «Le but est d'empêcher les dealers de venir rôder dans la région mais il faut voir si cette mesure est possible juridiquement», explique le chef du DIRE.

Fortement critiqué par les autorités, le dispositif de surveillance du centre Fareas de Bex n'est toutefois pas mis en cause par le magistrat. Les fauteurs de troubles sont en majorité des NEM - par conséquent externes à l'institution - et des requérants domiciliés en ville, précise-t-il: «Sur les vingt Africains, seuls six venaient du centre.»

Tous ne sont pourtant pas de cet avis. Dans une interpellation déposée mardi soir au Grand Conseil, le municipal de Bex et député UDC Pierre-Yves Rapaz demande au gouvernement d'envisager la fermeture provisoire du centre et de déplacer ses 120 résidents (en majorité des hommes) dans les casernes de Savatan. Tout comme un couvre-feu. «Si on ne fait rien, la population risque de mettre en place sa propre sécurité», craint l'édile.

Pour Jean-Claude Mermoud, «il n'est pas question de fermer le centre de Bex pour l'instant». La mesure est irréalisable: le bâtiment de la Fareas est propriété de la Confédération. Quant aux casernes de Savatan, elles ne correspondent aux critères de logement et sont peu accessibles. Dans ce cas, au moins faut-il occuper les résidents, plaide le syndic. Il réclame d'avantage d'encadrement social. «Ces gens sont en stabulation libre. Il faut qu'ils aient des activités.»

Le centre Fareas de Bex est vivement critiqué par les autorités communales, qui estiment que les requérants ne sont pas assez encadrés. Pourtant, lors de la bagarre de lundi soir, seuls six des vingt Africains impliqués résidaient dans l’institution.
Le tenancier a bel et bien frappé au visage le jeune requérant d’asile
Une vraie «bouteille à l’encre»! Le propos est signé Jean-Luc Reymond, juge d’instruction de l’Est vaudois à pied d’oeuvre depuis hier en matière d’audition des témoins et acteurs de la bagarre nocturne de Bex.
Quelques certitudes toutefois: premièrement, le tenancier de l’établissement a bien asséné un coup-de-poing au visage du jeune requérant à l’origine du désastre. «Il a reconnu le fait, mais il n’est pas avéré de manière certaine que ce coup ait causé la fracture de la mâchoire dont souffre sa victime. De l’avis des témoins, elle a chuté lourdement sur le sol à l’extérieur de l’établissement», explique le magistrat. S’il n’est pas sous le coup d’un mandat d’arrêt, le patron du Grotto du Chablais n’en est donc pas moins inculpé de lésions corporelles graves. Identifié par des témoins sur le site, l’un des acteurs présumés du saccage a également été entendu, avant d’être relaxé: «Il conteste les faits et prétend n’avoir rien cassé», poursuit Jean-Luc Reymond.
Qui concède toutefois n’être qu’au tout début d’une longue série d’interrogatoires.
Appelés à durer un temps… indéterminé. «Certains témoins pourraient bien se retrouver prévenus. Et je ne peux pas être convaincu à cette heure que l’on pourra mettre la main sur tous les participants directs à la mise à sac du restaurant», lâche-t-il pour conclure.
Réactions politiques
Tous les partis — hors UDC — s’accordent sur un point: fermer le centre de Bex ne ferait que déplacer le problème de l’accueil des requérants. A gauche (POP, Verts, Socialistes), on critique le manque de politique d’intégration de la part du gouvernement. Yves Ferrari, président des Verts lausannois: «Il ne sert à rien de mettre un policier derrière chaque requérant. Les programmes d’occupation sont plus utiles.» Jean Martin, député radical, salue lui aussi ces programmes ajoutant qu’il approuverait le renforcement du dispositif de sécurité à l’intérieur des centres et sur l’espace public. Dominique Kohli, président des libéraux, réclame une plus grande sévérité dans le suivi pénal des délinquants. Il approuve la concentration des requérants dans de grands centres, à l’inverse de la gauche qui appelle l’ensemble des communes à participer à l’accueil des demandeurs d’asile.

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