dimanche 27 février 2005
Les requérants décompressent à l'aumônerie
Lire l'article complet de Rachad Armanios dans Le Courrier.
samedi 12 février 2005
Quand on..NEM Tome 3
Dans le froid – Hors du temps
Témoignages de personnes
ayant reçu une décision NEM
(Non-Entrée en Matière sur leur demande d’asile),
mises à la rue par les mesures fédérales d’allègement
Tome 3, 1er février 2005
Des personnes vivent en statut « NEM » depuis maintenant plusieurs mois dans le canton de Vaud. Elles sont à la rue. De l’été à l’hiver, elles se sont présentées à l’autorité cantonale, ont demandé régulièrement l’aide d’urgence et ont logé à l’Abri PCi, ont collaboré à l’établissement de leur identité et nationalité si nécessaire. Elles ne peuvent pas être renvoyées, la Suisse n’obtient pas les papiers nécessaires. Elles restent pourtant à la rue avec demande quotidienne d’un bon pour l’hébergement d’urgence. Elles subissent régulièrement des contrôles d’identité, vécus comme humiliants : pour elles, l’autorité qui leur a retiré leurs papiers de requérants est la même qui maintenant leur en demande. Elles ont l’impression d’avoir « joué le jeu ». C’est à devenir fou, disent-elles ; combien de temps seront-elles dans ce provisoire intenable, sans aucun projet, sans reconnaissance, sans abri de jour ? Elles se sentent acculées à la folie, à un acte de désespoir...
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Le règlement est clair à l’Abri d’hébergement d’urgence : si une personne, même connue des responsables, n’a pas pu retirer le bon quotidien pour la nuit ou jusqu’au lundi pour le week-end (retard pour une cause ou une autre), elle n’est pas autorisée à passer la nuit dans la structure d’urgence. C’est arrivé la dernière semaine de décembre à une femme, qui a dû passer 3 nuits (vendredi-lundi) hors abri (!?).
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Les services encadrant des jeunes en recherche d’emploi ou de formation sont perplexes. Des jeunes n’ont pas pu continuer leur formation ou ont dû renoncer à un apprentissage. Maintenant ces jeunes sont à la rue, font peut-être appel occasionnellement à l’hébergement d’urgence ; mais les voilà sans conseils alors qu’ils en avaient besoin, sans occupation utile ni formation alors qu’ils étaient motivés. Auto-goal social.
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« Programme : le jour, trouver un coin tranquille où somnoler. La nuit, marcher, marcher, marcher pour résister au froid. »
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Une bénévole d’un groupe d’accompagnement de réfugiés est avertie par un voisin dans son village : une personne est installée pour la nuit dans la petite gare du village (non chauffée). La bénévole s’y rend, discute avec la personne, un jeune homme africain qui a une décision NEM. Celui-ci ne veut pas accepter l’hospitalité pour une nuit. La dame lui propose de lui ramener au moins des couvertures, il semble d’accord. Le temps qu’elle passe chez elle et revienne, le jeune homme a disparu. Vers quel autre logement de fortune au froid ?? Elle ne voulait pas l’effrayer…
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Une personne a reçu une décision de Non-Entrée en Matière il y a deux ans. Elle avait un emploi rémunéré, un appartement dont elle payait le loyer sur son salaire. Son renvoi n’a pas été effectué, les autorités suisses n’obtenant pas les papiers nécessaires, vu le refus du pays d’origine et malgré la collaboration de la personne. La décision NEM entre en force : elle reçoit l’interdiction de travailler ; elle occupe encore son appartement tant que ses économies lui permettent de payer le loyer. Une demande juridique de réexamen de son cas a été déposée, sur motif d’impossibilité du renvoi.
La personne se présente à l’instance cantonale (SPOP) qui refuse d’enregistrer son adresse. Elle est sortie des listes, n’a plus d’existence pour l’administration dont elle dépend pourtant. Elle a l’impression qu’elle n’a plus le droit d’exister, alors qu’elle paie son loyer et a des démarches juridiques en cours. Mort sur papier ?
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Une personne s’est fait séquestrer son téléphone portable alors qu’elle a pu présenter à la police l’attestation d’achat provenant de l’entreprise où elle se l’était procuré. L’affaire est remise au juge d’instruction alors que la personne ne s’est pas fait signifier qu’elle avait commis une infraction !
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Un jeune mineur africain a été réintégré provisoirement dans les structures d’hébergement asile, car l’instance fédérale a accepté d’étudier une demande de réexamen de son cas. Il sort un soir avec un ami, et s’apprête à rentrer au Centre où il est autorisé à loger. Il est arrêté par la police ; celle-ci ne prend pas au sérieux l’autorisation de logement qu’il présente aux agents. Il lui est reproché de n’avoir aucun droit à séjourner ici. Il doit passer la nuit au poste au lieu de regagner son logement : on ne le croit pas ! Mais pourquoi le document, pourtant officiel, attestant son adresse, n’est –il pas pris au sérieux ??
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« Dans le froid – Hors du temps » :
merci d’avoir lu ces témoignages.
Les tomes 1, « Un seul programme, enlever la couleur » et 2, « C’est arrivé près de chez vous ! » sont encore disponibles. Vous désirez les recevoir ? Vous souhaitez être tenu-e au courant de la suite ?
Contactez-nous !
Signez et faites signer la pétition nationale
adressée à la conférence des directeurs de départements des affaires sociales : « Retour à la dignité ! » dénonçant l’absurdité et l’indignité des mesures de mise à la rue suite aux décisions « NEM ».
Pétition disponible à l’adresse ci-dessous.
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Editeur responsable :
Carrefour d’Associations autour des « NEM »
p.a. H. Küng, Alpes 24, 1006 Lausanne
021 – 320 98 75 ou 079 – 321 28 69
jeudi 10 février 2005
Soleure , la chasse aux NEM
mercredi 2 février 2005
Quand on..NEM Tome 2
« C’est arrivé près de chez vous ! »
Témoignages de personnes
ayant reçu une décision NEM
(Non-Entrée en Matière sur leur demande d’asile),
mises à la rue par les mesures fédérales d’allègement
Tome 2, 17 septembre 2004
« …Je ne sais pas où loger. J’ai encore un tout petit peu d’argent, de quand on m’a donné la dernière assistance avant de me sortir. Le soir je vais dans les bars, là où on peut entrer, parfois je reçois un verre d’eau, parfois rien. Le matin tôt, je m’achète un billet de bus, je prends le premier bus, pour dormir. Je m’installe pour dormir jusqu’au terminus. Chaque matin. Peut-être que vous me verrez. Je m’appelle Sam. »
C’était à une soirée-débat en juin dernier. Un public consterné des nouveaux durcissements fédéraux. Quelques requérants avaient accepté de venir aussi. Il a pris la parole tard, après qu’on ait demandé plusieurs fois « est-ce qu’une des personnes qui a une « NEM » aimerait nous expliquer comment ça se passe pour elle ? ». Après, il y a eu un grand silence. Personne n’a osé demander : « qu’est-ce que vous mangez ? », ni « qu’allez-vous faire quand vous n’aurez plus d’argent pour le bus ? ».
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Elles sont trois. Une femme d’environ quarante ans, et ses filles de 17 et 15 ans. Elles ont reçu un ticket pour l’aide d’urgence, quelques nuits dans l’abri PC ouvert pour les « NEM ». Le soir, il y a à souper. La nuit se passe, secteur hommes, secteur femmes, la ventilation tourne. Le matin, toilette au lavabo, petit déjeuner, puis dehors : la journée à la rue. Elles ne parlent pas un mot de français, l’aînée a gardé de l’école quelques phrases d’anglais. Tout le jour à la rue : comme elles ne savent pas où aller, elles restent devant la porte de l’abri PC. Jusqu’au soir. Souper. Nuit. Petit déjeuner. Puis ça recommence : dehors, la journée à la rue. Elles doivent quitter la Suisse par leurs propres moyens. Mais ne savent pas par où commencer. Une issue à l’attente : l’autorité chargée d’exécuter le renvoi a pu leur obtenir des documents de voyage. Les formalités pour leur renvoi sont presque achevées.
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« …De temps en temps, je vais loger à l’abri PC. Avant, j’avais un appartement. J’ai laissé quelques affaires chez un ami, mais quelqu’un a emporté certains objets. Je cherche quand même un travail, même si ce n’est pas permis. Je ne veux pas rester à ne rien faire. Je ne sais pas où laisser mon petit sac d’habits. L’autre jour, à l’abri PC, des effets ont été volés. Ma nationalité n’est pas reconnue, je ne sais même pas où on veut me renvoyer. »
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Il y a un an, ils logeaient dans un des abris PC ouverts pour des requérants d’asile, parce qu’il n’y avait plus de place dans les Foyers, parce que ceux qui en auraient eu le droit ne trouvaient pas d’appartements. Puis, des gens sont partis, ou ont été expulsés, ou mis à la rue ; des places se sont libérées dans les Foyers, et les abris PC de la région ont fermé. Parmi ceux qui y logeaient, certains se sont retrouvés à la rue, parce que leur « décision de Non-Entrée en Matière – NEM » était « entrée en force ». Dans la région, les groupes de bénévoles continuent à préparer un repas par semaine. Y viennent des requérants, et de ces personnes NEM pour qui c’est un contact, une occasion de rencontre, un lien avec des amis, des personnes connues, un jour à espérer. « Garder un contact, c’est éviter de devenir asocial », dit un bénévole. Comment font-ils le voyage, on ne sait pas. Ce n’est pas légal de les aider, on le sait. Mettre quelqu’un à la rue, mettre quelqu’un dans l’illégalité, c’est devenu légal. Mettre quelqu’un hors relation, aussi ?
mardi 1 février 2005
Interview de de Patrick Felberbaum
OUVREZ LA PARENTHESE
Patrick Felberbaum, le Conseil synodal a répondu de manière positive au Conseil d’Etat, pourquoi?
Le Conseil synodal est très préoccupé du sort qui attend les requérants déboutés. Le Conseil d’Etat tente une ouverture, notre responsabilité est de nous y engager.
Mais qu’est-ce qui vous permet de voir une «ouverture» dans la position du Conseil d’Etat?
Nous avons d’abord exprimé notre déception: toutes nos demandes n’ont pas pu être satisfaites …
Parce que vous avez des demandes? Franchement, on a plutôt l’impression que vous suivez le Conseil d’Etat sans trop réfléchir.
Nos convictions n’ont pas changé: attention particulière accordée aux femmes seules ou venant de Sebrenica, aux familles avec enfants, refus des mesures de contraintes (éléments figurants dans la position du Conseil d’Etat). Nous restons préoccupés de l’avenir des célibataires; leur sort ne devrait pas être dissocié de celui des autres personnes. C’est vrai que notre prise de position du 18 janvier aurait du répéter nos convictions et que là nous avons mal communiqué, ce qui a donné l’impression d’un revirement. Nous nous en excusons auprès des personnes fortement engagées sur le terrain, qui ont pensé que nous les «lâchions.»
Il n’en reste pas moins que le Conseil d’Etat entend toujours renvoyer ces gens, au besoin par des mesures de contrainte.
C’est vrai pour les célibataires et nous y sommes opposés. Pour les autres, le Conseil d’Etat parle de «retour», ce que nous comprenons comme un acte volontaire.
C’est bien faible pour expliquer votre revirement.
Encore une fois: nous tenons ensemble nos convictions et nos responsabilités. Aussi mince que soit l’espoir, nous devons utiliser au mieux ce délai de trois mois – et il ne s’agit pas d’une date couperet – pour envisager, avec d’autres, la forme que doit prendre l’accompagnement au retour. Les Eglises l’ont toujours dit: nous demandons avec insistance que le moins possible de renvois aient lieu, pour ne pas dire à de rares exceptions près. Mais si des gens veulent rentrer volontairement, alors imaginons des conditions cadres qui leur permettraient de le faire le moins mal possible.
Et comment allez-vous vous y prendre?
En travaillant avec les œuvres d’Eglises présentes sur place (EPER, Caritas), avec les médiateurs Eglises –Réfugiés et ceux qui sont engagés ici sur le terrain. N’oublions pas que nous n’y sommes pas seuls: nous sommes engagés avec d’autres – des partis politiques par exemple.
Vous inscrivez donc votre action dans la continuité de vos prises de position du mois de décembre, et si rien ne se passait véritablement durant ces trois mois?
Nous sommes sur une ligne de crête. C’est difficile, il y a une page blanche à écrire. Osons, aussi fragile que soit l’espérance! Ne préjugeons pas aujourd’hui des résultats.
Et pour conclure?
Franchement, nous trouvons que beaucoup d’énergie est mise – à juste titre puisqu’il s’agit de personnes – pour en réalité un petit nombre de situations. La solution soutenue par une majorité de députés devrait pouvoir être appliquée. Une solution vaudoise est possible. Mais n’oublions pas que la question de l’asile est bien plus vaste: il y a les NEM, les clandestins… et Berne durcit encore et toujours le ton. C’est inacceptable!
Le Conseil synodal
L'antichambre du renvoi, une émission de Temps Présent
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