Contrôlée par la police après onze ans de vie clandestine et en voie d'être expulsée avec sa famille, Isabel Basantes est maintenant soutenue par l'administration vaudoise. Alain Walther dans 24 Heures.
Le canton de Vaud prie Berne de faire une exception et d'accorder aux Basantes, sans-papiers équatoriens, des permis humanitaires. Depuis le printemps, la vie d'Isabel Basantes et de sa famille a basculé. Contrôlée par la police de Pully à l'arrêt du bus, la jeune femme a dû payer cash 4300 francs d'amende encaissée préventivement (24 heures du 3 juillet). Isabel, Carlos, son époux, Stéphanie et Bastien, leurs enfants, sont des clandestins équatoriens. Après onze années en Suisse, ils avaient (presque) oublié qu'ils l'étaient. Condamnés cet été à payer une amende pour infraction sur la loi des étrangers, condamnés à l'expulsion jusqu'en juin 2004, les Basantes sont toujours dans la capitale vaudoise.
Préavis positif
Hier, le Centre social protestant (CSP) et l'Association romande contre le racisme (ACOR) ont présenté la décision du canton. Mais le préavis positif cantonal ne suffira pas pour qu'Isabel et Carlos et leurs enfants restent en Suisse. Pour cela, l'Office fédéral des étrangers devrait encore annuler les mesures d'interdiction d'entrée en Suisse et statuer favorablement pour l'attribution de permis. Le soutien aux Basantes prend désormais plusieurs formes: associations, personnalités sont à leur côté, faisant remarquer que cette famille est exemplaire. Ils incarnent les quelque mille sans-papiers équatoriens installés depuis des années à Lausanne. Des gens qui travaillent, paient leurs impôts et ont des droits sociaux même s'ils n'ont pas de permis d'établissement. «La situation des Basantes est dramatique, analyse Willy Muller, directeur adjoint du CSP, et s'il existe une solution juridique et individuelle, c'est une voie excessivement difficile à suivre. Régler le problème des sans-papiers au cas par cas ne fera guère avancer les choses.» Et le CSP, qui s'occupe depuis plus de trente ans des migrants en Suisse, de prôner «une régularisation large et massive».
En ville, un autre soutien moins organisé a vu le jour. Celui de Lausannois vivant dans le même quartier que les Basantes. Une mère de famille du quartier de Valency a ainsi fait tourner une pétition en faveur des enfants Stéphanie (4e primaire) et Bastien (2e primaire), deux enfants qui ne savaient pas qu'ils étaient clandestins jusqu'à l'été dernier. Tous les professeurs du collège et des parents l'ont signée. En tout 130 signatures (sans oublier des dessins des amis de Stéphanie et de Bastien) sont parties soutenir la démarche du Service de la population (SPOP) en faveur des Basantes.
Marraines et parrains
Opposés au renvoi de la famille Basantes, soutenant la demande de permis humanitaires du canton, favorables à la régularisation de tous les sans-papiers, dix-huit personnalités vaudoises apportent leur soutien aux Basantes, parmi elles: Daniel Bourquin, musicien; Michel Bühler, chansonnier; Henri Chabloz, conseiller synodal; Anne Décosterd, députée; Léon Francioli, musicien; Anne-Catherine Menétrey, conseillère nationale; Olivier Pavillon, conservateur de musée...