mardi 5 octobre 2010

L’UDC va dégainer sans pitié

Burki Ivan S.

Bürki dans 24 Heures

Avec Ivan S. en vedette, la campagne s’annonce terrible

Ivan S

La campagne sur le renvoi des criminels étrangers est lancée. Et elle promet d’être musclée jusqu’à la votation du 28 novembre. Pour contrer «Ivan S.», le terrible violeur qu’affiche désormais l’UDC, il n’y avait pas moins d’une conseillère fédérale et trois ministres cantonaux de Justice et Police hier à Berne.

EWS campagne rce Eveline Widmer-Schlumpf est venue défendre le contre-projet élaboré par les Chambres fédérales accompagnée de trois conseillers d’Etat: le Jurassien Charles Juillard (PDC), la Valaisanne Esther Waeber-Kalbermatten (PS) et la Saint-Galloise Karin Keller-Sutter (PLR), vice-présidente de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police. Un dernier combat au Département fédéral de justice et police (DFJP) pour la ministre grisonne, qui passera aux Finances dès le 1er novembre. La nouvelle conseillère fédérale Simonetta Sommaruga (PS) reprendra ensuite le dossier.

Pour l’heure, c’est encore Eveline Widmer-Schlumpf qui a détaillé les avantages du contre-projet à l’initiative de l’UDC. La fameuse campagne des «moutons noirs», qui a recueilli en 2008 plus de 200 000 signatures ( lire ci-dessous ) . Ainsi, pour Eveline Widmer-Schlumpf, le contre-projet répond avec plus de cohérence à «cette préoccupation majeure de la population qu’est la criminalité des étrangers». Avec ce constat, qu’elle partage d’emblée avec l’UDC, la ministre grisonne n’attaque pas de front l’initiative, mais avance par un raisonnement juridique. Manière de tabler sur la confiance que les citoyens feront au Conseil fédéral lorsqu’il s’agira de choisir entre deux textes très similaires.

Principal argument avancé par Eveline Widmer-Schlumpf: la liste des infractions susceptibles de renvoi proposée par l’initiative UDC est inapplicable. Car l’automatisme des renvois viole la Constitution comme le droit international. Contrairement au contre-projet qui «va plus loin. Car plus de trente infractions sont concernées», affirme Eveline Widmer-Schlumpf. Autre argument de poids: «Une bonne intégration permet de prévenir la criminalité!» souligne-t-elle pour mettre en exergue les nouvelles dispositions relatives à l’intégration des étrangers.

L’UDC attaque de front

La riposte n’a pas tardé. Dans l’après-midi, c’est l’UDC qui tenait conférence de presse. «Le contre-projet empêche les expulsions de criminels et ancre des mesures d’intégration étatiques dans la Constitution fédérale. Ainsi, de dangereux criminels étrangers recevront bientôt un passeport suisse au lieu d’être renvoyés», lance Martin Baltisser, secrétaire général. L’angle d’attaque de l’UDC ne s’embarrasse pas de juridisme: il est doublement frontal en s’en prenant à l’expulsion et à l’intégration. C’est ainsi que se lit le slogan «Ivan S., violeur et bientôt Suisse?». Car les dispositions sur l’intégration sont interprétées par beaucoup, aussi hors UDC, comme le «prix politique à payer pour gagner une partie de la gauche à ce contre-projet». L’UDC a, elle, pris acte que le texte du parlement singeait, en le dénaturant, son initiative.

Et les démocrates du centre parient que les électeurs choisiront l’orignal à la copie. Le parti de Christoph Blocher entend thématiser le renvoi des criminels étrangers avec vigueur lors de cette votation qui s’annonce centrale en vue des élections fédérales de 2011. Le tous-ménages «Consultation populaire» sur la politique des étrangers dit bien les moyens engagés par l’UDC.

Côté partisans du contre-projet, les moyens sont eux «ridiculement bas», glisse-t-on au PLR, qui aura la responsabilité d’une campagne (menée avec le PDC et le PBD) sur le thème du «Ferme, mais juste». Le conseiller national Philipp Müller (PLR/AG) s’attend à «des débats très émotionnels. Les gens vont parler avec leurs tripes.»

En plus de ces deux fronts, Eveline Widmer-Schlumpf devra encore compter sur celui du comité «Deux fois non!». C’est-à-dire: non à l’initiative et non au contre-projet. «Pas question de soutenir le contre-projet sous prétexte que c’est un moindre mal», vitupère Ueli Leuenberger, président des Verts. «Aujourd’hui, on peut déjà expulser les gens. Je suis le premier à lutter contre les criminels, mais je ne veux pas de discrimination», explique celui qui s’attend à une «lutte extrêmement dure. Car ce sujet est le seul qui arrive encore à réunir la base de l’UDC. Sur les questions économiques et sociales – comme l’assurance AVS –, les petites gens sont en train de comprendre que l’UDC travaille contre eux.»

Le Parti socialiste est quant à lui divisé. Si le comité directeur dit aussi deux fois non, il attendra son assemblée générale de fin octobre pour donner son mot d’ordre. En attendant, plusieurs sections cantonales du PS – dont Berne et Bâle – ont déjà rallié le camp qui soutient le contre-projet du parlement. La campagne s’annonce intense et confuse!

Xavier Alonso dans 24 Heures

deux options soumises au peuple

Kevin

Au Sénégal, la solitude des femmes d’émigrés

Mariées à des hommes partis émigrer en Occident, des milliers de Sénégalaises passent des années sans voir leur mari. Elle doivent gérer la pression familiale, le manque d'argent et l'absence d'amour.

Assise sur un canapé en cuir beige, ses longues jambes se balancent sur l'accoudoir. C'est dans son salon qu'Awa (les prénoms ont été changés) déroule sa vie de femme mariée à un « modou-modou », comme on appelle les émigrés au Sénégal.

Le couple a un garçon de 3 ans. Son père ne l'a jamais vu. Jusqu'à présent, faute de papiers, il n'a pas pu revenir au Sénégal. Ce serait prendre le risque de ne plus pouvoir repartir. En attendant, coup de téléphone quotidien et envois de vidéos de la vie d'ici maintiennent le lien. Awa s'interroge :

« En dix ans de mariage, nous n'avons vécu que quatre mois ensemble. Sans cette séparation, combien d'enfants aurions-nous pu avoir ? Combien de choses aurions-nous pu faire ? »

L'indignation l'emporte quand elle raconte combien il est dur et humiliant d'obtenir un visa de tourisme pour rendre visite à son époux. Awa a attendu trois ans avant de pouvoir partir pendant ses vacances.

Un article d’Aurélie Fontaine, dont on peut lire la suite sur Rue89

Le monde confronté à de plus en plus de réfugiés quasi-permanents

Les conflits persistants dans le monde, comme en Somalie ou en Afghanistan, créent de plus en plus de réfugiés "quasi permanents" parmi les 43 millions de déracinés, a averti lundi le directeur du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) Antonio Guterres.

S'exprimant lors de l'assemblée annuelle du comité de direction de l'organisation, M. Guterres a ainsi fait valoir que 2009 avait été l'année la pire jamais enregistrée en 20 ans en terme de retour de réfugiés dans leur pays d'origine.

Seuls quelque 250.000 réfugiés ont pu rentrer chez eux en 2009, soit le quart des moyennes annuelles de ces dix dernières années, selon le HCR. "Nous assistons à la constitution d?un certain nombre de populations réfugiées mondiales", a regretté M. Guterres attribuant cette situation au "caractère évolutif et de plus en plus insoluble" des conflits qui rend plus "difficiles l?établissement et le maintien de la paix".

Le chef du HCR a donné plus particulièrement en exemple l'Afghanistan et la Somalie. Seuls 61 des quelque 678.000 réfugiés somaliens ont retrouvé leur domicile en 2009 alors qu'ils avaient été plus de 51.000 en 2001, souligne encore l'agence onusienne. Le pays connaît une situation particulièrement dramatique avec 1,5 million de personnes déplacées sur son territoire. "Je ne pense pas qu?il y ait un groupe de réfugiés aussi systématiquement rejeté, stigmatisé et discriminé", a insisté M. Guterres.

Le HCR dénombre par ailleurs 1,7 million de réfugiés afghans au Pakistan, un autre million en Iran, tandis que de nombreux autres sont dispersés dans 69 pays de la planète après près de 30 ans de conflits armés dans le pays. Quelque 5 millions sont retournés chez eux volontairement depuis 2002, selon l'agence qui fait également état de nombreux déplacements de population en République démocratique du Congo. Le HCR souligne encore que "plus de la moitié des réfugiés dont (il) assume la responsabilité vivent dans des situations prolongées. La plupart de ce fardeau est assumé par le monde en développement où vivent 4/5e de l?ensemble des réfugiés".

"Entre les besoins et les capacités en matière de réinstallation, le fossé reste immense", a insisté M. Guterres. Le HCR estime toutefois qu?environ 800.000 réfugiés ont besoin d?être réinstallés alors que le nombre annuel de places à disposition "ne représente que 10% de ce chiffre".

AFP

Un tour de vis à deux vitesses

Eveline Widmer-Schlumpf plaide pour le retrait du droit de séjour des criminels étrangers. Pour la ministre, cela ne doit pas passer par l'initiative UDC mais par le contre-projet du parlement, tous deux soumis à votation le 28 novembre.

Le lancement de la campagne sur les votations du 28 novembre concernant l'expulsion des criminels étrangers a vu le retour à Berne de la conseillère d'Etat saint-galloise Karin Keller-Sutter (plr). Non pas pour défendre l'initiative de l'UDC, mais pour soutenir le contre-projet plus nuancé que les Chambres fédérales ont décidé de lui opposer. La candidate malheureuse au Conseil fédéral a lancé hier la campagne en compagnie de la cheffe du Département de justice et police Eveline Widmer-Schlumpf et de deux autres conseillers d'Etat, la Valaisanne Esther Waeber-Kalbermatten (ps) et le Jurassien Charles Juillard (pdc). Un choix de personnalités destiné à mettre en évidence l'isolement politique de l'UDC.Dès le 1er novembre, c'est la nouvelle conseillère fédérale socialiste Simonetta Sommuraga qui reprendra le flambeau. Elle aura affaire à une virulente campagne de l'UDC qui accuse ses détracteurs de faire la part belle aux violeurs.

Liste non exhaustive

L'initiative de l'UDC a pour but l'expulsion des étrangers reconnus coupables d'une liste non exhaustive de délits allant du meurtre à la simple effraction, voire à l'abus des prestations sociales. Ses adversaires dénoncent son manque de proportionnalité. «Un petit cambriolage entraînerait automatiquement l'expulsion de la Suisse, mais pas une escroquerie de grande envergure», souligne Eveline Widmer-Schlumpf.

Un contre-projet direct

L'initiative est cependant jugée suffisamment attrayante pour que le parlement ait pris la peine de lui opposer un contre-projet direct. Celui-ci prévoit lui aussi l'expulsion des délinquants étrangers, mais il met l'accent sur la gravité de l'infraction commise. Le renvoi serait prononcé si la personne a été condamnée à au moins un an de prison pour les délits contre la personne, 18 mois pour les escroqueries et deux ans de peines cumulatives pour les récidivistes.Le contre-projet est donc aussi dur que l'initiative à la différence près qu'il prévoit explicitement le respect du droit international et du principe de proportionnalité. Il introduit aussi des dispositions sur l'intégration. «C'est la meilleure façon de prévenir le basculement des étrangers dans la criminalité», affirme Charles Juillard. L'UDC a immédiatement organisé une contre-conférence de presse, hier, pour affirmer que ces réserves rendraient quasiment impossible le renvoi de criminels étrangers, bloqué par d'innombrables voies de recours. Selon Eveline Widmer-Schlumpf, les 400 expulsions annuelles que l'on connaît aujourd'hui passeraient à 800 avec le contre-projet et environ 1400 avec l'initiative.

Quatre possibilités de vote

La procédure de vote va demander de l'attention aux citoyens. Ils pourront voter deux fois «oui» ou deux fois «non» s'ils le souhaitent. Le cas échéant, une question subsidiaire permettra de départager les partisans d'un tour de vis.A gauche, un comité pour le double non s'est déjà constitué. Il condamne «la discrimination légale des étrangers et une justice d'exception». L'assemblée des délégués du Parti socialiste se prononcera fin octobre. Elle rejoindra probablement le camp du double non.

Christiane Imsand dans la Liberté

Les frères ouïgours sont heureux en Suisse

Six mois après leur arrivée dans le Jura, les frères Ouïgours, anciens détenus de Guantánamo, s’acclimatent à leur nouvelle vie.

Arkin et Bahtiyar Mahnut

Hier, les deux frères ouïgours que le canton du Jura a accueillis il y a six mois ont tenu à remercier les autorités suisses et jurassiennes. Lors d’une conférence de presse à Delémont, ils ont dit s’être bien habitués à leur nouvel environnement et se sont montrés reconnaissants envers toutes les personnes qui leur apportent soutien, réconfort et assistance.

L’encadrement des anciens détenus de Guantánamo a été confié à l’Association jurassienne d’accueil des migrants (AJAM). L’association les épaule notamment dans l’apprentissage du français et la recherche d’une profession correspondant à leurs connaissances et compétences.

Leur priorité est d’apprendre le français

Pour le moment, les deux Ouïgours se consacrent avant tout à l’apprentissage du français, explique Pierre-Alain Berret, porte-parole du gouvernement jurassien. Un défi de taille pour les deux frères, qui parviennent maintenant à tenir une conversation simple. «Ils aimeraient apprendre plus vite, ils aimeraient que tout aille plus vite», a ajouté le porte-parole, en précisant qu’ils ont hâte de pouvoir travailler.

Les contacts avec la population se passent très bien, révèle aussi le porte-parole. Les deux migrants ont souligné la gentillesse des habitants à leur égard.

Arrivés le 23 mars dans le Jura, les deux frères ont tout d’abord habité ensemble à Delémont. Après un mois, ils ont pris chacun un appartement, l’un à Delémont et l’autre à Courroux.

Jamais condamnés par les autorités américaines

La Confédération prend à sa charge tous les frais liés à leur séjour jusqu’à leur indépendance financière. Bien que détenus à Guantánamo, les deux hommes n’ont été ni accusés ni condamnés par les autorités américaines.

Depuis l’entrée en fonctions du président Barack Obama, 67 détenus ont pu quitter Guantánamo, indique de son côté Amnesty International. 38 d’entre eux n’ont pas pu retourner dans leur pays d’origine et ont été accueillis à titre humanitaire dans d’autres pays.

La Suisse en a recueilli trois. Outre les deux Ouïgours, un ressortissant ouzbek est arrivé dans le canton de Genève en début d’année.

ATS relayé par 24 Heures

Moins de retours des réfugiés

moins de retour de réfugiés

24 Heures

Renvoi des étrangers criminels: les premiers coups sont partis

Eveline Widmer-Schlumpf a lancé la campagne du Conseil fédéral en faveur du contre-projet; l’UDC a rétorqué avec des affiches chocs.

Les premiers échanges de tirs ont fusé. Lundi, l’UDC a lancé sa campagne en faveur de son initiative «pour le renvoi des étrangers criminels» en accusant le contre-projet concocté par le Parlement d’être «mauvais et perfide». Quant à Eveline Widmer-Schlumpf, elle a lancé quelques heures plus tôt celle du gouvernement défendant ce texte, flanquée de trois ministres cantonaux dont la Saint-Galloise Karin Keller-Sutter, candidate malheureuse au Conseil fédéral. En précisant qu’il est «plus clair et plus complet» que celui de l’UDC. Et surtout qu’il ne pose «pas de problèmes de conformité avec les dispositions de la Constitution et du droit international». Voilà qui annonce une campagne animée.

Le contre-projet prévoit aussi la révocation du permis de séjour, mais insiste sur la gravité des délits commis et non sur une liste restreinte d’infractions pénales, a insisté la ministre qui passera dans un mois le flambeau à Simonetta Sommaruga. «Selon l’initiative, un petit cambriolage entraînerait automatiquement l’expulsion de Suisse, mais pas une escroquerie de grande envergure», a-t-elle dénoncé. En résumé, le contre-projet, qui contient aussi un chapitre sur l’intégration, va «plus loin» que l’initiative «car il englobe toutes les infractions graves sans exception, tout en évitant le retrait du droit de séjour dans les cas de peu de gravité».

«Violeur et bientôt Suisse?»

L’Office fédéral des migrations s’est livré à des estimations: selon le droit actuel, environ 400 étrangers sont expulsés chaque année, un chiffre qui serait d’environ 800 avec le contre-projet et de près de 1480 avec l’initiative. «Mais», avertit la conseillère fédérale, «avec le projet de l’UDC, une partie de ces renvois ne pourront tout simplement pas être appliqués parce qu’ils violent le principe du non-refoulement».

La réponse de l’UDC? Elle s’est présentée dans l’après-midi par la voix d’un «comité interpartis contre le contre-projet», qui ne doit son nom qu’au fait qu’il regroupe également un membre de la Lega et un représentant de l’Union démocratique fédérale. L’UDC a dévoilé ses affiches. Avec le slogan «Ivan S. Violeur et bientôt Suisse?». Qui se décline aussi en «Ismir», «Faruk» et «Maurice» («Detlef» dans la version allemande…), tantôt «abuseur social», «assassin» ou «violeur d’enfant». Mais toujours avec la question «Bientôt Suisse?», histoire de faire un lien avec un autre thème de prédilection du parti, les naturalisations «abusives». Le mouton noir, sur lequel l’UDC s’est appuyé pour les élections fédérales de 2007, refera également son apparition. Des partis européens d’extrême droite s’en étaient inspirés pour leurs affiches.

Très en verve, le président de l’UDC, Toni Brunner, a affirmé que le contre-projet «perfide et douteux» défendu par le Conseil fédéral n’avait que pour unique but de «saboter» l’initiative de son parti. Il donne aux étrangers criminels la possibilité d’invoquer les conventions internationales et le droit international pour empêcher leur expulsion, a-t-il critiqué. «Le contre-projet vise bien plus à empêcher le renvoi des étrangers criminels; il gonfle une onéreuse bureaucratie en multipliant les recours et les procédures», a ajouté la conseillère nationale bernoise Andrea Geissbühler, policière de son état.

La problématique des chauffards qui brisent des vies dont la presse alémanique se fait souvent l’écho? Selon Eveline Widmer-Schlumpf, le texte de l’UDC, qui parle d’homicides intentionnels, ne permet pas leur expulsion. Interrogés à ce sujet, les députés UDC présents devant la presse, se sont montrés un brin mal à l’aise. Ils se sont empressés de préciser qu’ils étaient eux-mêmes personnellement en faveur du renvoi de ces personnes.

En fin de journée, PLR, PDC, PBD et Verts libéraux, qui donneront une conférence de presse commune jeudi pour défendre le contre-projet, sont eux aussi entrés dans la danse. Ils se sont fendus d’un communiqué intitulé «Une initiative avec de vulgaires faiblesses». «L’UDC démarre son théâtre de propagandes. Son approche maladroite témoigne du manque de connaissance des règles de la démocratie des initiants qui, au travers de cette initiative, entendent avant tout mener une opération de vengeance contre Eveline Widmer-Schlumpf», peut-on y lire.

Les premiers coups sont partis. D’autres attendent en embuscade.

Valérie de Graffenried dans le Temps

De Guantanamo à Delémont, la délicate acclimatation des ex-détenus ouïgours

Accueillis il y a six mois dans le canton après avoir passé huit ans dans les geôles de la base américaine, les frères Arkin et Bahtiyar Mahmut poursuivent leur lent apprentissage de l’autonomie.

Au 196e jour de leur séjour dans le Jura, où ils sont au bénéfice d’un permis B, Arkin et Bahtiyar Mahmut, 46 et 34 ans, «sont en excellente forme physique», claironne Francis Charmillot, directeur de l’Association jurassienne d’accueil des migrants (AJAM). «Les choses se passent parfaitement normalement», dit-il.

Arkin et Bahtiyar sont Ouïgours. Pour leur plus grand malheur, ils étaient au Pakistan en 2001. Vendus par des villageois pour une récompense de 5000 dollars, ils ont été détenus durant huit ans à Guantanamo, sans y avoir été accusés ni condamnés. Déclarés «sans danger», ils ont été transférés vers la Suisse et le Jura en mars dernier (LT du 25.03.2010). Arkin et Bahtiyar ont d’abord occupé le même appartement, et depuis fin avril, par volonté d’émancipation du cadet, chacun a son propre deux-pièces, Arkin à Delémont, Bahtiyar à Courroux, à 2 kilomètres. Ils expérimentent une drôle de liberté: ils sont des hommes libres dans un pays qui n’est pas le leur, dont ils ne parlent pas la langue et ne connaissent pas les usages. Mais, tout va bien, «parfaitement normalement», selon la formule de Francis Charmillot.

Après avoir hésité, ils ont rencontré les médias, lundi à Delémont. Encadrés par le chef jurassien du service de la population, Jean-Marie Chèvre, Francis Charmillot de l’AJAM et un traducteur. Les frères ouïgours ont remercié la Suisse et les Jurassiens. Pourtant, à la question «êtes-vous heureux ici?», Bahtiyar, le cadet, qui répond seul aux questions, a un rictus. «Oui, dit-il. Il y a des difficultés, mais oui.» Les Jurassiens leur ont réservé un bon accueil. Francis Charmillot le qualifie de «remarquable». On les salue dans la rue, certains tentent de dialoguer, on leur offre du thé. «Et même des vélos.»

Pourtant, Arkin et Bahtiyar n’esquissent que des sourires crispés. Intimidés, mais pas seulement. «Ils sont encore marqués par ces années de privation de liberté», dit Jean-Marie Chèvre. «Le plus dur, c’est la langue», avoue ­Bahtiyar.

Il a effectué un stage de trois mois aux ateliers de Caritas à Delémont, à travailler dans le potager. Il voulait être «à l’air et au soleil». L’expérience s’est arrêtée, en raison de l’extrême difficulté à communiquer.

Les réfugiés ouïgours suivent quatre cours de français de deux heures par semaine: deux en groupe et deux individuels. ­Bahtiyar a dit en français: «J’ai parlé à ma mère, elle m’a dit de remercier la Suisse.»

Les rudiments de français qu’ils connaissent leur permettent de faire leurs courses. Au besoin, ils disposent d’un petit classeur avec les images des aliments qu’ils souhaitent acheter. Il ne leur est pas encore possible de tenir une conversation. «Ce sont de bons élèves», affirme le directeur de l’AJAM. Il sait d’expérience que l’apprentissage du français et de la vie en Suisse nécessite du temps. Explicitant sa formule «tout va parfaitement normalement», il précise que «leur intégration va au rythme de l’acquisition de la langue».

Que font-ils de leurs journées? «Il y a les cours de français», répond Bahtiyar, par l’intermédiaire d’un traducteur afghan qui vit à Porrentruy. Il relève que les langues ouzbèque – qu’il parle – et ouïgoure sont semblables à 70%. «Je surfe sur Internet, poursuit Bahtiyar, regarde des films ouïgours. Je sors me promener. Quand je me sens seul, je téléphone à mon frère.»

La connexion à Internet est le seul privilège auquel ont droit les frères Mahmut. Pour le reste, ils reçoivent des sommes d’argent fixées par les autorités d’aide sociale. Le Jura les refacture à Berne qui a conclu un accord financier avec les Etats-Unis.

Tout nécessite apprentissage. «Ils ne savaient pas ce qu’est un store ou un produit de nettoyage», raconte Francis Charmillot. Lorsqu’ils ont reçu leurs vélos, «il a fallu leur enseigner les règles de circulation». L’instructeur a omis de leur dire qu’il ne faut pas aller sur l’autoroute. «Deux jours après, Bahtiyar avait emprunté la Transjurane à vélo», sourit le responsable de l’AJAM.

Les frères Mahmut disent encore avoir des contacts avec les autres Ouïgours de Suisse. Ils en ont visité à Berne et Saint-Gall, d’autres sont venus chez eux.

C’était convenu au préalable: on ne parlerait pas de Guantanamo ou de l’oppression des Ouïgours en Chine. Lorsqu’un journaliste a prononcé le mot Xinjiang, Bahtiyar s’est cabré. Il a «corrigé»: «Je téléphone à mes parents chaque semaine, au Turkestan». La minorité ouïgoure n’accepte pas la dénomination de leur région imposée par la Chine (Xinjiang) et parle toujours de Turkestan.

Les photos faites, les journalistes sont repartis, se contentant des bribes servies. Arkin et ­Bahtiyar sauront-ils s’intégrer et devenir autonomes? «J’en suis persuadé», affirme Francis Charmillot. Il faudra du temps, «trois à cinq ans».

Serge Jubin dans le Temps

Les Roms kosovars s’adressent en nombre à la Belgique, à la Suède et à l’Allemagne

Le nombre des demandes d'asile en Belgique, en Allemagne et en Suède, déposées par des Roms du Kosovo, a connu un bond au mois de septembre, ont annoncé mardi les médias belges.

roms kosovars asile


Les services de l'immigration belges ont enregistré en septembre 196 demandes de statut de réfugié adressées par les ressortissants du Kosovo. La plupart de ces requêtes émanent de Roms.
Le lien entre l'afflux des réfugiés et l'expulsion des Roms de France n'est pas encore avéré, selon les médias.
A la fin du mois de juillet dernier, à la suite de troubles organisés en France par des Roms, le président Sarkozy a déclaré la fermeture de plus de 200 camps de Roms et l'expulsion de leurs occupants vers leurs pays d'origine - la Roumanie et la Bulgarie.

RiaNovosti

L’extrême droite hollandaise sur le banc des accusés

Le procès du député islamophobe Geert Wilders, figure-clé du futur gouvernement, s’est ouvert hier matin à Amsterdam.

procès geert wilders

C’est un procès pour incitation à la haine qui s’est ouvert hier matin aux Pays-Bas. Geert Wilders, député néerlandais d’extrême droite, risque 1 an de prison et près de 10 000 francs d’amende pour ses prises de position contre l’islam. Or, hasard du calendrier… ou pas, ce politicien de 47 ans, chef de file du Parti pour la liberté (PVV), vient de conclure un accord de soutien avec la coalition minoritaire de droite.

Geert Wilders est donc devenu indispensable au nouveau gouvernement des Pays-Bas. En effet, pour obtenir la majorité parlementaire, les libéraux et les chrétiens-démocrates – arrivés en tête des législatives du 9 juin dernier – ont besoin des députés de la droite populiste (24 sur 150). En échange de ce soutien, le leader du PVV a obtenu que le nouveau gouvernement interdise le port du voile intégral comme l’entrée sur le territoire de dignitaires religieux radicaux, l’accélération des procédures d’expulsion des immigrés ayant commis des crimes ainsi que le renvoi des immigrés qui échouent à un examen pour l’obtention du permis de séjour.

Le silence comme arme

Depuis hier, Geert Wilders est jugé pour incitation à la haine raciale et à la discrimination envers les musulmans et les étrangers non occidentaux. Dans des déclarations faites entre octobre 2006 et mars 2008, Geert Wilders a réclamé l’interdiction du Coran, comparé au livre Mein Kampf d’Adolf Hilter. En cause également: Fitna (discorde, en arabe), un court-métrage mis en ligne au printemps 2008, destiné, selon le député, à montrer le caractère «fasciste» du Coran.

«Je suis poursuivi en justice, mais, avec moi, c’est la liberté d’expression de beaucoup de Néerlandais qui est poursuivie», a-t-il lancé aux juges en début d’audience. «J’ai donné mon opinion dans le cadre du débat public et je peux vous assurer que je continuerai à le faire», a-t-il ajouté. Son avocat a ensuite annoncé que son client ne prendrait plus la parole durant le procès, prévu sur sept journées d’audience. «J’ai dit tout ce que je voulais dire et ne retirerai aucun mot, a précisé M. Wilders et, sur conseil de mon avocat, je fais appel à mon droit au silence.»

C’est un peu plus tard que Geert Wilders a demandé la récusation de ses juges. Il a reproché au président Jan Moors ses commentaires à propos de son droit au silence qui, selon lui, sèment un doute sur l’impartialité du tribunal.

Cette première journée d’audience s’est donc achevée sur la nomination d’une Chambre indépendante pour statuer sur la demande de récusation. Elle rendra sa décision aujourd’hui en début d’après-midi. D’ici là, le procès est suspendu. Selon le tribunal, le verdict devrait être rendu le 4 novembre.

Yannick van der Schueren dans 24 Heures

Racisme: Strasbourg fait front

maire de Strasbourg Le maire de Strasbourg, Roland Ries, appelle mardi, sur Internet, à la mobilisation après une douzaine d’actes antisémites, antimusulmans et l’incendie d’une église protestante dans son agglomération. Le même jour, un Strasbourgeois a été cité à comparaître devant le tribunal correctionnel de la ville pour avoir brûlé un Coran.

"Ça suffit!" Le maire (PS) de Strasbourg, Roland Ries, n’en peut plus des actes antisémites et antimusulmans dans son agglomération. Dans un appel formulé mardi sur le site Internet de la commune, il souhaite mobiliser ses administrés. " Ces derniers mois à Strasbourg, plusieurs personnes ont été atteintes en raison de leur origine, de leur confession ou de leurs engagements citoyens, par des attentats abjects et anonymes. Des sépultures ont été profanées, mettant en péril les fondements même de notre civilisation ", avance l’édile dans son texte.

" Ces actes visent à déchirer la paix sociale et républicaine de Strasbourg et de son agglomération. Au-delà de la fermeté policière et judiciaire qu’ils requièrent, ils doivent être condamnés avec force et résolution, tant le défi moral et politique ainsi posé à notre société est fondamental. Ils doivent mobiliser le plus grand nombre contre eux et pour la défense des valeurs républicaines ", poursuit-t-il, appelant "tous les démocrates" à "former un front républicain à la fois de refus de l'inacceptable, et de promotion des valeurs citoyennes qui fondent notre vivre ensemble".

Il brûlait le Coran et urinait dessus

Le maire rappelle que sa ville a été victime d’une douzaine d’actes antimusulmans, antisémites et de l’incendie d’une église protestante ces six derniers mois. Et cet appel a été formulé le jour même où un homme qui s'était filmé en train de brûler un exemplaire du Coran puis d'uriner dessus pour éteindre les flammes a été cité à comparaître devant le tribunal correctionnel de Strasbourg pour incitation et provocation à la haine raciale, a-t-on appris mardi auprès du parquet. Cet homme de trente ans, sans emploi, "ne donne aucune explication particulière", a dit à l’agence Reuters le procureur adjoint, Gilles Delorme. C'est Abdelaziz Choukri, délégué général de la Grande mosquée de Strasbourg, qui a prévenu les autorités lundi non sans avoir d'abord dialogué avec cet habitant de Bischheim, une ville de la banlieue de Strasbourg, dont les coordonnées apparaissaient sur les images diffusées sur Internet.

"Il revendique son geste. Il dit qu'il n'est pas d'extrême droite mais qu'il est en France et qu'il peut brûler le Coran, comme il peut brûler le livre de Winnie l'ourson, sans être inquiété", a raconté à l’agence Reuters Abdelaziz Choukri. Toujours selon lui, d'autres vidéos du même auteur seraient visibles sur la toile, qui s'en prennent aux gens du voyage et aux juifs. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a annoncé qu'il allait déposer plainte contre l'auteur de ce qu'il qualifie de "gestes ignobles et honteux" et de "provocation lourde de conséquence". Il risque cinq ans de prison.

V.V. (avec Reuters) - leJDD.fr

Plus de 5 millions d’immigrés clandestins en Europe

A l'heure actuelle l'Europe compte plus de cinq millions d'immigrés clandestins, et leur nombre tend à augmenter, a annoncé mardi à Sotchi (mer Noire) le secrétaire du Conseil de sécurité russe Nikolaï Patrouchev.

"Selon les données fournies par l'UE, quelque 5 millions de sans-papiers séjournent actuellement dans l'espace européen. On s'attend à une augmentation de 350.000-500.000 personnes par an", a-t-il indiqué lors d'une réunion des représentants des Conseils de sécurité de 44 pays.

Le responsable a souligné qu'en évaluant le problème de la criminalité dans la sphère de l'immigration clandestine, il était nécessaire de prendre en considération ses conséquences pénales.

Privés d'emploi et de logement, les sans-papiers sont souvent poussés à aller grossir les rangs de groupes criminels ethniques ou terroristes. Les filières de l'immigration clandestine sont souvent utilisées pour le trafic de drogue, d'armes et de produits prohibés, selon le responsable russe.

Une politique migratoire efficace implique la création d'un mécanisme de contrôle des flux. "Il est nécessaire de mettre en place des accords intergouvernementaux sur l'accueil et le rapatriement des immigrés illégaux et de prendre des mesures de prévention conformes", a conclu M.Patrouchev.

Agence RiaNovosti

La Commission européenne et la Libye ouvrent la voie à une meilleure coopération

La Commission européenne a annoncé mardi avoir mis au point avec la Libye un "agenda de coopération" dans le domaine de l'immigration illégale.

L'accord a été conclu à l'occasion d'une visite en Libye de la commissaire aux Affaires intérieures, Cécila Malmström, et du commissaire en charge de la politique de voisinage, Stefan Füle. Il marque "une étape très importante, qui introduit une véritable coopération concrète entre les deux parties", a affirmé un porte-parole de la Commission. L'Europe et la Libye collaboreront à l'avenir davantage en matière de surveillance des frontières, de lutte contre le trafic des êtres humains et de protection des réfugiés, a-t-il dit. Dans ce cadre, la Commission européenne travaillera à une mise en œuvre effective des standards internationaux de protection des réfugiés par la Libye. Tripoli a signé la Convention de l'Union africaine de 1969 sur le sujet, mais ne l'applique pas encore, a précisé un porte-parole. L'Europe ne semble par contre plus insister sur l'adoption de la Convention de Genève sur le statut des réfugiés. Interrogé sur le sujet, le porte-parole a argumenté que la Convention de l'UA garantissait des droits similaires. La Convention africaine est pourtant nettement moins détaillée que la Convention de Genève, qui offre aux réfugiés une série de droits économiques, civils et judiciaires, alors que le texte africain garantit seulement le droit d'asile.

Agence Belga

Parcours de Rroms

Réhabiliter ? Peut-être. Expliquer ? Surtout. Tel est l'objet de l'exposition Opra Roma (« Debout les Rroms »), présentée jusqu'au 29 octobre à la Ligue de l'enseignement d'Agen. Une initiative du 100 % Collectif (1), pensée pour s'opposer aux stratagèmes du ministère de l'Intérieur, qui veut traiter cette minorité comme la dernière écharde plantée dans sa botte sécuritaire.

parcours roms « Il y a eu d'abord l'Italie, où des camps de Rroms ont été attaqués dans le nord du pays. Maintenant, il y a la France, où l'on veut profiter de la discrétion de ce peuple dans son expression collective pour en faire un bouc émissaire. Le gouvernement veut allumer des contre-feux pour masquer les difficultés socio-économiques du pays. Alors nous aussi », soutient Dominique Lefebvre, de la Ligue des droits de l'homme.

Racisme et discrimination

Glissant des origines indiennes des Rroms à leurs déplacements successifs à travers l'Europe de l'Est et l'Histoire, l'exposition se présente en quatre parties de quatre tableaux. « Nous invitons bien sûr le public au sens large et les élèves en particulier à venir se rendre compte de l'histoire de ce peuple victime du racisme ordinaire. Un peuple discriminé où qu'il s'installe en Europe, et même indésirable et exclu des droits fondamentaux en Bulgarie et en Roumanie, où il a pourtant planté des racines. Il ne faut pas oublier non plus que les Rroms ont payé un lourd tribut pendant la Seconde Guerre mondiale », explique Laurence Lamorlette, coordinatrice du collectif. L'idée directrice est de faire tourner l'exposition dans tout le département. « Des établissements scolaires se sont manifestés. Des centres culturels aussi. C'est très important de contribuer à restaurer l'image des Rroms migrants qui ont choisi la France comme terre d'accueil, et de cesser de faire l'amalgame avec les gens du voyage, pour l'essentiel d'origine tsigane, gitane ou manouche, qui, en tant que citoyens français, ont des droits que n'ont pas les migrants », développe Laurence Lamorlette.

L'espoir quand même

« Faut-il que nos dirigeants aient oublié l'histoire de la France, pays des droits de l'homme, puis celle de cette population, qui a toujours payé un lourd tribut parce que née rrom », déplore pour sa part Marie-Claude Blaquières, la présidente de France Libertés 47. Selon des chiffres communiqués par le collectif, 8 000 Rroms ont été éloignés du territoire depuis le début du mois de janvier. « L'expression d'un climat xénophobe », traduit Dominique Lefebvre.

« Le contexte actuel nous permet toutefois d'avoir un petit espoir. De nombreuses personnalités du monde politique, culturel et des médias s'emparent du dossier », reprend Laurence Lamorlette, qui cite, au détour de son plaidoyer, une série d'actions de sensibilisation menée autour de la filmographie de Tony Gatlif.

Christophe Massenot dans le journal Sud-Ouest

(1) Ce collectif regroupe la Ligue des droits de l'homme, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), France Libertés, la Ligue de l'enseignement, Emmaüs, Réseau éducation sans frontières (RESF).

À voir à Agen jusqu'au 29 octobre dans les locaux de la Ligue de l'enseignement

Plus de 4’500 personnes manifestent contre l’extrême-droite à Stockholm

Plus de 4.500 personnes selon la police se sont rassemblées lundi en fin d'après-midi à Stockholm pour manifester contre le parti d'extrême droite les Démocrates de Suède (SD), qui ont siégé pour la première fois au Parlement.

La foule, massée sur une place du centre de la capitale suédoise, criait "Nous sommes les plus nombreux, nous sommes les plus forts, stop au racisme", avec des banderoles proclamant "Les SD ont tort", "Pas de racistes au Parlement", "Rendez-nous la Suède" ou encore "Tout le monde est une grande famille", a constaté une journaliste de l'AFP.

Organisée par une association anti-raciste et des petits partis de gauche, la manifestation s'est ensuite dirigée vers le Parlement peu après 18H30 (16H30 GMT), à quelques centaines de mètres de là. Il s'agit de la deuxième manifestation d'envergure contre l'extrême droite à Stockholm, après celle du 20 septembre, qui avait réuni quelque 6.000 manifestants au lendemain des élections législatives entraînant l'entrée historique des SD au Riksdag. "Nous protestons contre le fait qu'il y ait un parti raciste au Parlement", a expliqué à l'AFP Lucas Pena, 28 ans, venu avec sa fille de 18 mois en poussette. "C'est déprimant de voir que des gens ont voté pour eux. Regardez autour de vous, il y a des gens de partout à travers le monde, nous sommes tous suédois", a-t-il dit.

Mirkha Murillo, une enseignante de 56 ans née en Colombie mais depuis 30 ans en Suède, est venue avec deux drapeaux suédois représentants ses deux petits-enfants, nés en Suède. Lorsque les SD ont été élus au Parlement, "mes enfants étaient tristes, ils ont pleuré", raconte-t-elle. "Mais nous ne devrions pas pleurer, nous devrions nous battre pour ça". D'autres manifestations étaient prévues un peu partout en Suède.

Les membres du Parlement suédois, dont les 20 nouveaux députés SD, se sont rassemblés lundi pour élire leur président, à la veille de l'ouverture officielle de la session parlementaire. Faute d'un consensus gauche-droite, Per Westerberg (Modérés, centre-droit) a été réélu avec les voix de l'extrême droite. Mardi, le Premier ministre de centre-droit Fredrik Reinfeldt doit présenter son gouvernement devant la nouvelle chambre.

AFP

Le cri du maire de Strasbourg contre le racisme

Roland Ries réagit à la multiplication des actes racistes dans son agglomération. Dernier en date : un homme qui s'était filmé en train de brûler un exemplaire du Coran puis d'uriner dessus, est cité à comparaître devant le tribunal correctionnel de Strasbourg.

maire strasbourg

A Strasbourg, pas moins de quatorze actes racistes ont été commis depuis le 1er janvier. De quoi inspirer au maire de la ville un coup de gueule visant directement l'extrême-droite. Lors d'une conférence de presse, le socialiste Roland Ries, qui a vu sa propre maison barbouillée de tags anti-minarets en début d'année, a lancé un appel à «un front républicain de refus de l'inacceptable», face à «une série d'événements qui se caractérisent par la haine et l'intolérance».

«Ceux qui en sont coupables cherchent à nous diviser. (...) Nous disons : ça suffit! Nous appelons à refuser l'inacceptable, qui n'est jamais une fatalité», a plaidé l'élu, qui lance ce mardi une pétition en ligne intitulée «Appel à tous les Républicains de Strasbourg et de son agglomération».

L'initiative a reçu le soutien de deux figures locales, elles-mêmes victimes d'actes racistes au cours de l'année. Le Pr Israël Nisand, d'une part. Ce professeur de gynécologie-obstétrique au CHU de Strasbourg a découvert dimanche des tags antisémites sur sa maison. «Profondément athée mais fier de (ses) origines», il a également lié l'agression dont il a été victime à un «coup de gueule» poussé la semaine dernière en faveur de la confidentialité et de la gratuité de la pilule contraceptive pour les jeunes filles mineures. Le Conseil national de l'Ordre des médecins a exprimé mardi «son indignation et sa vive émotion après cette agression.

Autodafé du Coran

Egalement victime de délinquance raciste, le directeur du cinéma d'art et essai l'Odyssée à Strasbourg, le Franco-Turc Faruk Günaltay, a vu pour sa part ses deux voitures incendiées par des inconnus dans la cour de son domicile. « Les flammes touchaient presque les fenêtres et on a été sauvé par nos voisins. Cela montre qu'un geste tout simple de solidarité entre voisins peut empêcher un crime», a-t-il témoigné.

Le jour même de la conférence était révélé le dernier acte haineux en date commis dans l'agglomération. Un homme se faisant appeler Caliméro a mis en ligne la vidéo d'un autodafé de Coran. Dans la vidéo, ce trentenaire installé dans son salon se pare d'un masque de diable, le retire, déchire des pages du Coran, fait un avion avec l'une d'elles qu'il lance sur deux boîtes dressées comme les tours jumelles de New-York et finit par brûler le livre saint de l'Islam sur son balcon avant d'uriner dessus.

Le délégué général de la grande mosquée de Strasbourg, Abdelaziz Choukri, a prévenu les autorités lundi non sans avoir d'abord dialogué avec cet habitant de Bischheim, une ville de la banlieue de Strasbourg, dont les coordonnées apparaissaient sur les images. «Il revendique son geste. Il dit qu'il n'est pas d'extrême droite mais qu'il est en France et qu'il peut brûler le Coran, comme il peut brûler le livre de Winnie l'ourson, sans être inquiété», a-t-il relaté. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a annnoncé qu'il allait déposer plainte contre l'auteur de ce qu'il qualifie de «gestes ignobles et honteux» et de «provoocation lourde de conséquence». L'homme risque cinq ans de prison.