vendredi 25 mars 2011

Le vrai visage du parti de Marine Le Pen

Dominique Sopo, président de SOS Racisme (Sipa)Le président de SOS Racisme réagit à la publication par Nouvelobs.com a photo d'un candidat FN, qualifié pour le second tour des élections cantonales, en train de faire un salut nazi.

C'est avec stupéfaction, mais sans réelle surprise, que SOS Racisme vient de découvrir la photo d'un candidat FN, qualifié pour le second tour des élections cantonales, en train de faire un salut nazi.

Alexandre Gabriac, candidat dans un des cantons de Grenoble, montre là le vrai visage du parti de Marine Le Pen, un parti viscéralement gangréné par le racisme et l'antisémitisme au point que ses membres ne semblent pas hésiter à se mettre en scène de la façon la plus immonde en choisissant pour arrière-fond... un drapeau nazi !

Voici donc ce qu'est ce parti qui se présente comme le porte-voix de la France réelle. Un parti nostalgique du nazisme et de ses méfaits en raison desquels les Français eurent à payer le prix du sang pendant la Seconde Guerre Mondiale. Un prix du sang payé d'ailleurs à quelques kilomètres de Grenoble, par les résistants qui prirent le maquis sur le plateau du Vercors.

C'est au regard de la nature profonde de ce parti, une fois de plus révélé, que le front républicain est une exigence politique et éthique vis-à-vis de laquelle les partis politiques ne peuvent pas mégoter. Entre les valeurs de la République et le Front National, il existe une frontière par nature infranchissable. Ceux qui tendent à nier ce fait font le jeu d'une banalisation qui ne peut préparer que leur recyclage ou leur engloutissement.

Dominique Sopo, président de SOS Racisme dans le Nouvel Observateur

Italie: face aux clandestins, alerte maximale des capitaineries de port

Les capitaineries des ports italiens ont été placées en état d'"alerte maximale" en prévision de l'arrivée d'immigrants en provenance d'Afrique du Nord, au total 13.500 ces 20 derniers jours sur la seule île de Lampedusa, a indiqué vendredi l'amiral Marco Brusco.

"Nous avons renforcé les capitaineries en hommes et moyens, redéployé nos effectifs et augmenté la surveillance aérienne. Avec ces conditions météo qui s'améliorent sans arrêt, nous devons être prêts à faire face à de nouveaux débarquements", a déclaré à l'agence Ansa le commandant des capitaineries de port italiennes, assurant les avoir placées en état d'"alerte maximale". "Le nombre de personnes débarquées à Lampedusa au cours des 20 derniers jours est de 13.500. L'effort de la capitainerie de l'île est maximal", a ajouté l'amiral, précisant avoir renforcé les capitaineries du sud de l'Italie avec du personnel provenant du centre et du nord du pays.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, 81 personnes ont été secourues au large de Lampedusa tandis que 44 autres dont 11 femmes parmi lesquelles 2 enceintes et 7 enfants, ont été secourues au large de la Sicile à bord d'un voilier. L'opposition de gauche a accusé vendredi le gouvernement de droite de Silvio Berlusconi d'avoir créé à des fins politiques une situation de crise à Lampedusa, petite île proche de la Tunisie où plus de 5.000 immigrés sont entassés dans des conditions très difficiles.

"L'Italie a connu de nombreuses situations d'urgence humanitaire et a toujours su les affronter avec décence et humanisme, garantissant la sécurité des Italiens et l'assistance aux réfugiés", a déclaré samedi Livia Turco, responsable immigration du Parti Démocrate (PD, principal parti d'opposition). "Nous n'avons jamais vu des images d'abandon et de laissez-aller comme ces jours-ci à Lampedusa" où les médias ont montré des immigrants sous des tentes de fortune, des camions ou au milieu de sacs en plastique, a dénoncé Mme Turco. "Cette inefficacité n'est pas le fruit du hasard mais d'une vision politique et d'une action de gouvernement visant à créer un sentiment d'alerte sociale et à se plaindre de l'inaction de l'Europe" pour demander davantage de fonds contre l'immigration clandestine, a accusé Mme Turco.

Selon la gauche, la droite berlusconienne soutenue par le parti anti-immigrés de la Ligue du Nord s'inscrit dans une logique électorale et veut montrer qu'elle agit contre l'immigration illégale avant les élections locales de mai (18 millions d'électeurs).

AFP

Guéant maintient l'objectif de 28'000 expulsions de clandestins en 2011

Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a fixé vendredi aux policiers un objectif minimal de "28.000 éloignements" d'immigrés clandestins en 2011, soit un chiffre identique à celui de l'année précédente.

L'"objectif" est de "28.000 éloignements pour 2011, il est impérieux de l'atteindre", "il doit même (être) dépassé dès lors que nous disposerons, avec la loi sur l'immigration et l'intégration, d'outils juridiques nouveaux", a souligné le ministre devant les directeurs départementaux de la sécurité publique (DDSP) et les commandants de groupements de gendarmerie. "Mobilisez vous, cela passe par des interpellations et chacun de vous sait où et comment procéder!", a exhorté Claude Guéant.Le chiffre des expulsions en 2010 n'a pas été communiqué. Sur les onze premiers mois de l'année, il s'élevait à 25.511, soit une diminution de 7% par rapport à 2009.

Le ministre a regretté que "les résultats du mois de janvier 2011 (soient) en retrait par rapport au mois de janvier 2010: 1.822 éloignements ont été réalisés, soit une baisse de 8,5% par rapport à l'année dernière". La loi Besson est actuellement examinée au Parlement et devrait rentrer en vigueur d'ici quelques mois. Elle devrait inclure la traduction dans le droit français d'une directive européenne sur les expulsions de clandestins. Dans l'attente de cette transposition, la France est confrontée à un vide juridique et le Conseil d'Etat a donné raison aux juges qui ont remis en liberté des étrangers sans papiers placés en rétention. Dès son arrivée à l'Intérieur en février, l'ancien secrétaire général de l'Elysée a fixé la lutte contre l'immigration irrégulière comme une de ses priorités.

La semaine passée, il s'était attiré de vives critiques en jugeant que "les Français à force d'immigration incontrôlée ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux". Vendredi, il a insisté sur l'usage de "la biométrie afin de mieux lutter contre l'immigration irrégulière". Un "important travail d'équipement des postes consulaires" a été engagé à cet effet, "doublé d'un équipement prioritaire de la police aux frontières et des douanes aux points de passages et des brigades mobiles de recherche", a-t-il relevé. Enfin, la France va "renforcer" sa "pression sur les Etats pour faire aboutir les procédures d'éloignements trop souvent contrariées", en particulier par la non-délivrance des laissez-passer consulaires par les pays d'origine, préalable à toute expulsion.

Ainsi, des "mesures de pression" sont-elles prévues à l'égard des pays "qui ont un taux de délivrance inférieur à la moyenne de 31% observée en 2009", a-t-il précisé. Vendredi, il a également demandé à ses troupes de porter un "deuxième effort, sur la lutte contre le travail clandestin" dans "les secteurs habituellement concernés, travaux publics, hôtellerie-commerce-restauration, travail saisonnier, sociétés de sécurité privée".

AFP

Un roman sur le destin couleur charbon des émigrés clandestins

le bunkerSi l'atroce vécu des émigrés clandestins où qu'ils soient devait être désigné par  une couleur, ça sera couleur charbon.  Et c'est presque général. Un roman l'illustre de façon absolument forte :  "Le Bunker ou le Requérant d'asile en Suisse" du journaliste Djamel Ferhi, qui signe ici son tout premier ouvrage littéraire. 

L'auteur aborde le quotidien des émigrés clandestins en Europe à travers des personnages en quête de vie digne mais que l'infortune a plongés dans un tourbillon de contraintes. Même si les noms des personnages sont fictifs, le livre, paru récemment aux éditions Chihab, restitue une histoire vécue, résumée dans les mésaventures du jeune essayiste Nazim Gaya qui a passé en 2004 quarante cinq jours en Suisse et surtout vécu une grande histoire d'amour avec Michèle Marchand avec qui il renoue cinq ans après son retour en Algérie, grâce à un échange de mails.

Dans un style narratif, le roman raconte le séjour suisse de Nazim en tant que "requérant" (ce mot désigne toute personne étrangère cherchant à s'établir en Suisse), alors qu'il consacrait la majeure partie de son temps à finir son essai dans les "bunkers", une sorte de "refuge" pour requérants, ainsi appelés parce que situés en retrait de la ville, nous dit l'auteur. Un croisement entre les moments passés dans et à l'extérieur des "bunkers" en 2004 et les "disputes virtuelles" échangées avec Michèle en 2009, place le lecteur dans un va-et-vient d'états d'âmes, ceux de Nazim, pris entre deux sentiments contradictoires et pour qui la Suisse n'a jamais représenté un Eldorado, mais juste une expérience. Peut-être une alternative. Ballotté entre les bunkers de Vallorbe, Kreuzlingen, d'Aarau de Obermumpf, Nazim, tout en se consacrant à son essai (le commentaire très critique des écrits d'un homme politique pendant le "Printemps noir"), trouve le temps de s'intéresser aux bunkers, un univers quasi-carcéral par lequel les pensionnaires, de différentes nationalités, transitent. Deux d'entre eux, Rachid, originaire de Chlef, et l'Algérois Nounou, deviennent ses amis intimes. Inséparables, ils partagent peines et joies, même si ces dernières sont plutôt rares. Leurs aventures "amoureuses" sont racontées par le menu pour montrer le peu d'intérêt, voire l'indifférence, des trois compères, pris dans le paradoxe de la "belle vie" et du manque d'argent, à l'égard des sentiments et de leurs compagnes suisses.

Le petit pécule hebdomadaire, appelé par les requérants la "sainte-touche", pousse Rachid et Nounou à recourir à des petits larcins pour survivre. Ce qui déplaît fortement à Nazim et achève de le décevoir, surtout qu'il apprend que l'un de ses amis s'adonne à la drogue... "Dans ce livre, j'ai rapporté ce que Nazim et ses amis ont vécu réellement dans les bunkers suisses. J'espère que n'importe quel requérant se reconnaîtra en lisant mon roman, à travers lequel j'ai essayé de relater les conditions des émigrés clandestins", a confié l'auteur lors d'une rencontre avec la presse, organisée par son éditeur. Djamel Ferhi, pour qui l'écriture représente une passion et une sorte de thérapie, a constaté que l'ensemble des émigrés clandestins ne trouvent pas dans l'émigration la solution aux problèmes qu'ils affrontent dans leurs pays. "Les émigrés clandestins ne sont pas aimés dans les pays d'accueil. C'est une vérité. Ils doivent parvenir à (re)trouver l'estime de soi", pense cet auteur qui semble lui même être revenu du "mirage suisse". Leçon à méditer même s'il n'ya pas d'alternative pour ces  chercheurs de l'Eldorado.

Le Maghreb

Face à l'afflux de migrants, Rome veut désengorger Lampedusa

La situation est devenue pesante sur l'île italienne, où 15.000 immigrés ont afflué depuis le début de l'année contre 25 en 2010.

lampedusa débarquement réfugiés tunisie

Jeudi à l'aube, le San Marco, transport de troupes de la marine italienne, a débarqué 498 immigrés tunisiens provenant de Lampedusa dans le port sicilien d'Augusta, près de Syracuse. Ces immigrés seront hébergés dans des casernements conçus pour les familles de militaires américains stationnés sur l'ancienne base de Comiso. Le maire de Mineo, petite localité où se trouvent ces locaux, proteste avec vigueur, affirmant qu'il n'était à l'origine pas question de recevoir des clandestins tunisiens mais des réfugiés bénéficiant de l'asile politique. Rome n'a pourtant guère d'autre choix que d'accélérer ces transferts. La situation est devenue pesante à Lampedusa, où 15.000 immigrés ont afflué depuis le début de l'année contre 25 en 2010.

Sur les 4833 Tunisiens présents jeudi à Lampedusa, 2 496 sont logés dans le centre de rétention, qui a été conçu pour 850 personnes. Les autres dorment à la belle étoile, sur la plage et le port, où les conditions d'hygiène se sont fortement dégradées. Vivres et eau potable commencent à faire défaut. Les camions de distribution du pain ont été pris d'assaut par des immigrés affamés. La population locale s'est rebellée contre cet afflux. Elle a bloqué pendant de longues heures le débarquement de tentes acheminées par car-ferry pour empêcher que la présence de ces immigrés ne se pérennise à l'approche de la saison touristique.

Vendredi matin, le ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, se rendra à Tunis pour étudier comment endiguer l'afflux d'immigrés. Il parle de 50.000 candidats potentiels à l'expatriation.

Le gouvernement a conclu mardi un accord de principe avec les régions d'Italie pour se répartir ces arrivages. Les gouverneurs ont accepté d'en recevoir mille par million d'habitants. Treize bases militaires sont en cours d'aménagement à cet effet. La difficulté est de savoir si ces immigrés seront considérés comme des clandestins ou des demandeurs d'asile politique.

Compensations financières

Les régions qui subissent déjà une forte pression migratoire comme la Sicile, la Calabre ou les Pouilles demandent également des compensations financières. Le gouvernement dit que 500 millions d'euros pourraient être prélevés sur les fonds de la Protection civile afin de construire des structures d'accueil. L'Italie demande aussi à l'Europe d'accueillir une partie de ces immigrés, au nom de la solidarité. Faute de quoi Roberto Maroni menace de délivrer 5000 visas Schengen aux Tunisiens de Lampedusa. Avec la certitude qu'ils n'auront qu'une destination en tête : la France.

Richard Heuzé dans le Figaro