mercredi 10 octobre 2007

La majorité des Musulmans veut vivre en démocratie

En marge de la conférence des Etats européens sur l'islamophobie, ouverte hier à Cordoue, interview de Mustapha Chérif, professeur à l'Université d'Alger. Ce spécialiste de l'islam appelle l'Europe à montrer l'exemple pour vivre tous ensemble.


La conférence de Cordoue a pour objectif
«d'analyser les moyens de combattre
les comportements discriminatoires» envers les musulmans.

- Quelle est la situation en matière d'intolérance vis-à-vis des musulmans?
- La situation est très grave. Après la fin de la guerre froide, certains ont pris l'islam comme nouvel ennemi. Mais, depuis l'acte insensé du 11 septembre 2001, cela s'est amplifié. Pour des raisons politiciennes, certains s'inventent un nouvel ennemi pour faire diversion aux problèmes du monde actuel: les injustices sociales et économiques. Ils exploitent et manipulent les insuffisances du monde musulman, mais l'immense majorité des musulmans dans le monde d'aujourd'hui souhaitent vivre en paix, en démocratie, dans une économie de marché et avec des valeurs universelles.

- Quels sont les remèdes?
- Il faut une volonté politique de mettre fin au retour de la haine religieuse. Et à l'ignorance, il faut une réponse éducative et culturelle. L'islam est méconnu, il faut développer l'interconnaissance et les échanges.

Un article du Matin

Le Bürki du jour

MINARET EN SUISSE


un cauchemar pour certains

Une charte réclame plus d’éthique en politique

Plusieurs partis genevois se sont engagés, en présence de Pascal Couchepin, à éviter les dérapages en campagne électorale. En ligne de mire: les affiches de l’UDC.


Pascal Couchepin a apporté «sa caution morale»
à l’initiative de l’Association suisse des musulmans pour la laïcité.

PIERRE ABENSUR


«Plus jamais ça!» Les récentes campagnes d’affichage de l’UDC en ont exaspéré plus d’un. Hier, les représentants de partis politi­ques genevois et de diverses as­sociations ont signé une charte où ils s’engagent à respecter la dignité humaine et les minorités dans le cadre des campagnes électorales et de votations. Pascal Couchepin, de passage à Genève pour une visite culturelle, en a profité pour venir soutenir cette démarche initiée par le candidat radical genevois au Conseil na­tional, Ali Benouari, président de l’Association suisse des musul­mans pour la laïcité.
Le conseiller fédéral, pour qui «même en campagne, ilyades règles à respecter», a souligné que «les Genevois sont souvent à l'avant-garde quand il s’agit de défendre certaines valeurs démo­cratiques ». Les sections genevoi­ses des radicaux, des libéraux, des socialistes, des Verts et de l’Alliance de gauche ont signé la charte. Ainsi que diverses asso­ciations religieuses, gay et les­biennes, patronales et syndicales, et de défense des handicapés. Ne manquaient que le Parti démo­crate- chrétien, l’UDC et le Mou­vement Citoyen Genevois.
Antoine Grosjean dans 24 Heures

Ramadan dans le canton de Vaud

Le jeûne musulman se termine en fin de semaine. Il concerne près de 25 000 personnes dans le canton de Vaud. 24 Heures nous propose d'aller à leur rencontre. Photos d'Eric Roset et texte d'Alain Walther

Le croissant de la lune en déci­dera demain.La fin du jeûne du mois de ramadan, quatrième pi­lier de l’islam, c’est pour ven­dredi ou samedi. En attendant, les musulmans du canton tien­nent bon. La journée, au travail comme à la maison, ils se ser­rent la ceinture. Comme le veut leur tradition, ils se privent de tout ce qui viendrait rompre le jeûne.
Bénéfices pour le commerce hallal

Du lever au coucher du soleil, quotidiennement, et pendant trente jours, ils s’abstiennent in­tégralement de manger, de boire, de fumer et d’avoir des relations sexuelles. La nuit venue, suite à la prière du soir, la communauté se retrouve autour de deux re­pas: l’iftar, puis le sahur, juste avant l’aube. L’occasion de se retrouver en famille, entre amis, dans un esprit de partage et de fête. Tout bénéfice pour les com­merces
de boucherie et d’alimen­tation, qui fonctionnent à plein régime durant cette période.


Une demi-heure avant la rupture du jeûne,
les clients se pressent de faire les derniers achats
à la boucherie hallal des frères Belaatar.

LAUSANNE, LE 6 OCTOBRE 2007


Samedi passé, à Lausanne, la boucherie Akrimi, la boucherie de la Gare, l’Orient Market et la boucherie du Grand Atlas ont vu affluer les chalands, hommes et femmes et confondus. Ces com­merces hallal (l’animal doit avoir été égorgé au nom de Dieu et conformément aux préceptes de l’islam) reconnaissent une aug­mentation de leur chiffre d’affai­res de 30 à 50%. Plus de 8000 Lausannois se déclaraient mu­sulmans à la fin de l’année der­nière. Pour le Centre islamique de Lausanne, ils seraient le dou­ble. Dans le canton, les musul­mans ont fait l’objet d’un recen­sement en 2000. Ils étaient alors
24 757.



Au restaurant Djerba la Douce,
Mohsen Jemmali sert la chorba à ses clients, la famille Ben Gaïed.


Avenue d’Echallens, Farid Rami connaît les joies de la tradition respectée. Outre la viande, les musulmans mangent beaucoup, beaucoup de gâteaux. Et Farid Rami en vend une bonne douzaine de sortes. Les kalbelouz (semoule et aman­des), les chabakie (miel et sé­same), les baklavas… Les gâteries viennent de Syrie ou de Tunisie. Chez le boucher traiteur Akrimi dès 17 heures, la soupe est offerte aux jeûneurs.
Goûtant les gâteaux des yeux, Younés, 13 ans, fait la fierté de son père, Hocine, 46 ans. Le gamin jeûne. «Il a l’habitude, il rentre à la maison récupérer à midi. Sa petite soeur de 6 ans jeûne aussi.» A la direction des écoles, on garde un oeil sur les enfants du ramadan. Aucune me­sure de surveillance particulière n’a toutefois été émise par les autorités lausannoises. «Nous suivons les directives de santé habituelles, explique Oscar To­sato, municipal lausannois des Ecoles. Nous veillons à ce que chaque enfant, musulman ou non, soit bien nourri, qu’il puisse se rendre au cours et les suivre.» Lausanne n’en étudie pas moins la situation dans d’autres villes européennes, habituées à gérer l’intégration des musulmans.
Devant l’étal de la boucherie de la Gare, les clients préparent le grand repas de samedi soir. Amira, coiffeuse à Lutry, et son époux Hicham, aide-cuisinier à Pully, jeûnent avec application. Tenir le coup quand on travaille dans une cuisine, garder sa ligne de conduite quand vous êtes la seule musulmane au salon de coiffure: ce n’est pas chose sim­ple. «Ici c’est plus dur qu’en Algé­rie, explique Amira, car vous n’avez pas le soutien de votre
entourage professionnel.»
«Plus facile à Lausanne qu’à Alger»

Mohammed, artisan de 38 ans, pense tout le contraire: «Il est plus facile de jeûner à Lausanne qu’à Alger!» Le ramadan, sans vin ni cigarettes ni café lui fait «le plus grand bien» puisqu’il est
«obligé de freiner». Un rien poète, Mohammed tisse des liens aériens entre capitales algérienne et vaudoise. «Ces deux villes montent et descendent et offrent la vue sur l’eau.» Il préfère cepen­dant Lausanne, plus calme, moins sujette à la flambée des prix, moins nerveuse.
Peu avant la quatrième prière, les magasins se vident. Il est l’heure de mettre les petits plats dans les grands. A l’Orient Mar­ket, Khaled et Hocine offrent la chorba aux clients. Orge con­cassé, coriandre, épices. Une cliente portugaise du quartier, athée, achète ses pâtisseries.
19 h 20, le jeûne est rompu. Mohsen Jemmali, patron du Djerba la Douce, partage chorba (recette des îles Kerkena) avec poisson, lait caillé et datte avec Umer, aide de cuisine sri lankais. «Pendant le ramadan, je cuisine sans goûter et j’en mets un peu moins», commente Mohsen Jem­mali. La famille Ben Gaïed débar­que de Cheseaux-Noréaz. Renate, l’épouse, Myriam, Manuel et Naïm, les enfants, ne jeûnent pas. Le père, Ali, consultant en infor­matique, ne force personne. Il aura tenu le coup en solo.

Les étrangers bientôt élus au Conseil d’Etat?

L’initiative lancée par Josef Zisyadis a été acceptée hier par la commission parlementaire. Les Vaudois pourraient être appelés aux urnes.


CONFIANT Josef Zisyadis croit au succès de son initiative
devant le Grand Conseil. Après, les Vaudois décideront

PATRICK MARTIN

Même Josef Zisyadis n’en croit pas ses yeux. C’est dire si la décision prise hier matin par la commission du Grand Conseil d’accepter son initiative sur le droit de vote et d’éligibilité des étrangers au niveau cantonal est historique. Et pour le moins inattendue, confie le popiste au bout du fil avant de se réjouir de «ce joli pied de nez du canton» face à «la politique xénophobe» de l’UDC.

La victoire est d’autant plus spectaculaire que la bataille s’annonçait difficile, voire perdue d’avance. Pas évident de faire passer l’idée que les étrangers autorisés à résider en Suisse depuis dix ans et domiciliés dans le canton depuis trois ans puissent voter et se faire élire au Grand Conseil ou au Conseil d’Etat, alors que cette même proposition avait été balayée quelques années plus tôt par la Constituante. Encore moins évident dans une commission où le centre-droite, qui s’y est toujours opposé, est majoritaire. Et pourtant, à 6 voix contre 5, les députés ont décidé d’accepter d’élargir les droits que les étrangers ont depuis 2003 au niveau communal. «C’est la première fois qu’une commission se prononce en faveur de l’éligibilité des étrangers au niveau cantonal», se réjouit Josef Zisyadis, précisant que les cantons de Neuchâtel et du Jura accordent déjà le droit de vote sur le plan cantonal aux étrangers.

Radical dissident

C’est le radical Serge Melly qui s’est détaché de ses collègues du centre-droite (2 rad., 2 UDC et 1 lib.). Connu pour ses positions en faveur des requérants d’asile, le syndic de Crassier était pourtant opposé au vote et à l’éligibilité des étrangers au moment de la Constituante. Mais, «les temps ont changé, estime-t-il. Aujourd’hui, des étrangers sont syndics de leur commune et tout se passe bien. Le hiatus entre communes et canton n’a pas lieu d’être.»

L’initiative doit encore passer l’examen du Grand Conseil. Josef Zisyadis se veut confiant, même si, admet-il, les jeux seront serrés. Egalement membre de la commission et favorable au texte, le socialiste Stéphane Montangero nuance: «Il y aura un gros travail de persuasion à faire, mais espérons que certains radicaux et libéraux auront le courage de se démarquer.»

Reste que, si l’initiative est adoptée par le Grand Conseil, elle devra encore passer devant le peuple, modification de la Constitution oblige. Et là, le combat s’annonce acharné.

Un article de Viviane Menétrey pour 24 Heures

France: un musée sur l'immigration ouvre en pleine polémique

Une Cité nationale de l'Histoire de l'Immigration, destinée à faire reconnaître l'apport des étrangers, ouvre discrètement ses portes à Paris. Aucune inauguration officielle n'est prévue, alors qu'une vive polémique politique sévit en France.

L'ouverture de ce nouveau musée national, dont l'idée avait été lancée il y a une quinzaine d'années par quelques historiens, devait se faire sans tapage. Seule la ministre de la culture, Christine Albanel, a promis de venir. Le projet de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration (CNHI) est de "faire connaître et reconnaître l'apport de l'immigration en France".

Au travers de documents d'archives, d'images, d'oeuvres d'art, d'objets de la vie quotidienne et de témoignages visuels et sonores, l'exposition permanente "valorise la part prise par les immigrés dans le développement économique, les évolutions sociales et la vie culturelle de la France", a indiqué cette institution.

"On a été un peu surpris que la Cité ne suscite pas l'intérêt qu'elle mérite auprès des plus hautes autorités de l'Etat", a déclaré l'historien Patrick Weil. "C'est quand même un musée qui concerne l'histoire de 20 à 25% de la population française".

Le projet de loi sur l'immigration en cours d'examen comprend un amendement très controversé instaurant des tests ADN pour certains migrants dans le cadre du regroupement familial. Fadela Amara, la secrétaire d'Etat à la politique de la Ville, a jugé mardi "dégueulasse" d'instrumentaliser ainsi l'immigration.

Née de parents algériens, Mme Amara est un des symboles de la "diversité" prônée par M. Sarkozy, aux cotés notamment de la ministre de la Justice Rachida Dati. En l'absence d'inauguration officielle, la Ligue des Droits de l'Homme et d'autres associations ont appelé à une "inauguration citoyenne" de la Cité.

Dépêche de l'ats

Les chaussures, le short et le numéro gagnant d'Alain Mimoun, le champion des champions français, né en Algérie, médaille d'or du marathon en 1956.(Photo : Marion Urban/ RFI)

Les chaussures, le short et le numéro gagnant d'Alain Mimoun,
le champion des champions français, né en Algérie,
médaille d'or du marathon en 1956.
(Photo : Marion Urban/ RFI)