lundi 9 avril 2012

Articles sur les Roms: la Commission contre le racisme inquiète

Le dossier et la une de la "Weltwoche" consacrés aux Roms, qui fait l'objet d'une plainte en Autriche pour incitation à la haine raciale, inquiète aussi en Suisse. La Commission fédérale contre le racisme (CFR) va examiner l'affaire. L'hebdomadaire gratuit genevois "GHI" est également dans son collimateur.

Confirmant une information de l'hebdomadaire alémanique "Sonntag", la présidente de la CFR Martine Brunschwig Graf met dans le même panier le dossier de la "Weltwoche" et celui consacré il y a un mois dans "GHI" à la mendicité et intitulé "Alerte Roms à Plainpalais". L'ex-conseillère nationale (PLR/GE) a précisé lundi à l'ats que les Roms représentaient un des thèmes de sa commission en 2012.

Celle-ci publiera en fin d'année un dossier sur la discrimination, dont sont notamment victimes les Roms. Elle fera à cette occasion un certain nombre de recommandations. La commission n'a pas qualité pour agir devant un tribunal, a précisé sa présidente. Si nécessaire, elle peut intervenir auprès des personnes concernées, a-t-elle ajouté.

Pas dans l'urgence

"Nous ne voulons pas agir dans l'urgence", a-t-elle déclaré à propos des articles incriminés dont la commission, qui ne s'est pas encore réunie, n'a pas discuté. Mme Brunschwig Graf ne nie pas certains problèmes posés par des membres issus de la communauté rom, mais elle "n'accepte pas qu'on stigmatise toute une population", a-t-elle affirmé.

La "Weltwoche" a publié un dossier, "très bien documenté", selon l'expert en médias et ex-président du Conseil suisse de la presse Peter Studer. C'est surtout la photo de une qui dérange: on y voit un enfant rom pointant un pistolet.

L'article consacré aux Roms dans "GHI" est essentiellement à charge. Il est accompagné d'un texte qui donne la parole à l'association de défense des Roms. Les photos sont floutées.

ATS

La Une de la «Weltwoche» suscite de vives réactions

Nouvelle polémique provoquée par l’hebdomadaire alémanique. Un journaliste autrichien a porté plainte vendredi. Ce dimanche, un avocat et chercheur en a appelé au Ministère public genevois.

La Une de la «Weltwoche», qui montre cette semaine un enfant rom armé, suscite une nouvelle fois de vives critiques. Un journaliste autrichien indigné a porté plainte vendredi contre l’hebdomadaire pour «incitation à la haine raciale» contre la communauté rom.

Sur la couverture du magazine paru jeudi, on peut voir un bambin à la peau cuivrée et aux cheveux noirs pointant un pistolet contre le lecteur. Juste en-dessous de la photo, le titre: «Les Roms arrivent: razzia sur la Suisse». Avec sa plainte déposée en Autriche, Klaus Kamolz désire opposer un «signe symbolique» clair au «jugement à l’emporte-pièce assimilant les Roms à des criminels» propagé par l’hebdomadaire, a-t-il expliqué samedi.

Le journaliste désire en outre encourager la justice autrichienne à se saisir elle-même du dossier, la «Weltwoche» étant vendue dans ce pays. L’incitation à la haine est un «délit officiel» en Autriche, a-t-il précisé, revenant sur des informations du Tages Anzeiger et du Bund.

L’auteur de la photo est l’Italien Livio Mancini. Le photographe indique avoir pris cette image en 2008 dans une décharge de la ville de Gjakova, au Kosovo, où des familles roms vivent avec leurs enfants, qui jouent sur les lieux.

S’il est prioritairement indigné par l’image de couverture, Klaus Kamolz dit pour sa part être également dérangé par l’article. Le «caractère absolu du dénigrement» présent dans cette dernière édition l’a particulièrement décontenancé. Le journaliste de 48 ans, qui écrit notamment pour le magazine d’actualité «profil», espère voir bientôt des réactions helvétiques: «Bien sûr que je suis d’avis que quelque chose devrait être entrepris également en Suisse».

En Suisse, les Jeunes Verts ont écrit une lettre ouverte à Roger Köppel, rédacteur en chef de la «Weltwoche», accusant la couverture d’être «complètement vaseuse». L’image suggère que «les Roms sont tous des criminels associaux», dénoncent-ils.

Philipp Gut, rédacteur en chef adjoint de la «Weltwoche» et co-auteur de l’article incriminé dit ne pas comprendre l’indignation suscitée par l’image de couverture. Cette photo symbolise «le fait que les bandes roms utilisent leurs enfants à des fins criminelles», a-t-il indiqué. Le vrai scandale est qu’aucun des «indignés» ne s’en soit pris à cette maltraitance, a-t-il ajouté. Quant à l’article, il présente sérieusement et de manière nuancée un problème gravissime, s’est-il défendu.

Adresse au ministère public genevois

Dimanche, c’est l’avocat et chercheur en Droit Christophe Germann qui est intervenu dans la polémique. Dans une lettre adressée au Ministère public genevois, et envoyée au «Temps», il demande à l’instance «d’initier les actions de droit pénal qui s’imposent contre les responsables de la couverture» du magazine. Il précise: «J’estime qu’il s’agit non seulement de considérer en l’espèce les normes pénales contre l’incitation à la haine raciale (art. 261bis CPS), mais également contre la provocation en public au génocide et aux crimes contre l’humanité (art. 264, 264a et 259 CPS).»

L’avocat rappelle notamment les agissements, dès 1926, de la fondation Pro Juventute, qui avait arraché 600 enfants yéniches à leurs parents pour les placer en familles d’accueil ou institutions. Une démarche assimilable à un «génocide», suivant une logique que renouvellerait l’hebdomadaire proche de l’UDC, selon l’expert.

Le Temps

En Corse, «incendie raciste» dans une salle de prière musulmane

Une salle de prière fréquentée par la communauté musulmane à Ajaccio a été «partiellement» détruite dans la nuit de dimanche à lundi, ont indiqué le parquet d’Ajaccio et le ministère de l’Intérieur, ce dernier précisant qu’il s’agissait d’un «incendie raciste».

«Le 9 avril 2012 à 2h35, un incendie d’origine criminelle a partiellement détruit une salle de prière fréquentée par la communauté musulmane à Ajaccio. Des inscriptions à caractère raciste ont été découvertes sur la façade de l’immeuble qui abritait ce lieu de culte», a affirmé le ministère dans un communiqué.

De son côté, le parquet d’Ajaccio indique qu’une fenêtre de ce local de prière du centre-ville «a été cassée, des barreaux forcés et un produit inflammable a été répandu puis allumé». Le parquet ajoute que des inscriptions racistes en langue corse ont été tracés sur l’immeuble, notamment «dehors les arabes (ndlr, arabi fora)». Un cercueil a été également dessiné sur la façade. L’enquête a été confiée à la DIPJ d’Ajaccio.

Dans le communiqué, le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, s’est dit «très attentif à ce que la communauté musulmane ne soit pas stigmatisée et a demandé aux services d’enquête de tout mettre en oeuvre pour identifier rapidement les auteurs de cet acte afin de les mettre à disposition de la justice».

En 2011, 155 actes islamophobes ayant fait l’objet d’une plainte ont été dénombrés par l’Observatoire contre l’islamophobie en France, soit une augmentation de 34% par rapport à 2010, selon son président Abdallah Zekri. Parmi eux, 38 concernent des «actions» (attentats, tentatives d’attentats, dégradations) et 117 des gestes menaçants, des insultes ou des inscriptions à caractère raciste.

AFP

La Commission contre le racisme s'inquiète des articles sur les Roms

Le dossier et la une de la "Weltwoche" consacrés aux Roms, qui fait l'objet d'une plainte en Autriche, vont être examinés par la Commission fédérale contre le racisme. L'hebdo gratuit genevois "GHI" est également dans son collimateur.

Confirmant une information de l'hebdomadaire alémanique "Sonntag", la présidente de la Commission fédérale contre le racisme Martine Brunschwig Graf met dans le même panier le dossier de la "Weltwoche" et celui consacré il y a un mois dans "GHI" à la mendicité et intitulé "Alerte Roms à Plainpalais". L'ex-conseillère nationale (PLR/GE) a précisé lundi que les Roms représentaient un des thèmes de sa commission en 2012. Celle-ci publiera en fin d'année un dossier sur la discrimination, dont sont notamment victimes les Roms. Elle fera à cette occasion un certain nombre de recommandations. La commission n'a pas qualité pour agir devant un tribunal, a précisé sa présidente. Si nécessaire, elle peut intervenir auprès des personnes concernées, a-t-elle ajouté.

Pas dans l'urgence

"Nous ne voulons pas agir dans l'urgence", a-t-elle déclaré à propos des articles incriminés dont la commission, qui ne s'est pas encore réunie, n'a pas discuté. Mme Brunschwig Graf ne nie pas certains problèmes posés par des membres issus de la communauté rom, mais elle "n'accepte pas qu'on stigmatise toute une population", a-telle affirmé. La "Weltwoche" a publié un dossier, "très bien documenté", selon l'expert en médias et ex-président du Conseil suisse de la presse Peter Studer. C'est surtout la photo de une qui dérange: on y voit un enfant rom pointant un pistolet. L'article consacré aux roms dans "GHI" est essentiellement à charge. Il est accompagné d'un texte qui donne la parole à l'association de défense des roms. Les photos sont floutées.

RTSinfo