lundi 29 mars 2010

La médecine lyonnaise au chevet des réfugiés

Il n'en existe que deux en France. L'unité « droit et éthique de la santé » reçoit des réfugiés de tous les pays, victimes de toutes les avanies. Née d'une longue tradition humaniste. Un article du Progrès.

médecin lyonnais réfugiés

Médecins et personnels : Daniel Malicier, Joseph Biot, Edmond Wolf, Gérald Maujeau, Jeanine Tournier, Blaise de Pury, Thierry Martigny, Gérard Bendrihem / Photo Jean-Marc Collignon

Tout un symbole. Dans le pavillon K de l'hôpital Édouard-Herriot, qui fut longtemps la grande maternité de Lyon, une unité médicale, baptisée « droit et éthique de la santé », vient de trouver refuge, comme une renaissance. Cette unité a pour principale vocation l'accueil des réfugiés, en particulier des demandeurs d'asile dont le premier dossier a été rejeté.

En poussant une petite porte latérale du pavillon K, ces apatrides vont bénéficier d'une longue consultation, d'une heure à une heure et demi en moyenne, avec à la clé un certificat médical qui relate complètement leur souffrance, leurs blessures, des traumatismes qu'ils soient physiques ou psychologiques, comme autant de stigmates des avanies planétaires. Un document d'importance pour plaider à nouveau leur cause.

Il n'existe que deux unités de ce type en France, à Paris et Lyon. En 2008, l'unité lyonnaise a reçu 649 réfugiés, originaires de 43 pays différents. Les plus nombreux venaient du Congo, du Kosovo, mais aussi d'Arménie.  Cette unité des hospices civils de Lyon (HCL) dépend du département de médecine légale. Elle est animée par une équipe de médecins à la retraite qui s'inscrivent dans un souffle humaniste de la médecine lyonnaise.

À l'origine, l'unité d'éthique réceptionnait des récriminations, des plaintes de patients, de personnels, souvent liées à une conception distante de la médecine. « Le dialogue constitue un acte essentiel de l'acte médical » rappelle le docteur Joseph Biot, qui dirige aujourd'hui l'unité.

Écouter, répondre, expliquer, dire la vérité, accompagner le malade, cette ouverture humaniste a contribué à élargir la transparence des grands débats d'éthique, « dans un mouvement précurseur » rappelle le professeur Jean-Louis Touraine. Progressivement, l'unité d'éthique a trouvé une place dans le système hospitalier, au sein de la médecine légale. « La médecine légale est un trait d'union entre la médecine et la loi, naturellement elle est portée dans la défense des droits de l'Homme » constate le professeur Daniel Malicier, directeur de l'institut médico-légal. Aujourd'hui, cette longue tradition se consacre aux réfugiés.

En passant la porte, ils verront la petite plaque qui commémore les fondateurs, Nicole et Louis Lery, celle qui salue la mémoire d'un maître de la maternité, le professeur Daniel Dargent.

La traque des filières d’immigration clandestine

Doté d'importants moyens logistiques et humains, l'Ocriest démantèle chaque année plusieurs dizaines de réseaux. Un article signé Cyrille Louis dans le Figaro.

Qu'elle cible des filières chinoises, de discrètes officines spécialisées dans la fabrication de faux papiers ou des passeurs kurdes «pilotés» depuis l'Irak ou la Syrie, la lutte contre les filières d'immigration clandestine est désormais érigée au rang de priorité gouvernementale. «Que les mafias sachent que nous ne les laisserons pas faire», a ainsi prévenu Nicolas Sarkozy après le récent débarquement de 123 clandestins sur une plage corse. «Loin de servir de prétendus intérêts humanitaires, ces structures criminelles génèrent des profits considérables ainsi qu'une violence dont les migrants sont souvent les premières victimes», justifie Jean-Michel Fauvergue, patron de l'Office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi des étrangers sans titre (Ocriest).

Chargé de coordonner la lutte contre les filières, ce service placé sous l'autorité de la police aux frontières (PAF) bénéficie depuis sa création d'importants moyens humains et logistiques pour déjouer les multiples précautions dont s'entourent, de plus en plus, les passeurs. «On ne doit jamais perdre de vue que ces réseaux, parce qu'ils convoient une “marchandise intelligente”, peuvent à tout moment changer leurs plans ou se mettre en sommeil pour déjouer notre vigilance», dit le commissaire Fauvergue.

Le plus souvent, c'est sur un simple «tuyau» transmis par les garde-frontières de la PAF, par des partenaires européens, voire par des policiers ou des militaires français en poste à l'étranger que démarrent les enquêtes de l'Ocriest. À grand renfort de surveillances téléphoniques et d'observations à distance, les policiers s'attachent durant plusieurs mois à cerner les contours de la filière. De précieux indicateurs sont parfois recrutés dans la communauté concernée. «Il s'agit d'un travail d'autant plus délicat que certains passeurs acquièrent à la longue les techniques du banditisme, n'hésitant pas à organiser des“contrefiloches” ou à changer sans arrêt de téléphones portables», constate Christian Duc, chef d'état-major à l'Ocriest.

parcours migrants coûtCliquez sur l’image pour l’agrandir

À défaut de pouvoir aisément infiltrer ces réseaux - «une telle démarche exposerait nos policiers à de trop grands risques», souligne Jean-Michel Fauvergue -, l'office dispose d'un impressionnant arsenal technique pour les surveiller. «Entre les caméras, les balises de géolocalisation et le matériel informatique, notre budget d'investissement est passé de 13000euros en 2006 à 120000euros l'an dernier», précise un responsable de la section d'appui technique. À la veille d'une vague d'interpellations, il arrive ainsi que des enquêteurs grimés en techniciens d'EDF et munis d'une nanocaméra implantée dans une montre ou un stylo se présentent à la porte d'un atelier clandestin afin d'en repérer les diverses issues. De même, de puissants dispositifs de visée nocturne ont par le passé filmé, de longues semaines durant, les aires d'embarquement de Calais ou Cherbourg afin de saisir les allers et venues de clandestins en partance pour Londres.

Au fil des dernières années, l'exploitation des données issues des téléphones mobiles a logiquement pris une place croissante dans les enquêtes de l'office. Pour assurer l'exploitation instantanée des écoutes judiciaires, la police a par ailleurs doté ses nombreux interprètes d'ordinateurs dédiés qui leur permettent de transcrire en temps réel, depuis leur domicile, les conversations des suspects. «Parce qu'ils s'expriment dans leur langue maternelle, certains passeurs se laissent aller à évoquer le nombre de migrants qu'ils ont fait passer ou le produit de ce trafic», raconte un magistrat parisien.

Outre ses cinq groupes opérationnels, focalisés respectivement sur la Chine, l'Asie du Sud, le sous-continent indien, le Moyen-Orient et l'Afrique, l'Ocriest dispose d'une unité d'analyse stratégique spécialisée dans l'étude des flux migratoires irréguliers. Mises en perspective, les informations recueillies par cette structure auprès d'Europol, d'Interpol et de multiples pays étrangers permettent parfois de décoder les logiques à première vue impénétrables des filières. «De plus en plus, on réalise ainsi que l'espace Schengen est perçu comme une vaste aire de trafic au sein de laquelle les réseaux orientent les migrants en fonction des politiques en vigueur dans tel ou tel pays», avance un policier. Au fil du temps, les policiers spécialisés constatent aussi que certaines filières ont appris à «jouer» des différents dispositifs humanitaires mis à la disposition des migrants, n'hésitant pas à leur facturer les nuits passées dans un camp de réfugiés en Europe de l'Est comme les repas servis à Cherbourg par la soupe populaire. Enfin, ils s'alarment de la violence croissante qui, notamment à Calais, oppose désormais nombre de passeurs à leurs concurrents ou aux forces de l'ordre.

Nyon s’agite aussi pour les sans-papiers

Le Conseil communal de Nyon soumet à examen un postulat de Jean Bischofberger demandant à la ville d’ouvrir ses places d’apprentissage aux sans-papiers. Peu avant, la même assemblée a avalisé une réponse municipale à une motion réclamant que la formation d’apprentis soit un critère contraignant pour participer aux marchés publics. «Pas possible, vu le cadre légal restrictif», a répondu en substance l’exécutif.

D. SZ dans 24 Heures

La langue pour faciliter l’intégration

Depuis deux ans, Caritas Vaud dispense des cours de français pour migrants. Dans les six classes glandoises, 111 personnes de 26 nationalités, dont deux tiers de femmes, ont suivi ces cours en 2009. Afin d’assurer ce projet à long terme, Caritas Vaud engage des formatrices et des formateurs bénévoles. La prochaine «formation initiale de français langue étrangère» débutera en avril 2010.

Les personnes qui souhaitent s’engager peuvent s’adresser à leana.ebel@caritas-vaud.ch ou au 079 614 19 21.

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