mercredi 4 août 2010

La Libye n’est plus la porte de l’Europe

L'accord qu'a signé l'Italie avec la Libye en 2009, qui prévoit l'envoi dans les centres de rétention du pays nord-africain des migrants interceptés en mer, a conduit à une chute spectaculaire du nombre de migrants appréhendés en train de franchir illégalement les portes de l'Union par l'Italie, rapporte EUobserver. Selon les données publiées le 3 août par Eurodac, le système d'enregistrement des demandes d'asile par reconnaissance des empreintes digitales, les entrées irrégulières en Italie sont passées de 32,052 en 2008 à seulement 7,300 en 2009. "Dans le même temps, le nombre de demandeurs d'asile en Europe a augmenté de 8% en Europe", note le site d'information bruxellois. Des ONG comme Human Richts Watch qualifient le pacte d' "accord sale pour permettre à l'Italie de refourguer les migrants et les demandeurs d'asile à la Libye et de fuir ses obligations".

Lire l’article de Leigh Phillips dans EUobserver (en anglais)

Vers le rapport Eurodac (en anglais)

asylum seekers Demandeurs d’asile dans un centre de détention (Photo: Ikolas Kominis - Studio Kominis)

L’Europe sillonnée par les demandeurs d’asile

Le rapport annuel d’Eurodac confirme l’augmentation des demandes. Un labyrinthe administratif et géographique. Un article signé Richard Werly dans le Temps.

L’évidence est dans les chiffres: les pays de l’Espace Schengen-Dublin – dont la Suisse – ont de plus en plus de mal à gérer les données biométriques consécutives aux demandes d’asile et aux interpellations de clandestins.

Rendu public cette semaine, le rapport 2009 de l’organisme Eurodac – qui centralise les empreintes digitales des personnes âgées de 14 ans et plus transmises par les forces de police – confirme l’augmentation des dépôts de demandes dans plusieurs pays, les doublons et la mauvaise gestion de ces données dans l’Espace Schengen.

236 936 demandes d’asiles ont été enregistrées en 2009 par Eurodac, soit une augmentation de 8% en un an. Mais dans 55 226 cas – plus de 23% – ces empreintes avaient déjà été enregistrées, soit parce que le demandeur avait déjà introduit une requête dans le même pays, ou dans un autre pays de l’UE, soit parce que ses empreintes ont été relevées deux fois. La multiplication des demandes d’asile est en hausse constante depuis 2007.

La Suisse est, au prorata de sa population, l’un de tout premiers utilisateurs du système. 11 878 empreintes de demandeurs d’asile volontaires (contre 32 797 pour la France et 18 406 pour l’Italie) ont été «transmises» en 2009 par les autorités helvétiques. Lesquelles ont aussi interpellé et signalé à Eurodac 4036 personnes «irrégulières».

Les données Eurodac révèlent aussi les flux géographiques des demandeurs d’asile dans l’UE. Un grand nombre d’entre eux, en France et en Belgique, a déjà introduit une demande en Pologne. De nombreuses demandes effectuées en Grèce et en Italie viennent de personnes ayant déjà un dossier… au Royaume Uni.

Coté immigration illégale, la Grèce enregistre le plus grand nombre d’interpellations à la frontière, avec 60% de toutes les données envoyées en 2009 (plus de 18 000 sur 31 071). Suivent sans surprise les deux autres fronts méditerranéens que sont l’Italie (plus de 7000) et l’Espagne (1994). Après avoir augmenté de 17,6% en 2008, le nombre de «transmissions» biométriques à propos de clandestins a encore crû de 12,7% en 2009, pour atteindre 85 554.

La Suisse est, pour sa part, presque toujours à la croisée des itinéraires. La majorité des personnes entrées illégalement dans l’UE par la Grèce pour ensuite se rendre dans un autre pays (12 192) ont choisi principalement la Norvège (2223), le Royaume-Uni (1805) ou l’Allemagne (1516) comme destination. Celles entrées via l’Italie et poursuivant leur route (6398) se sont rendues principalement en Suisse (1422), aux Pays-Bas (1075), en Norvège (1041) ou en Suède (911). Celles entrées via l’Espagne (544) se sont retrouvées le plus souvent en France (254) ou en Suisse (118), tandis que celles entrées via la Hongrie ont continué leur voyage (604) essentiellement jusqu’en Autriche (150), en Suisse (80) ou en Allemagne (65).

“A quoi ça sert de nous renvoyer ne Bulgarie ?”

Le passage ne dépasse pas les trois mètres de large. Murs de béton, enchevêtrement de matelas au sol, quelques bougies, des valises fatiguées en guise de placards. Le vacarme du train qui passe sur le pont au dessus et des rats qui musardent devant la grille à l'entrée. Là, à quelques centaines de mètres à peine du Palais de Justice et de la préfecture de Bobigny (Seine-Saint-Denis), s'entassent depuis deux ans trois familles, roms de Bulgarie.

image

Ces derniers temps, la trentaine d'hommes, femmes et enfants préfèrent dormir dans le parc attenant : trop chaud et surtout trop peur d'être embarqués. Mardi, trois policiers sont venus leur intimer l'ordre de partir. «Ils nous ont dit qu'on avait trois jours pour retourner en Bulgarie et qu'ils tamponneraient nos passeports pour qu'on ne puisse pas revenir», raconte Kristova, l'une des occupantes. C'est son fils Stevan, 9 ans et vif comme tout, qui traduit du turc au français, secondé par son copain de classe Tinito, lui aussi issu de la minorité turcophone de Bulgarie. L'un comme l'autre n'étaient jamais ou presque allés à l'école dans leur pays d'origine, par manque d'argent ou discrimination de la part de l'administration locale, expliquent les parents.

Lire la suite de cet article de Cordélia Bonal dans Libération