mardi 4 octobre 2005

Les évêques Suisses répliquent à Blocher


Dans un article paru dans Le Matin Dimanche du 2 octobre dernier, le conseiller fédéral Christoph Blocher attaque les Eglises qui critiquent la nouvelle loi sur l'asile. Au nom de la Conférence des évêques suisses (CES), Mgr Bernard Genoud lui répond dans ce communiqué .

Les requérants à la pelle (trois)

Après Bex et Yverdon, les requérants de Leysin participent également à des travaux d'utilité publique.
Lire la dépêche de l'ATS

Un grand margoulin qui voudrait passer pour un naïf


Le procès d'un blanchisseur d'argent a été suivi par George-Marie Becherat dans 24heures. Cette personne n'est pas un requérant d'asile, mais c'est un exemple intéressant d'abus de l'aide sociale. La photo représente les bagages que l'homme entendait ramener en Afrique.

Procès haut en couleur hier à Nyon, avec la comparution d'un homme de 53 ans contestant énergiquement de graves accusations de blanchiment et d'escroquerie à l'aide sociale vaudoise. Le ministère public requiert quatre ans et demi de prison, tandis que son avocat fustige le travail et l'attitude de la police.

Son arrestation le 28 février 2004 à l'aéroport de Genève et le contenu du bagage qu'il s'apprêtait à emmener en Afrique de l'Ouest furent présentés comme l'un des plus beaux coups de filet de l'opération drogue «Strada». Flagrant délit de blanchiment.

Déféré hier devant le Tribunal correctionnel de La Côte, l'homme ne paie pas de mine. Quinquagénaire rondelet, originaire de Guinée - Conakry, naturalisé suisse en 1997, marié et père de famille, électricien apprécié pendant plus de quinze ans à la Romande Energie, il nie toute implication dans une quelconque opération en relation avec les stupéfiants. Et jure que l'argent qu'il transportait était celui économisé par des compatriotes ou par lui-même à l'intention de leurs familles. Les billets étaient quasiment tous contaminés par de la cocaïne? «Pas exclu pour l'un ou l'autre, admet son avocat Me Jacques Ballenegger. Pour le reste, ce sont les policiers eux-mêmes qui ont pu propager la contamination puisqu'ils n'ont jamais changé de gants en comptant les billets.» Et tous ces natels? Des cadeaux, selon l'accusé.

Les quatre voyages déjà effectués et les aveux passés devant les policiers? «Je n'ai pas lu ce que j'ai signé.» «Ce dossier est un amas de papier qui équivaut à un néant pur et simple!» s'exclame son avocat. «La conférence de presse donnée par la police après son arrestation est une violation de la présomption d'innocence!»

Comment réclamer quatre ans et demi de prison dans ces conditions? Le ministère public refuse d'entrer dans le jeu d'un hasard malheureux. «Il a blanchi en tout près d'un demi-million de francs, lance l'avocate générale, Magali Bonvin. Même un enfant se serait posé des questions sur la provenance de telles sommes.» Et de souligner que l'accusé a non seulement passé des aveux, certes retirés ensuite, mais qu'il a considérablement varié dans les explications données quant à l'origine des fonds. Cet argent a d'abord été expliqué comme provenant de requérants d'asile, puis tous sont devenus cousins ou neveux lorsqu'il a fallu détailler sa liste des «cotisants».

Arnaque à l'aide sociale

Comme si ces ennuis ne suffisaient pas, l'accusé répond aussi d'escroquerie pour abus de l'aide sociale vaudoise. Il a caché des gains mensuels de 6400 à 9000 francs en 2003, lors d'une demande d'assistance suite à la perte de son emploi à la Romande Energie pour raison de santé.

L'assistance lui a ainsi versé près de 32 000 francs de prestations. «Je n'avais rien demandé, affirme-t-il. On m'a proposé cette aide d'office, j'ai signé sans regarder. Je rembourserai.» L'un n'allant pas sans l'autre, lui et les siens ont en outre bénéficié durant le même temps du paiement de leur caisse maladie par l'Etat pour un montant de 4763 francs. Et aujourd'hui, en attendant une décision de l'AI, c'est l'aide sociale qui subvient aux besoins de cette famille de quatre personnes. «Ce n'est qu'un grand margoulin qui voudrait passer pour un naïf!» soupire l'avocate générale, excédée. Verdict cet après-midi.

Requérant mort intoxiqué?



Le grand quotidien El Watan titre "bavure à Lausanne"
Camille Krafft dans 24heures revient sur le requérant algérien retrouvé mort sur son balcon...

Le requérant découvert mort samedi à Lausanne pourrait avoir succombé à une intoxication. Une autopsie est en cours. Les défenseurs de l'asile dénoncent les violences subies par cet ancien détenu de Frambois (GE) début septembre lors d'une tentative d'expulsion.

«Lorsque je l'ai raccompagné à Lausanne, il disait: «J'ai mal à la tête, j'ai mal depuis qu'ils m'ont frappé. Je ne l'ai pas revu depuis.» A l'image d'Ibrahim*, ancien détenu du centre de détention administrative de Frambois (GE), les proches et défenseurs du requérant d'asile de 38 ans découvert mort samedi à Lausanne s'interrogeaient hier: le décès d'Ahmed*, révélé par Le Matin , est-il une conséquence de la «violente tentative d'expulsion» dénoncée début septembre par le groupe «Non aux expulsions»?

Pour le juge d'instruction Jean-Marie Ruede, l'hypothèse est exclue. «La cause exacte du décès n'est pas encore connue, mais les premiers éléments de l'autopsie parlent en faveur d'une intoxication, sans que je puisse dire si elle est médicamenteuse, liée à l'alcool ou aux stupéfiants», déclare le juge, en précisant qu'il n'y a pas eu d'intervention d'un tiers.

En Suisse depuis une dizaine d'années, cet ancien policier d'origine algérienne venait de passer cinq mois en détention à Frambois en vue de son expulsion. Conduit de force à l'aéroport le 5 septembre, il se serait fait tabasser sur le tarmac. «Il voulait discuter avec son ambassade et avec le pilote. Mais ils l'ont tout de suite frappé et étranglé», raconte Ibrahim, qui a écouté le récit d'Ahmed à son retour. «L'intéressé a été accompagné à l'aéroport par la police de sécurité internationale. Il s'est débattu et a tenté de fuir sur le tarmac. Il a fallu l'interpeller de manière musclée», précise pour sa part Patrick Pulh, porte-parole de la police genevoise. Une enquête est en cours.

Des traces «impressionnantes»

Selon des membres de la Coordination Asile Vaud qui ont rendu visite à Ahmed quatre jours après la tentative d'expulsion, le requérant portait des traces «impressionnantes» de coups. «Il avait des tuméfactions, des marques de strangulation et des écorchures. Je n'ai jamais vu quelqu'un dans un tel état», témoigne Graziella de Coulon. Une vision alarmante, qui a poussé la direction de Frambois à demander une expertise médicale. «Ce qui est arrivé est regrettable, note Jean-Claude Mermoud, chef du Département vaudois des institutions et relations extérieures. Ce monsieur a été suivi par des médecins jusqu'à son départ de Frambois, et il a encore reçu des médicaments lors de sa sortie. Rien ne laissait penser que quelque chose de tel allait se passer.»

Ahmed avait quitté Frambois le 23 septembre. Selon le juge Ruede, l'autopsie n'a décelé aucune lésion ou hémorragie interne. «Reste que la violence subie est inacceptable. Il faut que les coupables soient punis», note Graziella de Coulon. La Coordination Asile avait transmis le dossier à Amnesty international après les faits: «Si le lien n'est pas prouvé, cela ne veut pas dire que nous n'allons pas dénoncer les coups. Mais le décès complique la situation», précise Manon Schick, porte-parole.

Du côté des proches, on souhaite seulement pour l'instant pouvoir enterrer Ahmed en Algérie. «Nous voulons juste que son frère puisse l'accompagner sainement jusqu'au pays», précise un membre de la famille. L'affaire pourrait revenir ce soir devant le Grand Conseil lors de la discussion sur un postulat sur l'asile.