dimanche 18 septembre 2011

“Au service des personnes et non de la loi”

 La FEPS (Fédération des églises protestantes de Suisse) a mis en ligne un site sur lequel elle explique son engagement en tant qu’observateur lors des renvois forcés:

4. Quels sont les buts poursuivis par la FEPS à travers sa participation?
L’engagement de la Fédération des Églises vise à garantir un traitement digne et conforme à l’État de droit des personnes appelées à être renvoyées ou expulsées, tout en protégeant l’intégrité physique et morale des policières et policiers concernés. Tant qu’il y aura des renvois, l’État et la société ont le devoir de veiller à ce que ces procédures ne violent pas les principes de la dignité humaine et de l’État de droit. L’instrument de contrôle s’inspire d’une idée très ancienne de la définition des rapports entre l’Église et l’État. Se fondant sur la tradition prophétique de l’Ancien Testament, les protestants estiment que l’Église est investie d’une mission publique et doit exercer une fonction de surveillance prophétique ou politique. Concrètement, et comme l’a formulé le théologien Dietrich Bonhoeffer dans son éthique, il s’agit en l’occurrence de savoir si l’action de l’État « peut être assumée par celui-ci comme une action étatique légitime, c’est-à-dire comme une action créatrice d’ordre et de droit et non de désordre et d’absence de droit » (Éthique).

Extrait de “10 questions -  10 réponses autour de l’observation des renvois forcés” de la FEPS

Face aux caméras, deux jeunes frères kurdes séduisent Yvan Perrin

Pour l’émission «Mégaphone» de la TSR, le vice-président de l’UDC a passé un jour dans la vie d’Eren et d’Ekrem Aktas.

A les voir attablés là à Lausanne, Place du Tunnel, en face d’un kebab frites, on jurerait qu’ils sont entre copains. La rencontre est pourtant plutôt insolite puisqu’il s’agit d’Yvan Perrin, vice-président de l’UDC, et de deux frères kurdes, Eren et Ekrem Aktas, fraîchement naturalisés, jeans troués, scolarité accomplie et des rêves plein la tête.  Et ils parlent, ils parlent, ils parlent. Des minarets, du terrorisme, de la Libye… et de la mode, car Eren et Ekrem, 24 et 23 ans, viennent d’ouvrir une boutique en face du kiosque qu’ils gèrent déjà.

Ce drôle de trio n’est cependant pas là par hasard. Il a été réuni au mois d’août par la TSR pour son émission «Mégaphone». Une première confrontation entre des élus et des citoyens avait été réalisée en juin dernier. Pour ce second épisode, un pas de plus a été franchi dans le concept: quatre parlementaires romands ont d’abord été plongés dans une autre vie, à l’opposé de la leur. Et sous l’œil des caméras.

La socialiste Ada Marra a rencontré un Genevois bien remonté contre l’insécurité. Christian Lüscher a séjourné dans une famille avec trois enfants et aux fins de mois difficiles. Dominique de Buman a vécu le quotidien d’une jeune mère célibataire. Le résultat sera condensé sur huit minutes, que les téléspectateurs découvriront ce mercredi.

Le Japon de Perrin
Yvan Perrin a donc délaissé un jour Les Bolles-du-Temple, son adresse à La Côte-aux-Fées. Un lieu qu’il faut «préserver», dit-il, où la criminalité se résume à quelques jeunes qui viennent parfois chercher des champignons magiques ou à un paysan qui aurait mal attaché ses vaches. Celui qui est appelé là-haut «le fils à Mady», a débarqué à Lausanne avec, sur les épaules, chemise à carreaux aux manches courtes et sac à dos. Il a amené à ses hôtes du jour un sac de fromages du coin. Eren Aktas l’attendait devant sa voiture cabossée. Un peu grinche: il venait de se prendre une bûche pour n’avoir pas respecté un passage pour piétons.

Le choc des civilisations? La TSR avait fort à faire pour tout capter. Pour l’UDC, Eren et Ekrem font partie de ces étrangers qui portent de grandes chaussures noires prêtes à écraser le brave Helvète. Mais c’est pour la caricature. Pour faire peur. Car quand, dans la vraie vie, un vrai UDC rencontre de vrais immigrés, le refrain ne change peut-être pas, mais la tonalité oui. Ceux que l’UDC veut exclure du territoire, ce sont les autres, pas les Eren et les Ekrem qui réussissent dans la vie. Ces autres «sont une minorité», avoue Yvan Perrin sous les assauts d’Eren. «On ne peut pas empêcher la croissance démographique, on ne peut pas mettre des barrières autour de la Suisse. Et puis, ils sont où, vos Polonais?» martèle le jeune homme face à un Perrin qui tente une comparaison avec ce Japon où les gens, serrés, «ne nagent pas dans le bonheur». Et puis les Polonais ne sont peut-être pas là en masse, mais les Allemands, oui!

L’équipe de la TSR jubile. D’ailleurs, le réalisateur ne dit pas «Coupez!» mais «Arrêtez de parler!» Dans la boutique d’Eren et d’Ekrem, il devra même faire recommencer une scène car Yvan Perrin n’a pas attendu que la caméra tourne pour essayer et s’acheter une chemise double col, un modèle qui cartonne! Mais pourquoi n’a-t-il pas choisi la rose?

Magalie Goumaz dans le Matin Dimanche


«Mégaphone», TSR1, mercredi 21/09  à 20 h 10