lundi 4 septembre 2006

Requérants: aide d'urgence inchangée en 07

Lire la dépêche de l'ATS sur tsr.ch - Info
Berne continuera de verser en 2007 aux cantons un forfait de 1800 fr. pour l'aide d'urgence octroyée aux requérants d'asile exclus de l'aide sociale. Confédération et cantons s'accordent sur un saut à 6000 fr. dès 2008.

J'aime un requérant d'asile

Lire dans MIGROS MAGAZINE
Une semaine après avoir donné la parole à Christoph Blocher pour qu'il y fasse la propagande pour ses lois controversées, Migros donne la parole à une Suissesse amoureuse d'un requérant accusé de consommation de drogue.
Une étrange manière d'escamoter le débat...

Ex-Monsieur Réfugié contre la loi sur l'asile

Lire l'article de Valérie de Graffenried dans le Temps

Urs Hadorn juge la nouvelle loi sur l’asile
«inefficace et disproportionnée».
Voilà qui déplaira fortement à Christoph Blocher et à Eduard Gnesa, patron de l'Office fédéral des migrations (ODM): Urs Hadorn, ex-directeur de l'Office fédéral des réfugiés (ODR), déclare ouvertement qu'il votera non à la nouvelle loi sur l'asile soumise en votation le 24 septembre prochain. Et l'homme sait de quoi il parle: il a dirigé l'ODR d'avril à fin décembre 2004, après avoir été vice-directeur du dit office depuis 1987.

La bataille des chiffres à Mise au Point

Les trois quarts des demandeurs d'asile sont des profiteurs, jurent les uns. La majorité des requérants sont de vrais réfugiés, rétorquent les autres. A quelques semaines de la votation sur les lois sur l'asile et les étrangers, la campagne tourne à la bataille des chiffres. Partisans et adversaires d'un durcissement des lois se jettent les statistiques à la tête, et ce n'est pas forcément simple d'y voir clair...
Visionnez la séquence

Deux lois inutiles et dangereuses

Lire l'éditorial de Jean-François Roth dans le Temps
Extrait :
...Le problème est que nul ne peut dire avec certitude que le durcissement, tel qu'il est prévu, portera ses fruits. Il faut entendre une autorité en la matière, Urs Hadorn, qui a dirigé pendant trente ans l'Office des réfugiés, proclamer son opposition à un texte «inefficace et disproportionné». Il fait allusion aux points saillants de cette loi: l'obligation faite aux requérants de présenter des papiers d'identité sous 48 heures, la suppression de l'aide sociale aux demandeurs déboutés, la durée maximale d'internement prolongée à 24 mois pour les personnes en instance de renvoi qui refusent de coopérer avec les autorités...
Mais cette remise en question de nos propres habitudes de pensée, aussi stimulante soit-elle, ne doit pas nous faire oublier la question centrale: la Suisse est-elle à ce point affaiblie, désemparée et menacée qu'elle ait besoin de jouer avec les droits élémentaires de la personne humaine pour dissuader quelques étrangers de forcer ses frontières?

Apprendre à regarder depuis en bas

Dans 24 Heures, Claude Schwab, pasteur, est invité à faire part de ses réflexions sur notre société, qui s'apprête à changer ses lois. Il s'appuie pour cela sur l’oeuvre de Dietrich Bonhoeffer et nous dit que «jamais le monde n’a été aussi dénivelé entre ceux qui sont en haut et ceux qui sont en bas».

Claude Schwab, pasteur

Il y a 100 ans naissait un théologien allemand qui a profondément marqué le XXe siècle. Dietrich Bonhoef­fer n’a pas seulement été un penseur brillant et stimulant, mais il s’est illustré très tôt par sa lucidité et son courage. En 1933 déjà il a discerné et dénoncé le danger nazi: deux jours après l’accession de Hit­ler au pouvoir, il l’a traité publiquement de Verführer (séducteur) et, avec d’autres, il a protesté contre les toutes premières mesures antisémi­tes (le «paragraphe aryen», excluant les juifs de l’adminis­tration). Par la suite, il anime des séminaires clandestins pour préparer des pasteurs luttant contre le nazisme et il s’engage dans les cercles de la résistance et dans la pré­paration de l’attentat man­qué contre Hitler le 20 juillet 1944. Em­prisonné pendant deux ans, il sera exécuté le 9 avril 1945 sur ordre express du Führer.
Le cheminement de Bon­hoeffer est exemplaire: venant d’un milieu aisé, il ouvre les yeux sur la réalité sociale. Ve­nant d’une Eglise luthérienne traditionnellement soumise au pouvoir temporel, il décou­vre la nécessité de la désobéis­sance: dans un milieu qui a ressassé une phrase de l’apô­tre Paul rigidifiée dans un absolu («Que tout homme soit soumis aux autorités qui exer­cent le pouvoir, car il n’y a d’autorité que par Dieu et cel­les qui existent sont établies par lui» Romains 13,1), il faut de la lucidité pour réaliser que les autorités peuvent être démoniaques et du courage pour les combattre.
Dans la même logique, Bon­hoeffer opère une conversion radicale pour la démarche théologique: dans ses lettres de prison, qui viennent d’être publiées en version intégrale, il invite à repenser le christia­nisme pour un monde devenu majeur: Dieu est descendu du ciel et, en la personne du Christ crucifié, est solidaire de toutes les luttes séculières pour plus de justice et d’hu­manité. Sans attendre quel­que intervention miraculeuse d’un Dieu bouche-trou, nous sommes appelés à abandon­ner une obéissance infantile, à discerner et combattre les idoles, à être critiques face à ceux qui exercent le pouvoir et à lutter aux côtés des victi­mes.
«Cela reste une expérience d’une valeur incomparable que d’avoir appris tout à coup à regarder les grands événe­ments de l’histoire mondiale à partir d’en bas, depuis la perspective des exclus, des suspects, des maltraités, des gens sans pouvoir, des oppri­més et des honnis, en un mot de ceux qui souffrent». Ce bilan de Bonhoeffer au seuil de l’année 1943 est toujours d’une actualité pressante. D’autres tyrannies ont suc­cédé à celle d’Hitler, peut-être encore plus perverses sous leurs déguisements apparem­ment respectables; jamais le monde n’a été aussi dénivelé entre ceux qui sont en haut et ceux qui sont en bas.
Quand un pays modifie ses lois, il décide s’il regarde d’en haut les étrangers et les de­mandeurs d’asile ou s’il se met à leurs côtés pour regar­der d’en bas. Le jeu de balance de l’histoire nous apprend qu’aucune situation n’est ja­mais acquise pour l’éternité: dans le Magnificat, Marie cé­lèbre un Dieu qui «jette les puissants à bas de leur trône et élève les humbles.»

Dietrich Bonhoeffer Résistance et soumission, lettres et notes de captivité, Labor et Fides, Genève 2006.

Neuchâtel accueille du 30 septembre au 3 octobre un colloque sur «Autonomie, obéissance et responsabilité en échos à l’oeuvre de Dietrich Bonhoeffer (1906-1945)».

Les "lois iniques" de Pierre-François Unger

Lire l'article d'Elsa Anghinolfi dans le Courrier

Monsieur Pierre-François Unger

Pierre-François Unger (photo M. Faustino)

Genève Le Conseil d'Etat genevois ne semble pas décidé à prendre position sur la Loi sur l'asile (LAsi) et la Loi sur les étrangers (LEtr). Qu'à cela ne tienne. Son président, Pierre-François Unger, a affirmé haut et fort son opinion lors de la manifestation organisée samedi par la Coordination contre l'exclusion et la xénophobie. L'élu démocrate-chrétien a dénoncé «ces lois iniques», soumises au vote populaire le 24 septembre prochain, devant les quelque 200 militants présents. Bien qu'il ne se soit exprimé qu'à titre personnel, le geste reste fort.
C'est que l'enjeu est de taille. Dans les prochains jours, grâce au vote par correspondance, près de la moitié du canton aura déjà arrêté son choix. Comme le rappelle Jean-Stéphan Clerc, un des organisateurs de la manifestation, «c'est le dernier moment pour convaincre». Et pour M.Unger, il est important de mettre en avant de nouveaux arguments dans ce but.
Sous l'inscription «Genève, ville de refuge», gravée sur la façade de la tour de la place du Molard, le président du Conseil d'Etat a dénoncé les «aberrations économiques, historiques et humaines» des deux lois fédérales. Argument auquel ne devrait pas rester insensible la droite: M.Unger a tenu à rappeler que les quelque 5000 étrangers qui travaillent au noir à Genève participent au bien-être économique de la cité, alors même qu'aucun des droits du travail ne leur est reconnu. Les migrants sans statut qui ne travaillent pas, explique le magistrat, sont juste ceux qui s'en tiennent à la législation. Et de dénoncer «l'hypocrisie des personnes qui montrent du doigt les étrangers que la loi empêche de travailler et qui occultent ceux qui travaillent malgré la loi».
Si cette journée de visibilité, qui s'est clôturée par le lâcher de plusieurs centaines de ballons, est un succès pour ses organisateurs, certains regrettent le silence des autorités genevoises. «Ce serait un signal catastrophique pour les étrangers vivant à Genève si les autorités ne prenaient pas position contre ces deux lois, explique M.Clerc, d'autant que le gouvernement précédent l'avait fait il y a deux ans. Mais nous espérons encore une prise de position dans les prochains jours.» Pour M.Unger, la question ne se pose pas: «Chacun doit s'occuper de ses affaires et le canton n'a pas qualité pour s'exprimer sur les objets fédéraux». I